26 février 2021

Cher journal, j’ai fait un stage de basket cette semaine. Intense et immersif. Je ne suis pas certaine d’aimer ça, j’ai des courbatures partout. Je suis un peu tombée aussi, mais je m’accroche. Heureusement que les repas sont généreusement garnis ! Hier c’était raclette, j’adore ça, je fais cuire des petits bouts de saucisse dedans, miam… Mes voisines de dortoir sont plutôt bruyantes, Nya se lève toutes les nuits pour boire, ça me réveille mais je l’aime bien quand même. Pour se détendre on danse parfois le soir. Demain, le thème de la boum c’est « Années 80 », j’espère qu’il y aura du Bowie. C’est ma dernière chance pour conclure avec Yan ♡

L’inédit de la semaine : Criminal World

Un mélange de tradition, de décadence et d’érotisme !

Cette semaine, un invité spécial pour vos oreilles et dans notre cœur : l’extraordinaire Yan Péchin aux guitares acoustique & électrique. On se connaît depuis un bout de temps maintenant, croisé en tournée avec Jacques Higelin, Hubert-Felix Thiéfaine, ou encore Brigitte Fontaine, il nous a ébloui sur scène aux côtés d’Alain Bashung, et on est bien heureux d’avoir enfin le plaisir de jouer en intimité avec lui. Merci Yan pour cette belle journée en ta compagnie ! Alors en plat du jour on sera sur du David Bowie qui lui même reprenait en hors-d’œuvre un tube du groupe Metro : Criminal World. A servir avec une petite Roussette de Savoie si vous aimez le fruit, ou une Mondeuse, plus tannique, pour les palais gourmands. Tu danses ?

You never told me of your other faces
You were the widow of a wild cat

And now I know about your special kisses
And I know you know where that’s at

I guess I recognise your destination
I think I see beneath your make-up

What you want is so separation
This is no ordinary, this is no ordinary

What a criminal world

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

19 février 2021

Cher journal, je n’aime pas les vacances. Je n’aime pas l’hiver, le temps passe si lentement, et j’ai tout le temps peur d’avoir froid. Je n’aime pas les adultes, je ne veux pas devenir comme eux. Je n’aime pas les enfants, je ne peux pas rester comme eux. J’ai l’impression d’être déchirée à l’intérieur. Comme si je n’étais que l’amalgame de tissus épars qu’il faudra bien assembler un jour. Pour devenir quoi ? Pour jouer un rôle de façade dans un monde de masques ? Je ne veux pas jouer un rôle, je ne veux pas trahir l’enfant que j’étais, je veux être une adulte entière et conséquente. J’ai faim. Je crois que Boris va préparer une fondue ce soir. J’adore les vacances.

L’inédit de la semaine : The Dull Yellow Eye Of The Creature

Le calme avant la tempête ?

Aaah, il vous a plu l’ami Fabe Beaurel Bambi  ! Bah nous aussi, alors on le retrouvera bientôt, et pour longtemps. En attendant ces retrouvailles, et pour vous remettre de vos émotions, retour au trio en liberté, avec une miniature électrique et ludique : The Dull Yellow Eye Of The Creature. Toute en cicatrices – coutures apparentes, sans flagornerie ni tartufferie, la chair à vif et le cœur ouvert, voici La Chose ! Si vous arrivez à danser la-dessus, promis, on mange nos étuis…

Nota bene : Afin de profiter au mieux de la chanson du jour (!), nous vous conseillons de l’écouter avec un bon casque hifi ou à fond sur votre chaîne haute fidélité pour en goûter toutes les saveurs. Par contre nous ne fournissons pas de service médiation avec vos voisins !

Chapitre V

Une sinistre nuit de novembre, je pus enfin contempler le résultat de mes longs travaux. Avec une anxiété qui me mettait à l’agonie, je disposai à portée de ma main les instruments qui allaient me permettre de transmettre une étincelle de vie à la forme inerte qui gisait à mes pieds. Il était déjà une heure du matin. La pluie tambourinait lugubrement sur les carreaux, et la bougie achevait de se consumer. Tout à coup, à la lueur de la flamme vacillante, je vis la créature entrouvrir des yeux d’un jaune terne. Elle respira profondément, et ses membres furent agités d’un mouvement convulsif.

