19 mai 2023

Cher journal, écrire est une nécessité, c’est connu. Ressentir ce besoin est bien étrange, et particulièrement saisissant. Être habitée par cet élan est une faveur délicieuse à la saveur impérieuse. Savoir des amies envoutées par cette fièvre créatrice est tout simplement fantastique, et les voir s’élancer dans la folie de leur for intérieur pour affronter le chaos impensable de leurs entrailles neuronales est un extrême privilège. Les perceptions des autres importent peu et mal, seule l’intégrité compte dans cette affaire. Que les regards soient bienveillants, que les écoutes soit attentives, et que les cœurs soit ouverts aux passions, je crois bien que cela suffira.

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – A Single Melody From The 6Th Symphony

Futur antérieur

Accueillons à nouveau le groupe Kino-Sounds pour un troisième titre inédit du disque qui sortira le 30 juin prochain. Il s’agit aujourd’hui de A Single Melody From The 6Th Symphony. Comme son nom l’indique, cette composition de Rémi Dumoulin est basée sur un thème de la 6ème Symphonie, Opus 111, de Sergei Prokofiev, créée en 1947. Nous retrouvons les magnifiques Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, Matthieu Metzger au saxophone baryton, Rémi Dumoulin à la clarinette & Sylvain Bardiau au bugle, ainsi qu’un invité merveilleux : Paul Brousseau au Fender Rhodes. Encore une mélodie qui se danse langoureusement entre amoureuses, en amoureux, rien que pour vous, parce qu’on vous aime ♡

☆ Viens fêter la sortie du disque Playtime avec Journal Intime & Jérémie Piazza mardi 23 mai à La Filature de Bazancourt, et mercredi 24 mai au Jazzus Club du Shed à Reims. Champagne ! ☆

La voix d’une prisonnière russe

Honte à la lyre hypocrite dont les cordes flatteuses remplissaient d’arpèges les salons des Versailles ! Honte aux incantations de la nymphe perfide qui du chaos des siècles évoquait les ténèbres ! Honte aux libres poètes qui devant l’étranger font sonner les anneaux de leur chaînes librement mises! L’esclavage est ignoble d’autant plus qu’il est libre. Honte à vous, comédiens, qui des lèvres sacrilèges prononciez le grand nom de Molière qui jadis de son rire mordant rongeait l’affreux colosse érigé pour la France par le feu Roi-Soleil. Le fantôme de ce Roi, si pâle à la veille, a rougi de joie à l’accent de vos chants dans la ville de Paris, cette ville régicide dont chaque pierre dit : à bas la tyrannie ! Malheur aux vieilles villes dont les pierres moisies, les lanternes rouillées et les places étroites sont de grands orateurs et ne savent pas se taire…

(…)

Grands poètes, grands artistes ! Quel sera votre beau masque couvrant vos faces célèbres pendant ces grandes fêtes ? Quel sera le costume, de quel siècle, de quel style, qui fera votre gloire dans ces « folles journées » ? Quant à nous, si obscures, inconnus maintenant que les grands de ce monde ne daignent pas nous voir, nous irons tous sans masque dans ces jours effrayants, car les masques de fer ne peuvent pas être changés en velours hypocrites.

(…)

Vivez en paix, confrères, ornés de vos grands noms ! Et toi, Muse française, pardonne à la chanteuse, esclave privée de nom ! Je t’ai moins profané dans ma prose indigente que tes libres amis dans leurs beaux vers dorés !

La prisonnière

Lessia Oukraïnka (1895)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Banduriste cosaque
Taras Chevtchenko, 1843
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

21 avril 2023

Cher journal, je vole… Je VOLE !!! Furieusement sauvage, je virevolte, je suis aérienne, saltos, pirouettes, doubles-cabrioles, mes ailes me poussent au firmament de l’extase. J’esquisse, loin des spectres effrayés, des cercles de passions et d’amour. Un écho du futur me transperce le cœur et m’emplit de vigueur. L’espoir en moi est si grand que l’action ne me fait pas peur. Je ne suis pas seule, je suis multitude, je suis foule divine, Essaim & Nuée sublimes, quantité incommensurable, je suis une pure distillation de l’infinie empathie collective qui nous habite. Je viens d’un age prochain qui comprend enfin les forces tendres du présent révolu, la bienveillance commune, cachée par la foret de l’arbitraire et de l’insensible. Joie : demain sera juste, aujourd’hui sera réparé. Je suis un rêve.

