28 mai 2021

Cher journal, qu’il est difficile de t’écrire encore ce soir… Mes pensées se télescopent, et mon humeur est si changeante. J’ai plutôt bon moral, je sens que l’ambiance est à la fête ici. J’ai bien l’impression qu’on va danser jusqu’à l’été, et que ça va faire du bien, y’a qu’à choisir la bonne playlist. Mais parfois une vague me soulève le cœur, et je suis envahie d’une révolte infinie contre la bêtise et l’injustice. Et souvent ces deux états, l’euphorie et l’affliction, m’habitent simultanément. Ça donne comme un goût amer à la fête, mais ça met de la joie dans les combats, et finalement c’est ça qu’est bien ! Allez, je mets mes plus belles sapes et je vais retrouver mes amies au soleil pour une  »danse de la lutte », enragée et vigoureuse !

L’inédit de la semaine : Comité Bantou

L’autre Bantou de l’autre capitale…

Attention, veuillez faire une ovation pour le retour de notre invité magistral, le merveilleux ♡ Fabe Beaurel Bambi ♡ aux djembé & percussions ! Nous entrons en résidence pour finaliser un répertoire bien dansant et festif, et bonne nouvelle, vous allez bientôt pouvoir guincher avec nous [joie indescriptible]. Tout d’abord devant votre ordinateur, avec le son à fond, grâce au festival en ligne Pointe-Noire en Scène du 19 au 21 Juin 2021. Et puis vous allez venir nombreux, très nombreux, au concert le 17 juillet prochain, devant le théâtre de Montreuil. Tous les renseignements sur notre site www.triojournalintime.com. Mais avant tout, petite mise en jambe avec cette version en quartet du Comité bantou des Bantous de la Capitale, rien que ça…

Ce Congo-là

Ce Congo-là
Des mil villas
Des mil viols
Des vols et des dols
Des scandales à perpette
Des limousines mal famées
Des jeeps aux vitres fumées
Pour partouzes filmées
En toute impunité
Sur des routes éventrées
En toute modernité

Ce Congo-là
Des dollars souillés
Des télés soulées
Des églises lubriques
Avec des dieux bavards
Au appétits effroyables
Aux spectacles enfants admis

Ce Congo-là
J’en suis lasse
Je m’en balance
Qu’il disparaisse
Ce Congo-là
N’est pas le mien

Mon Congo à moi
Il est dans les champs
Que remuent nos mères
Il est sur les sentiers de chasse
Que pistent nos pères
Dans les cartables avides
Des écoliers têtus qui
Sans bourse et panse vide
S’obstinent à compter et lire
Pour des lendemains incertains
Alors que certains les saignent

Mon Congo à moi
Le Congo de Kimpa Vita De Chebeya et d’Anuarite
De Uhuru et de Kimpwanza
De Kimbangu et de Lumumba
Le Congo des sangs versés
Des sueurs sur des fronts redressés
Le Congo crânement debout
Debout et fier et vaillant
Le Congo des hommes libres
Le Congo des femmes libérées
Le Congo des Congolais !


NGALYA DJUNGU URSULE DOUCE, Qu’attendez-vous qu’on vous dise encore ?

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Attention, regarder trop longtemps ce gif ne fait pas partie des 5 fruits et légumes par jour

21 mai 2021

Cher journal, je n’ai pas le temps de t’écrire aujourd’hui. En fait si mais je n’en ai pas envie. Ce n’est pas ça non plus. C’est juste que, je ne sais pas… Quelque chose me retient loin de toi, une énergie nouvelle m’emporte dehors, loin du clavier et de notre relation virtuelle. Un goût de réel. C’est ça ! Une douceur vive au fond du cœur, une palpitation que je n’avais pas ressenti depuis un moment. Comme une urgence à me distraire ailleurs. Retrouver des émotions trop longtemps laissées de côté. Jouir à nouveau de tous mes sens, rassasier mon cerveau de subtils et délicats plaisirs, m’aveugler de lumières scintillantes, observer la vie sous des prismes harmonieux, réfléchir en écoutant les autres. M’enivrer. Danser à la folie… Mais tu vois, finalement j’ai bien le temps de t’écrire.