Mary Shelley, Frankenstein, ou le Prométhée moderne

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It was on a dreary night of November that I beheld the accomplishment of my toils. With an anxiety that almost amounted to agony, I collected the instruments of life around me, that I might infuse a spark of being into the lifeless thing that lay at my feet. It was already one in the morning; the rain pattered dismally against the panes, and my candle was nearly burnt out, when, by the glimmer of the half-extinguished light, I saw the dull yellow eye of the creature open; it breathed hard, and a convulsive motion agitated its limbs.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Skeleton 135
Etude anatomique anonyme inédite, XXIème siècle

12 février 2021

Cher journal, il neige et ça change tout. Que j’aime le bruit sourd de mes pas dans la poudreuse, le crissement des bottes sur la neige ! . . . Crsss . . . crsss . . . crsss . . . crsss . . . Et la petite flaque glacée que je m’amuse à briser tout doucement du bout de mon pied… Mmm… Bien au chaud dans ma chambre, par-delà ma fenêtre, j’aperçois quelques flocons épars qui tombent tels une pluie de cendre. Je ne sais plus ce que j’observe : scène funeste ou monde paisible ? Fines dentelles aux variations infinies, canevas psychédéliques tournoyants, je contemple avec nostalgie la douce valse des flocons. J’ai envie de revoir Bambi, je l’adore ♡

L’inédit de la semaine : Les Amusemens

Entrez dans la danse / Les soucis n’ont pas de chance…

La musique commence… avec un invité magistral, le premier du blog, le merveilleux Fabe Beaurel Bambi au djembé et petites percussions, merci de l’accueillir chaleureusement ! (collez ici : vous en liesse) Nous nous sommes rencontrés grâce à Fabienne Bidou à Pointe-Noire, Congo-Brazzaville, au cours de résidences inoubliables, et nous nous retrouverons bientôt sur scène, on vous tiendra au courant bien sûr. En attendant, Beaurel nous a fait l’honneur de passer au local jouer avec nous, un bonheur, et c’est donc sur Les Amusesmens (sic) de François Couperin que nous vous proposons de danser ensemble… La dernière fois, sur I Wan’na Be Like You, on a reçu une vidéo de claquettes en santiags sur le sable, très bien, merci VR. Cette fois-ci, qui nous enverra une vidéo de salsa sur glace ?

La Querole

Cele gent dont je vous parole
Estoient pris a la querole
Et une dame lors chantoit
Qui leesce apelee estoit ;
Bien sot canter et plesaument,
Ne nule plus avenaument
Ne plus bel ses refrais n’assist. (…)
Lors veïssiez querole aller
Et genz mignotement bauler
Et faire mainte bele treche
Et maint biau tour sot l’erbe fresche.


Guillaume De Lorris, Le Roman De La Rose

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Ces gens dont je vous entretiens
étaient occupés à danser la carole
et une dame qui s’appelait Liesse
chantait pour eux ;
elle savait bien chanter
et de manière plaisante,
et nulle autre n’aurait eu une façon
plus belle et plus seyante
de poser sa voix pour ses refrains. (…)
C’est alors que vous auriez pu
voir la carole tourner
et les gens danser joliment
et faire mainte belle figure
et maint beau tour sur l’herbe fraîche.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

05 février 2021

Cher journal, nous sommes déjà en février, comme le temps passe vite quand on s’amuse ! Drôle de rêve cette nuit, je me suis réveillée en riant, ça m’a fait pleurer. Je naviguais sur une embarcation de fortune, vent dans le dos, quand un mur invisible m’empêcha d’aller plus loin. Le vent soufflant toujours, de plus en plus fort, je me sentais comprimée, j’étouffais mais je n’avais pas peur, consciente de mon statut de rêveuse. Sous pression, mon radeau se brise soudainement, et je chute dans un ciel nocturne, clair et dégagé. La Terre se met à tourner autour de moi, valsant avec les étoiles, et j’ai l’impression de tomber vers le haut. Un scintillement familier à la frontière de la voûte céleste attire mon attention, m’éblouit de chaleur et me remplit de joie. Tout en accélérant vers la lueur, je chante, à toute vitesse, exagérément vite, précipitée, enfiévrée, je ris, je suis hilare, je suis vivante.

L’inédit de la semaine : La Grande Lagune

Retrouver la fièvre…

Cette semaine, La Grande Lagune, improvisation à la manière des surréalistes, dont le titre est tiré d’un texte sublime de Greta Knutson, femme artiste invisibilisée comme tant d’autres. Essayer d’en savoir plus sur elle et sur son œuvre, voilà qui devrait vous occuper quelques soirées… Allez, comme on vous aime bien, voici en guise de mise en bouche le début de sa Lagune qu’on aime tant. On voulait vous expliquer un peu plus notre cuisine interne, comment sont préparées puis montées les improvisations, vous dire à quel point on croit en une fièvre inventive qu’il faut entretenir, pas facile tous les jours, et puis on s’est dit que non, que vous aviez déjà les oreilles pour écouter et le cœur pour battre la mesure, et que ça, c’est déjà tant…

Pour Mac, tendrement, infiniment.

La Lagune

Le pays n’avait plus de nom,
aucun voyageur ne connaissait plus son emplacement.
Le temps y dormait sous les cloches des églises effondrées.
La langue avec ses récits chantés était oubliée,
plantes et arbres des anciens étaient retournés à leur état sauvage ;
dans les bois rôdaient des taureaux et des béliers
qu’aucun chasseur n’eût osé approcher.

La grande lagune étendait ses eaux claires jusqu’à la mer,
scintillant au loin.

(…)

Greta Knutson, Lunaires

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Qui boira le vin nouveau ?
Croquis hétérogène anonyme inédit, XXIème siècle