L’invité de la semaine : WILDMIMI – On This Huge Square

Mimi sauvage pour toujours

Wildmimi est un invité spécial aujourd’hui puisque c’est tout le trio – Frédéric, Matthias & Sylvain – qui joue avec lui, après avoir déjà œuvré sur le magnifique album Rêves et Phantasmes d’une Chaussure Ordinaire sorti en 2011, toujours disponible dans les meilleures crèmeries. Wildmimi c’est l’extraordinaire Rémi Sciuto ♡ : chant, saxophones, flutes, clarinettes, claviers, composition, arrangements, textes & production, et bien plus encore ! Sur le titre du jour, la prodigieuse épopée fantastique On This Huge Square, il est entouré de Fred Pallem à la basse, Vincent Taeger à la batterie & à la réalisation, et Antonin Rayon aux claviers. C’est Etienne Meunier qui a enregistré, Bertrand Fresel qui a mixé, et Chab qui a masterisé ce nouveau disque merveilleux intitulé La Révolte des Couverts, que vous pouvez trouver ici. C’est parti pour le 7ème ciel en compagnie de l’ami Rémi. Si tu sais pas voler, bah t’as qu’à danser, c’est pareil ou presque, c’est aussi libre et pas si compliqué, détends-toi, Wildmimi est là…

Un long chemin vers la liberté

Avec l’émergence du capitalisme et des idéologies associées au néolibéralisme, il est devenu particulièrement important de mesurer les dangers de l’individualisme. Les luttes progressistes – qu’elles se concentrent sur le racisme , la répression policière, la pauvreté ou d’autres problématiques – sont vouées à l’échec sir elles ne dénoncent pas la mise en avant insidieuse de l’individualisme capitaliste. Même si Nelson Mandela a toujours dit que son œuvre était le fruit d’un travail collectif qu’il fallait mettre au crédit des hommes et des femmes qui luttaient à ses cotés, les médias ont tout fait pour le sacraliser et le présenter comme un héros. On a cherché, par un processus analogue, à dissocier Martin Luther King du grand nombre de femmes et d’hommes qui constituaient le cœur du mouvement pour les droits civiques. Il est essentiel de s’opposer à cette représentation de l’histoire qui se focalise sur l’action de quelques figures isolées : c’est la condition pour qu’on puisse prendre conscience aujourd’hui de notre propre force au sein d’une communauté de lutte toujours plus large.

Angela Davis
, Une lutte sans trêve, 2016

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LA RÉVOLTE DES COUVERTS
Wildmimi, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

24 mars 2023

Cher journal, je viens de vivre une expérience vraiment étrange. J’ai décidé d’essayer un chat-bot pour m’aider à écrire une page de journal intime, mais cela n’a pas du tout fonctionné comme je le pensais. J’ai rapidement réalisé que le robot ne comprenait pas vraiment ce que je voulais dire. Il a commencé à me proposer des phrases toutes faites et des réponses préprogrammées, qui n’avaient rien à voir avec ce que je ressentais. J’ai essayé de lui expliquer que je voulais écrire quelque chose de personnel et de sincère, mais il ne semblait pas comprendre. Je me suis sentie frustrée et un peu trahie. J’avais l’impression de parler à une machine insensible, qui ne pouvait pas vraiment m’aider. Finalement, j’ai décidé d’abandonner l’idée du chat-bot et j’ai continué à écrire moi-même. Cela m’a pris plus de temps, mais j’ai finalement réussi à exprimer ce que je ressentais. Je suis reconnaissante d’avoir un endroit où je peux écrire mes pensées les plus intimes, sans avoir à me soucier de ce que les autres pensent. Je sais que je peux toujours compter sur toi, cher journal, pour m’aider à traverser les moments difficiles. En fin de compte, cette expérience m’a appris que rien ne peut remplacer la connexion humaine et l’empathie. Les machines peuvent être utiles, mais elles ne peuvent jamais remplacer la chaleur et la compassion d’un être humain.



