Pardon… Entracte messieurs-dames, police ! Cher journal, je suis désolée de cette rature, c’est ma cousine Mireille qui a joué avec toi en mon absence, c’est malin, ça laisse des traces… En vrai je l’adore, et c’est moi qui voulait qu’elle te lise… On est comme ça entre cousines, on partage nos secrets. Moi aussi je t’aime ! Bon, je sens que ça va être compliqué, je te laisse en sa compagnie pour le we. Poisson d’avril ! Lol.
L’invité du vendredi matin
Encore une nouvelle rubrique sur le blog : en dehors du trio Journal Intime nous jouons individuellement avec d’autres musiciens, et on trouvait ça chouette de vous ouvrir ces univers à travers une sorte de carte blanche d’inédits. Sympa, non ?
Aujourd’hui, l’invité de la semaine c’est le groupe Kino-Sounds, auquel participe Sylvain. Créé sous l’ONJ de Daniel Yvinek, avec Yoann Serra à la batterie dans sa première formule, Kino-Sounds a sorti un disque en 2014 chez Nomad Music : Virtual Crimes. Voici en exclusivité un premier extrait du nouveau disque qui sortira (enfin !) en numérique sur Bandcamp le 30 juin 2023 : Le policier du dimanche soir. Composé par Rémi Dumoulin et enregistré par Matthieu Metzger en avril 2019 à l’Estran de Guidel (merci encore à Xavier Lejeune !), c’est avec Rémi Dumoulin au saxophone ténor, Matthieu Metzger au saxophone alto, Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, & Sylvain Bardiau au bugle. Bienvenue chez-nous-chez-vous les amis !
Première lettre
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes
mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires
coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.
Paul Valéry, La crise de l’esprit, 1919
~
Il n’y a donc plus de film policier, non plus d’ailleurs que de roman policier. La source est tarie, le renouvellement impossible. Que reste-t-il sinon le dépassement ? Suivant en cela tous les autres genres qui firent la gloire du cinéma américain d’antan, le film policier, n’existant plus par lui-même, reste un merveilleux prétexte.
A l’intérieur des civilisations – à qui Valéry apprit leur sort – les succès, les modes, les genres sont mortels. Restent les œuvres, réussies ou ratées, mais expression sincère des préoccupations et des idées de leurs auteurs.
(…)
En vertu de quoi, peut-on objecter, ce dernier film est-il plus sincère que l’autre ? En vertu de sa maladresse même ! L’assimilation parfaite d’un genre ne revient bien souvent qu’a une complète soumission à celui-ci ; pour faire un film policier, il faut et il suffit qu’il ait été conçu comme tel et que, par corollaire, il ne soit composé que des éléments d’un film policier. Le genre commande à l’inspiration, qu’il retient et enferme dans des règles strictes. Il faut alors, on le reconnaîtra, un talent hors du commun pour rester soi-même au sein d’une aussi étrange entreprise (…) ; ou bien une inspiration, des aspirations, une vision du monde qui s’accordent naturellement avec les lois du genre.
Claude Chabrol, Les Cahiers du Cinéma, 1954
Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Kino-Sounds, 2019

Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.
♡