L’inédit de la semaine : Crazy in Krump

Uh oh, uh oh, uh oh, oh, no, no (bis)

I look and stare so deep in your eyes /
I touch on you more and more every time /
When you leave, I’m begging you not to go /
Call your name two, three times in a row /
Such a funny thing for me to try to explain /
How I’m feeling and my pride is the one to blame /
‘Cause I know I don’t understand /
Just how your love can do what no one else can.
Ça c’est Beyoncé qui le dit, et c’est bien le même sentiment qui anime le lien tissé entre vous et nous, cette relation envoûtante de possession mutuelle et de liberté totale. C’est bien sûr le moteur de notre créativité : sans Vous, pas de Nous… Alors, BONNE NOUVELLE, on revient sur scène tout bientôt, avec plusieurs projets, des invités, plein de nouvelles musiques et on va enfin vous voir danser en vrai ! Vous trouverez les dates de concert sur le site www.triojournalintime.com. En attendant ces retrouvailles charnelles, entraine toi chez toi avec ce mashup Crazy in Krump, en compagnie de notre Nicolas Gastard adoré. Allez hop, bouge tes bras, lève tes jambes, danse ta vie !

[A nigerian journalist] told me that people were saying my novel was feminist, and his advice to me (…) was that I should never call myself a feminist, since feminists are women whoare unhappy because they cannot find husbands.

So I decided to call myself a Happy Feminist.

Then an academic, a Nigerian woman, told me that feminism was not our culture, that feminism was un-African, and I was only calling myself a feminist because I had been influenced by Western books. (…)

Anyway, since feminism was un-African, I decided I would now call myself a Happy African Feminist.Then a dear friend told me that calling myself a feminist meant that I hated men. So I decided I would now be a Happy African Feminist Who Does Not Hate Men. At some point I was a Happy African Feminist Who Does Not Hate Men And Who Likes To Wear Lip Gloss And High Heels For Herself And Not ForMen

Chimamanda Ngozi Adichie, We Should All Be Feminists

D’après [un journaliste nigérian], les gens trouvaient mon roman féministe et il me recommandait (…) d’éviter à tout prix de me présenter de la sorte car les féministes sont malheureuses, faute de trouver un mari.

Cela m’a incitée à me présenter comme une Féministe Heureuse.


Puis une universitaire nigériane m’a expliqué que le féminisme ne faisait pas partie de notre culture, que le féminisme n’était pas africain, et que c’était sous l’influence des livres occidentaux que je me présentais comme une féministe. (…)


Quoi qu’il en soit, puisque le féminisme n’était pas africain, j’ai décidé de me présenter comme une Féministe Africaine Heureuse. C’est alors qu’un de mes proches amis m’a fait remarquer que me présenter comme féministe était synonyme de haine des hommes. J’ai donc décidé d’être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes.

Traduction Sylvie Schneiter

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Capture d’écran du site www.triojournalintime.com

14 mai 2021

Cher journal, l’hiver s’éloigne à grands pas et le printemps s’installe avec ses odeurs fleuries. La neige et le froid ne sont plus que souvenirs déjà flous, c’est incroyable comme la nature est résiliente. Déjà les oisillons sortent de leur nid, avec eux la vie prend son envol, et j’ai bien, moi aussi, l’intention de m’éloigner de cette chambre si longtemps occupée. Voltiger de terrasses en forêts, embraser de grands feux de joie, retrouver mes amies et faire enfin de nouvelles rencontres, migrer vers un ailleurs inconnu, voilà un programme réjouissant. J’ai malgré tout comme une intense boule au ventre, et le goût âcre, métallique, du sang dans ma bouche me laisse à penser que tout cela ne sera pas si simple…

L’inédit de la semaine : My Own Home

Le chant de la sirène…

Restons encore un peu dans le Livre de la jungle, avec aujourd’hui une version de My Own Home, qui clôture le film de Walt Disney. Encore une magnifique mélodie signée des frères Robert & Richard Sherman, jouée en trio, tout simplement. On n’a qu’à dire que Fred c’est Baloo, Matthias serait Bagheera, et du coup faut visualiser Sylvain en slip rouge pour Mowgli… Mouais, pas sûr que ça facilite votre écoute… En tous cas, pour nous aider à digérer les paroles originales de cette chanson, nous faisons appel ci-dessous à Susan Sontag, qui nous propose un autre parcours tout à fait réjouissant ! Si tu veux, tu danses, avec qui tu veux [cœur].