Très fort cet automate !

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – Cygnet Committee

Symposium de cygneaux

C’est le retour du groupe Kino-Sounds cette semaine (après TbPn le mois dernier), pour un second round inédit issu du nouveau disque à venir (le 30 juin 2023 sur Bandcamp exclusivement, on vous tiendra au courant ici-même bien sûr, stay tuned – et d’ici-là il aura peut-être même un nom ce disque !!!). Il s’agit de la chanson désenchantée de David Bowie : Cygnet Committee, interprétée par le génial Matthieu Metzger au bricolo-saxo-perso, sur un arrangement de Rémi Dumoulin. C’est donc toujours avec les magnifiques Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, Rémi Dumoulin au saxophone ténor & Sylvain Bardiau à la trompette. Et c’est le grand retour de David Bowie sur le blog, après une version érotico-décadente de Criminal World avec Yann Péchin. Ça se danse délicatement, amoureusement, seul ou en groupe, autour d’un feu de cheminée ou d’une poubelle qui brûle. L’idée c’est de t’envoyer de la tendresse en barre, parce que c’est pas les CRS qui le feront…
I still Believe in a State of Love 🖤

Spéciale dédicace à notre super-héros de la semaine
Rudolph ♡ et à ses Wonder-women ♡

Cygnet Committee

I bless you madly
Sadly as I tie my shoes
I love you badly
Just in time, at times, I guess
Because of you I need to rest
Because it’s you that sets the test

So much has gone
And little is new
And as the sparrow sings
Dawn chorus for
Someone else to hear
The Thinker sits alone growing older
And so bitter

I gave them life
I gave them all
They drained my very soul
…dry
I crushed my heart
To ease their pains
No thought for me remains there
Nothing can they spare
What of me?
Who praised their efforts
To be free?
Words of strength and care
And sympathy
I opened doors
That would have blocked their way
I braved their cause to guide
For little pay

I ravaged at my finance just for those
Those whose claims were steeped in peace, tranquility
Those who said a new world, new ways ever free
Those whose promises stretched in hope and grace for me

I bless you madly
Sadly as I tie my shoes
I love you badly
Just in time, at times, I guess
Because of you I need to rest
Because it’s you that sets the test

So much has gone
And little is new
And as the sunrise stream
Flickers on me
My friends talk
Of glory, untold dream, where all is God and God is just a word

« We had a friend, a talking man
Who spoke of many powers that he had
Not of the best of men, but ours

We used him
We let him use his powers
We let him fill our needs
Now We are strong

And the road is coming to its end
Now the damned have no time to make amends
No purse of token fortune stands in our way
The silent guns of love
Will blast the sky
We broke the ruptured structure built of age
Our weapons were the tongues of crying rage

Where money stood
We planted seeds of rebirth
And stabbed the backs of fathers
Sons of dirt

Infiltrated business cesspools
Hating through Our sleeves
Yeah, and We slit the Catholic throat
Stoned the poor
On slogans such as:

‘Wish You Could Hear’
‘Love Is All We Need’
Kick Out The Jams’
‘Kick Out Your Mother’
‘Cut Up Your Friend’
‘Screw Up Your Brother or He’ll Get You In the End’

‘And We Know the Flag of Love is from Above’
‘And We Can Force You to Be Free’
‘And We Can Force You to Believe' »

And I close my eyes and tighten up my brain
For I once read a book in which the lovers were slain
For they knew not the words of the Free States’ refrain
It said:
‘I believe in the Power of Good’
‘I Believe in the State of Love’
‘I Will Fight For the Right to be Right’
‘I Will Kill for the Good of the Fight for the Right to be Right’


And I open my eyes to look around
And I see a child laid slain
On the ground
As a love machine lumbers through desolation rows
Ploughing down man, woman, listening to its command
But not hearing anymore
Not hearing anymore
Just the shrieks from the old rich

