20 janvier 2023

Cher journal, il est 23h35 et je sors d’un merveilleux concert de ma bff Clémentine. Je suis toute en joie de ce moment passé dans son univers tangentiel – contrairement aux univers parallèles, ici on s’entrecroise dans des éclats de vie. ♡
Cher journal, il est enfin 19h15, je sors de cette folle journée éreintée et je file au métro, j’ai hâte d’être au concert ! Ça doit être la fatigue mais j’ai une impression étrange de désordre.
Il est déjà 13h27 et je ne suis pas prête pour ce rendez-vous, pétrifiée par une épaisseur chronologique, prise dans une tempête diachronique, sensation de désordre persistant. Il faut que je me bouge, vite.
Il est 09h48, levée depuis plusieurs heures déjà, ai finalement identifié mon trouble : j’ai l’impression de remonter le temps, et que l’avant s’efforce à prendre une place ici et maintenant. Les saillies temporelles que je subis depuis ce soir me laissent sans défense, nue face au vacarme de mon histoire intime. Je vais accueillir ces souvenirs avec bienveillance, d’un regard chaleureusement fraternel, occasion d’apaiser le passé.
Il est enfin hier.

L’éphéméride de la semaine : Back In Black

Back in Past

Avant d’ouvrir ce blog, on avait déjà l’habitude d’enregistrer notre musique sans pouvoir la diffuser largement ni sortir de disque (ou bien sous le manteau). Ce sont donc des presques-inédits que nous aimerions partager avec vous à travers ce rendez-vous dans nos annales, une fois par mois.

Pour ce premier éphéméride, nous vous proposons un retour à la formation séminale de Journal Intime : le trio se rencontre à l’origine au sein de la fanfare Les Faux Frères en 2001 – « Les Bulles » à l’époque (sic). En compagnie des ♡ fabuleux ♡ Fabien Kisoka (saxophone ténor), Fabrice Lerigab & Laurent Di Carlo (batterie décomposée), nous avons parcouru les routes nationales à dos de camion (ce fameux Tour de France 2001, toute une aventure, il faudrait un blog entier juste pour en narrer l’épopée…). Après plusieurs maquettes, nous enregistrâmes un disque qui circula sous le manteau à partir de 2015, Le Bal Des Faux Frères. En voici donc un extrait, Back In Black, adaptation de la chanson d’AC/DC qui signait le retour du groupe écossano-australien (?) après le décès de leur chanteur Bon Scott, et lui rendaient hommage en le transfigurant de retour du royaume des morts, tel un phénix flamboyant surgissant du brasier de l’autoroute pour l’enfer… Oh yeah !

Back In Black

Back in black, I hit the sack
I’ve been too long, I’m glad to be back
Yes, I’m let loose from the noose
That’s kept me hanging about
I’m just looking at the sky ’cause it’s getting me high
Forget the hearse, ’cause I’ll never die
I got nine lives, cat’s eyes
Abusing every one of them and running wild

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Back in the back of a Cadillac
Number one with a bullet, I’m a power pack
Yes, I’m in a bang with a gang
They’ve got to catch me if they want me to hang
‘Cause I’m back on the track and I’m beatin’ the flack
Nobody’s gonna get me on another rap
So, look at me now, I’m just making my play
Don’t try to push your luck, just get out of my way

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Ah, yeah
Oh, yeah
Take my love
Yeah, yeah
Yeah
Ah, hey yeah
Ooh, yeah

Well, I’m back (I’m back)
Back, well I’m (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back, back in black
Yes, I’m back in black

I’ve hit the sack

AC/DC, Back In Black

De retour en noir, j’me pieute
Y’a bien trop longtemps que je suis parti ! J’suis content d’être de retour
Oui, je me suis défait du nœud coulant
Qui me retenait pendu
Je garde mes yeux rivés au ciel, ça me donne du courage
Oubliez le corbillard, car je ne mourrai jamais !
J’ai 9 vies, des yeux de chat,
Je vais m’occuper de chacun d’eux et me déchaîner !

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

De retour à l’arrière d’une Cadillac
J’suis le roi de la gâchette, je suis de la dynamite
Oui, je règle mes comptes avec un gang
Va falloir qu’ils m’attrapent s’ils veulent me pendre
Car je suis de retour sur la piste
Et j’annonce la couleur
Cette fois-ci, personne ne me prendra sur le fait !
Maintenant, regarde-moi, je joue juste mon rôle
N’essaie pas de forcer ta chance et barre-toi de mon chemin

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

Ah ouais
Oh ouais
Prends mon amour
Yeah Yeah
Ouais
Ah, hé ouais
Oh, ouais

Bien, je suis de retour (je suis de retour)
De retour je suis bien (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour, de retour en noir
Oui je suis de retour en noir

J’me pieute

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LE BAL DES FAUX FRERES
Journal Intime, 2015

Bonus extra n°1 : en 2016 nous avons finalement sorti un enregistrement Live à l’Ajmi du Bal Des Faux Frères que vous pouvez écouter ou vous procurer ici.