The Saturday Review, 23 septembre 1972

(…) Women have another option. They can aspire to be wise, not merely nice; to be competent, not merely helpful; to be strong, not merely graceful; to be ambitious for themselves, not merely for themselves in relation to men and children. They can let themselves ago naturally and without embarrassment, actively protesting and disobeying the conventions that stem from this society’s double standard about aging. Instead of being girls, girls as long as possible, who then ago humiliatingly into middle-age women and then obscenely into old women, they can become women much earlier – and remain active adults, enjoying the long erotic career of which women are capable, for longer.

Susan Sontag, The Double Standard Of Aging

(…) Les femmes ont une autre option. Elles peuvent aspirer à être sages, et pas simplement gentilles ; à être compétentes, et pas simplement utiles ; à être fortes, et pas simplement gracieuses ; à avoir de l’ambition pour elles-mêmes, et pas simplement pour elles-mêmes en relation avec des hommes et des enfants. Elles peuvent se laisser vieillir naturellement et sans honte, protestant ainsi activement, en leur désobéissant, contre les conventions nées du “deux poids, deux mesures” de la société par rapport à l’âge. Au lieu d’être des filles, des filles aussi longtemps que possible, qui deviennent ensuite des femmes d’âge moyen humiliées, puis des vieilles femmes obscènes, elles peuvent devenir des femmes beaucoup plus tôt – et rester des adultes actives, en jouissant de la longue carrière érotique dont elles sont capables, bien plus longtemps.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Susan Sontag’s Double Standard remastered

07 mai 2021

Cher journal, je reviens de mon sport, bien transpirante et gonflée d’énergie. Sur le trajet j’ai croisé quelques animaux : des chevaux, des canards, un serpent, il ne manquait plus que les singes et les éléphants et je me serais crue au zoo, hihi ! Toutes ces bêtes sauvages, magnifiques, indomptées et libres, sans maître ni prophète, elles m’ont insufflé tout plein de vitalité. Graouw ! Je deviens une créature féroce et redoutable face à l’autorité oppressante. Que personne ne me dise quoi faire aujourd’hui, je suis libre, autonome et déchaînée ! Despote, passe ton chemin, petit chef disparaît, puissant souverain prends garde à mes griffes et mes crocs : je suis affamée de justice, assoiffée de solidarité, et d’une liberté insatiable… Grrrrr… C’est fou l’effet que ça me fait un petit footing.

La vidéo inédite de la semaine : Soundburning n°6

Ensemble on fait les fous, on dit bonjour aux animaux…

Cette semaine nous avons terminé la création de notre Livre de la Jungle, avec Florent Hamon et Nicolas Gastard, et ça nous met bien en joie, vois-tu ! Le spectacle sera visible à l’automne prochain, mais on peut déjà retrouver des extraits audios ici-même. Du coup, pour fêter ça, on t’a préparé une petite séance de peinture sonique que tu vas pouvoir danser dans ton salon, au rythme de Florent  »Big Chief » Hamon. Préviens tes voisins qu’il va se passer un truc dans le quartier, que tu peux rien dire de plus mais que ça va être fou de ouf. Attention, tous les coups sont permis !

Plaidoirie, 22 juin 1883

On a déjà fait bien des révolutions ! (…) Vous en verrez sans doute encore, et c’est pour cela que nous marchons pleins de confiance vers l’avenir ! Sans l’autorité d’un seul, il y aurait la lumière, il y aurait la vérité, il y aurait la justice. L’autorité d’un seul, c’est un crime. Ce que nous voulons, c’est l’autorité de tous. M. l’avocat général m’accusait de vouloir être chef : j’ai trop d’orgueil pour cela, car je ne saurais m’abaisser et être chef c’est s’abaisser.

Louise Michel, Mémoires, tome I

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Le choix de la Tyrannie & le Feu de la délivrance,
allégorie libertaire anonyme inédite, XXIème siècle