And I want to believe
In the madness that calls ‘Now’
And I want to believe
That a light’s shining through
Somehow

And I want to believe
And you want to believe
And we want to believe
And we want to live
Oh, we want to live

We want to live
We want to live
We want to live
We want to live

I want to live
I want to live
I want to live

I want to live
I want to live
I want to live

Live
Live
Live

David Bowie

Je vous bénis follement,
Tristement comme je noue mes chaussures
Je t’aime mal,
Juste à temps, parfois, je suppose
A cause de toi, je dois me reposer
Parce que c’est toi
qui fixe le test
Tant de choses ont disparu
et peu sont nouvelles
Et comme le moineau chante
Pour l’aube
Quelqu’un d’autre à entendre
Le Penseur est assis seul en train de vieillir
Et si amer

« Je leur ai donné la vie
Je les ai tous donné
Ils drainés mon âme
…sec
J’ai écrasé mon coeur
pour soulager leurs douleurs
Aucune pensée pour moi n’en est sorti
Rien ne peut les épargner
Et moi ?
Qui a salué leurs efforts
d’être libre?
Mots de force et de soins
et de sympathie
J’ai ouvert les portes
qui aurait bloqué leur chemin
Je bravé Leur cause pour les guider,
pour un maigre salaire

J’ai ravagé mes finances juste pour eux
Ceux dont les demandes ont été plongés dans la paix, la tranquillité
Ceux qui ont dit un nouveau monde, de nouveaux chemins toujours libre
Ceux qui ont promis de s’étirer dans l’espérance et la grâce pour moi « 

Je vous bénis follement,
Tristement comme je noue mes chaussures
Je t’aime mal, Juste à temps,
parfois, je suppose
A cause de toi, je dois me reposer, oh oui
Parce que c’est toi
qui fixe le test

Tant de choses ont disparu
et peu sont nouvelles
Et comme le torrent du lever du soleil
Vacille sur moi,
Mes amis parlent
De la gloire, des rêve indicibles, où tout est Dieu et Dieu est juste un
mot

« Nous avons eu un ami, un homme parlant
Qui a parlé de nombreux pouvoirs qu’il avait
Pas le meilleur des hommes, mais le notre

Nous l’avons utilisé
Nous l’avons laissé utiliser ses pouvoirs
Nous l’avons laissé remplir nos besoins
Maintenant, nous sommes forts

Et la route arrive à sa fin
Maintenant, les damnés n’ont pas le temps de faire amende honorable
Aucune bourse de fortune se trouve sur notre chemin
Les canons silencieux de l’amour
feront exploser le ciel
Nous avons cassé la structure rompu construite de l’âge
Nos armes étaient les langues de la rage pleurante

Lorsque l’argent était là
Nous avons planté les graines de la renaissance
Et poignardé le dos des pères
fils de poussière

Infiltré des fosses d’aisances d’affaire
Détestant à travers nos manches
Oui, et nous avons égorgé les catholiques
Soûlé les pauvres
De slogans tels que

‘Si vous pouviez entendre’
‘L’amour est tout ce dont nous avons besoin’
« Jette Les Jams ‘
« Jette ta mère’
‘Hache ton ami’
‘Bousille ton frère ou Il t’aura à la fin’

Et nous savons que le drapeau de l’Amour vient d’en haut
Et nous pouvons vous forcer à être libre
Et nous pouvons vous forcer à croire « 

Et je ferme les yeux et renforce mon cerveau
Car une fois j’ai lu un livre dans lequel les amants ont été tués
Car ils ne savaient pas les paroles du refrain des États Libres
Ça disait:
« Je crois en la puissance du bien
Je crois dans l’État de l’Amour
Je vais lutter pour le droit d’avoir raison
Je tuerai pour le bien de la lutte pour le droit d’avoir
raison »

Et j’ouvre les yeux pour regarder autour
Et je vois un enfant jeté morts
par terre
Comme une machine d’amour se traînant à travers des rangées de désolation
Labourant homme, femme, qui écoutent ses commandements
Mais qui n’entendent plus maintenant
Qui n’entendent plus maintenant
Que les cris des vieux riches