Bonus extra n°2 : Le Bal des Faux Frères avec ♡ Marc Ducret ♡ / Live à Berlin / Back In Black
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 septembre 2021

Cher journal, immergée depuis l’Aube, je me laisse aller aux reflux et je danse du bout de mes tentacules feuillues. La nébulosité des profondeurs n’empêchant pas la course des rayons cosmiques, je m’éveille à une sensualité épidermique quand les photons caressent mes calices. Je suis ancrée dans mon existence et cela me pèse de plus en plus. Si je ne fais rien, combien de temps puis-je survivre ainsi ? En passant à l’action, combien de renoncements ? Embrasser la somme sacrifiée est un projet follement démesuré, mais c’est bien là, dans les zones d’ombres, que se cache l’emprunte de mes actions futures. Cette trajectoire inconnue, esquissée par la matière noire de mes renoncements, se révèle intensément passionnante.

L’inédit de la semaine : Vers Les Crinoïdes

Chacun sa route, chacun…

Cette semaine c’est Matthias qui mène la danse, avec une composition de rentrée rien que pour vous : Vers les crinoïdes. Titre programmatique, et pour atteindre les susdit crinoïdes, y’en a qui pensent qu’il faut passer par la mer, d’autres qui disent qu’on les trouve dans la montagne, du coup personne n’est d’accord et tout le monde se fâche… Une bonne matière tout de même pour remettre le trio au travail après des semaines de farniente sous un soleil de grêle. Alors bon, comment danser tout ça, on peut pas vous dire, va falloir faire preuve d’imagination un peu ! Et puis comme d’habitude, tu nous spam la boite mail avec tes agitations i-filmées, on les passera au ralenti en fond d’écran, ça nous fera notre semaine si tu t’en sors.

The Road Not Taken

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both,
And be one traveller, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth.

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear,
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same,

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh,
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I,
I took the one less travelled by,
And that has made all the difference.

Robert Frost, Mountain Interval

Bonus extra : Robert Frost lisant The Road Not Taken

Le chemin que l’on ne prend pas

Deux chemins se séparaient dans un bois doré ;
Regrettant de ne pouvoir tous deux les emprunter,
Et d’être seul à voyager, je restais là
Et j’en suivis un aussi loin que possible du regard
Jusqu’à sa courbe du sous-bois.

Puis je pris l’autre, juste comme ça,
Offrant peut être l’avantage
D’une herbe qui demandait qu’on la foulât,
Et bien qu’en cet endroit, mon passage
Les eut vraiment laissés à leur semblable état,

Et les deux s’étiraient pareillement ce matin
Sous des feuilles qu’aucun pas n’avait noircies.
Ah, je gardais l’autre pour un jour prochain !
Mais sachant comment nous emmène un chemin,
Je doutais de jamais pouvoir revenir.

Je conterai ceci dans la paix,
Quelque part, d’ici quelque temps :
Deux chemins s’offraient à moi, et là,
J’ai suivi celui qu’on ne prenait pas,
Et j’ai compris toute la différence.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : sauras-tu reconnaitre l’autre chemin ?
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja.

19 mars 2021

Cher journal, je vois des amies partout. Au cinéma, au restaurant, dans les musées, et même dans l’avion… C’est troublant toutes ces anonymes qui me sourient d’un regard complice et semblent me reconnaître, sans que je n’ai aucun souvenir d’elles. Il est bientôt deux heures du matin, je n’arrive toujours pas à dormir. Cela fait plusieurs mois que cette nuit sans fin me tient éveillée. Des flashs furtifs m’hypnotisent et je ne suis plus moi-même. Une autre demande à sourdre. J’ai parfois l’impression qu’elle prend le contrôle en mon absence, et je brûle de goûter celle qui émergera de cette effroyable mutation. Je suis sage, mais qui suis-je quand je rêve ? Qu’avons-nous à craindre de moi ? Et si la question n’était pas qui serai-je, mais combien suis-je ?

L’inédit de la semaine : Nocturne n°8

¿’ Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent !

La citation est tirée du chef-d’œuvre La Horde du Contrevent, livre phénoménal d’Alain Damasio, qui nous accompagne depuis la création du trio il y a quinze ans déjà, choc littéraire dont les secousses nous remuent encore violemment aujourd’hui, et pour l’éternité. Il fallait bien cela pour accompagner notre Nocturne n°8, écho érotico-décadent au Nocturne n°2 du 22 janvier, concocté avec le si délicat Yan Pechin à la guitare électrique (de retour ici après notre Criminal World du 26 février), qu’il en soit ici encore infiniment remercié. C’est pas si simple à danser, mais tu as tellement de ressources qu’on a hâte de voir comment tu t’en sors. Hauts les cœurs et les genoux, on a toute la nuit devant nous !

XVI. Norska, à travers l’échancrure

π (…) Qu’importe où nous allons, honnêtement. Je ne le cache pas. De moins en moins. Qu’importe ce qu’il y a au bout. Ce qui vaut, ce qui restera n’est pas le nombre de cols de haute altitude que nous passerons vivants. N’est pas l’emplacement où nous finirons par planter notre oriflamme, au milieu d’un champ de neige ou au sommet d’un dernier pic dont on ne pourra plus jamais redescendre. N’est plus de savoir combien de kilomètres en amont du drapeau de nos parents nous nous écroulerons ! Je m’en fiche ! Ce qui restera est une certaine qualité d’amitié, architecturée par l’estime. Et brodée des quelques rires, des quelques éclats de courage ou de génie qu’on aura su s’offrir les uns aux autres. Pour tout ça, les filles et les gars, je vous dis merci. Merci.

ALAIN DAMASIO, La Horde du Contrevent

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : sauras-tu trouver la différence entre ces deux photos ?
Bonus extra : Maya Angelou & Antonio Vivaldi