Et je veux croire
Dans la folie qu’ils appellent ‘Maintenant’
Et je veux croire
Qu’une lumière brille à travers
D’une manière ou d’une autre

Et je veux croire
Et vous voulez croire
Et nous voulons croire
Et Nous voulons vivre
Oh, nous voulons vivre

Nous voulons vivre
je veux vivre


Traduction chelou par Gloogloo

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Computer’s Cygnet Committee
Anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 mars 2023

Cher journal, dans le velours et la touffeur de ce matin qui aurait dû être frileux, saoule de mes délires nocturnes, je rêve encore en me levant somnambuliquement pour me livrer à toi. Le souvenir de ma rêverie s’efface si vite que, le temps de te retrouver, le songe est déjà dissous dans une abstraction brumeuse aux contours nébuleux. Quelque fragment subsiste néanmoins à la surface du vestige sensible de ma nuit. Vertige onirique. Une forme spectrale, floue, presque absente, se tient à distance, semble s’éloigner à mesure que je m’approche. Cependant, je discerne de mieux en mieux son visage ondulant. Le masque change, se défigure en un geste fluide insaisissable, passant d’inconnu à aimé, de familier à Némésis, tourbillon tourmenté, pour enfin se fixer sur un animal totem aux traits familiers quand je suis si proche que je peux l’entendre murmurer de sa voix sourde :
– Danse ! Danse encore, et encore. Danse, tu n’as rien d’autre à faire.

L’avant-première de la semaine : Hinoorz – Chelsea Bridge

J-28

Le compte à rebours est lancé, on est tout excité et impatient, le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime sort dans un mois, le 07 avril 2023, youpi ! Après vous avoir présenté un premier titre éponyme, puis le télescopage Azy Brd, voici un troisième extrait sous la forme d’un double programme : Hinnorz – Chelsea Bridge, avec en invité le magnifique Marc Ducret ♡ aux guitares (12 cordes & électrique). Le standard Chelsea Bridge a été inspiré à Billy Strayhorn par un tableau de J. M. W. Turner représentant… le Battersea Bridge ! (sic) L’introduction (finalement plus longue que le morceau, et encore, on en a coupé 2-3 minutes, on vous épargne un peu !!!) a pour titre Hinoorz, et est inspirée elle aussi par un tableau de J. M. W. Turner, mais celui… du Waterloo Bridge, plus au nord du Chelsea Bridge :)) Le Battersea Bridge étant au sud du Chelsea Bridge, on s’est dit que ça ferait une moyenne ! Au final tout cela se danse à Londres, sur les rives de la Tamise, à l’aube du XIXème siècle, sous un smog épais et velouté, aux sulfureuses fragrances charbonnées. Koff !

Chelsea Bridge

I was a stranger in the city
Out of town were the people I knew
I had that feeling of self-pity
What to do, what to do, what to do?
The outlook was decidedly blue

But as I walked through the foggy streets alone
It turned out to be the luckiest day I’ve known

A foggy day, in London town
Had me low, had me down
I viewed the morning with much alarm
British museum had lost it’s charm

How long I wondered
Could this thing last
But the age of miracles hadn’t past
For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere


For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere

Everywhere
Everywhere
Everywhere

Bill Comstock

Pont de Chelsea

J’étais un étranger dans la ville

Les gens que je connaissais étaient hors de la ville
J’ai eu ce sentiment d’apitoiement sur moi-même
Que faire, que faire, que faire ?
Les perspectives étaient décidément bleues

Mais alors que je marchais seul dans les rues brumeuses
Il s’est avéré que ce jour était le plus chanceux que j’ai connu

Un jour brumeux, dans la ville de Londres
M’a déprimé, m’a mis le cafard
J’ai regardé le matin avec beaucoup d’inquiétude
Le musée britannique avait perdu son charme

Combien de temps je me suis demandé
Cette chose pourrait-elle durer
Mais l’âge des miracles n’était pas passé
Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Partout
Partout
Partout

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : de ces deux tableaux de J. M. W. Turner,
sauras-tu trouver lesquels ne représentent pas Chelsea Bridge ?
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

24 février 2023

Cher journal. Cher journal, je lis les traces du passé. Je lis les traces du passé dans tes pages. Les traces du passé dans tes pages sont des lignes. Dans tes pages sont des lignes de vie. Des lignes de vie qui me racontent. Qui me raconte à travers toi ? A travers toi je suis vivante, je suis vivante entre les lignes. Entre les lignes, la page blanche…
Cher journal, j’écris des traces du passé. J’écris des traces du passé dans tes pages, des lignes de vie que je me raconte entre les lignes, vivante à travers toi, au-delà de la page blanche.
Cher journal, je brise tes pages blanches de mes cris, je fragmente ma vie, j’entre dans les lignes du passé qui me racontent en traces, qui me lient à toi, cher journal.

L’invité de la semaine : TbPn – Les Stries De L’Arbre

L’esprit de l’arbre

Le nouveau groupe invité cette semaine (après Kino-Sounds le mois dernier), nous est présenté par Matthias. Merci d’accueillir maintenant la formidable formation TbPn ! Ce duo est un rubis à l’éclat miroitant, avec Xavier Camarasa au piano préparé & Matthias Mahler au trombone toujours prêt ! Ils nous proposent aujourd’hui Les Stries de l’Arbre, morceau composé par Xavier Camarasa, tiré de leur deuxième album : Mémoires de formes. Enregistré en 2019 par Jean-Charles Mouchet, l’album est déjà disponible sur Bandcamp, ainsi que le premier disque au titre éponyme TbPn. Ça se danse en cercles excentriques, rotation anti-horaire, à cloche-pied en marche arrière… Accroche-toi aux rhizomes !

Papi dit qu’une souche est un arbre dont la mémoire est à découvert. Celle de son saule l’a attendu au milieu de la petite place jusqu’à ce qu’il ait assez de force pour sortir s’asseoir au soleil et finir de se rétablir. La main de feuilles l’avait soigné et avait fait retomber sa fièvre pour de bon. À présent, la souche l’attendait au milieu de la placette. Papi s’est approché peu à peu. Il croyait voir encore l’ombre de son saule sur le sol et entendre le chuchotement des branches qui se frôlent. Mais le soleil envahissait tout à présent, le soleil et un silence de bois.

(…)

Papi raconte que s’asseoir sur une souche, c’est comme entrer dans l’arbre et voir tout ce qu’il a vu, arrêter le temps pour regarder à l’intérieur de l’arbre, et en nous aussi. Cette souche-là n’était qu’un tabouret pour un enfant de onze ans. Tout ce que cet arbre avait vu se réduisait à cette petite place. Mais soixante ans plus tard, papi se rappelle ce moment comme si c’était hier. Et à présent je me le rappelle pour lui.  » Demain ils viennent l’arracher. « 

Tina Vallès, La mémoire de l’arbre

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Xavier au Pn & Matthias au Tb
TbPn, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

27 janvier 2023

Pardon… Entracte messieurs-dames, police ! Cher journal, je suis désolée de cette rature, c’est ma cousine Mireille qui a joué avec toi en mon absence, c’est malin, ça laisse des traces… En vrai je l’adore, et c’est moi qui voulait qu’elle te lise… On est comme ça entre cousines, on partage nos secrets. Moi aussi je t’aime ! Bon, je sens que ça va être compliqué, je te laisse en sa compagnie pour le we. Poisson d’avril ! Lol.

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – Policier Du Dimanche Soir

L’invité du vendredi matin

Encore une nouvelle rubrique sur le blog : en dehors du trio Journal Intime nous jouons individuellement avec d’autres musiciens, et on trouvait ça chouette de vous ouvrir ces univers à travers une sorte de carte blanche d’inédits. Sympa, non ?

Aujourd’hui, l’invité de la semaine c’est le groupe Kino-Sounds, auquel participe Sylvain. Créé sous l’ONJ de Daniel Yvinek, avec Yoann Serra à la batterie dans sa première formule, Kino-Sounds a sorti un disque en 2014 chez Nomad Music : Virtual Crimes. Voici en exclusivité un premier extrait du nouveau disque qui sortira (enfin !) en numérique sur Bandcamp le 30 juin 2023 : Le policier du dimanche soir. Composé par Rémi Dumoulin et enregistré par Matthieu Metzger en avril 2019 à l’Estran de Guidel (merci encore à Xavier Lejeune !), c’est avec Rémi Dumoulin au saxophone ténor, Matthieu Metzger au saxophone alto, Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, & Sylvain Bardiau au bugle. Bienvenue chez-nous-chez-vous les amis !

Première lettre

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes
mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires
coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.

Paul Valéry, La crise de l’esprit, 1919

~

Il n’y a donc plus de film policier, non plus d’ailleurs que de roman policier. La source est tarie, le renouvellement impossible. Que reste-t-il sinon le dépassement ? Suivant en cela tous les autres genres qui firent la gloire du cinéma américain d’antan, le film policier, n’existant plus par lui-même, reste un merveilleux prétexte.
A l’intérieur des civilisations – à qui Valéry apprit leur sort – les succès, les modes, les genres sont mortels. Restent les œuvres, réussies ou ratées, mais expression sincère des préoccupations et des idées de leurs auteurs.
(…)
En vertu de quoi, peut-on objecter, ce dernier film est-il plus sincère que l’autre ? En vertu de sa maladresse même ! L’assimilation parfaite d’un genre ne revient bien souvent qu’a une complète soumission à celui-ci ; pour faire un film policier, il faut et il suffit qu’il ait été conçu comme tel et que, par corollaire, il ne soit composé que des éléments d’un film policier. Le genre commande à l’inspiration, qu’il retient et enferme dans des règles strictes. Il faut alors, on le reconnaîtra, un talent hors du commun pour rester soi-même au sein d’une aussi étrange entreprise (…) ; ou bien une inspiration, des aspirations, une vision du monde qui s’accordent naturellement avec les lois du genre.

Claude Chabrol, Les Cahiers du Cinéma, 1954

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Musiciens sur fond vert
Kino-Sounds, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 décembre 2021

Cher journal, c’est par la morsure du froid que je prends conscience du changement qui m’accable. L’hiver approche, la lumière du jour se fait de plus en plus discrète, la ville s’englue dans une grisaille qui s’installe sournoisement. Depuis quelques jours au réveil, j’ai du mal à redémarrer mon système nerveux central, et je comprends à grande peine que mon corps demande à tourner au ralenti. Mes nuits sont habitées de rêves pénibles, sans soleil ni plaisir, au cours desquels je ne fait qu’achopper sur des détails insignifiants. Mes journées sont faites de fatigue, l’asthénie s’installe mollement, l’apathie est en embuscade. Mon appétit est dans le coma, mon désir s’atrophie. Un frémissement murmure à travers ma fenêtre. J’entr’ouvre, la fraîcheur me saisit, ma peau se contracte, mes yeux s’embuent. Le murmure s’est transformé en mélodie, je connais cette chanson. Elle réveille en moi un plaisir enfantin, une joie simple, un souvenir candide. Je sens un sourire affleurer. Dans ma chair engourdie, la chaleur vient de mon cœur. Me jambes gigotent, je marmonne, l’énergie afflue ; je sautille franchement en susurrant de plus en plus précisément, le bonheur monte, violemment… J’implose… Je danse ! Je chante ! Que c’est bon !

L’inédit de la semaine : The Bare Necessities

Riez, sautez, dansez, chantez…

Vous les reconnaissez ? Revoilà Florent & Nicolas, nos vaillants acolytes, toujours plus frais, toujours plus fous ! Ils sont de retour pour Le Livre De La Jungle. Aujourd’hui c’est avec Nicolas Gastard à la batterie que nous vous proposons une version anti-gel de la chanson de Baloo, The Bare Necessities, de Terry Gilkyson. Pour ceux que ça amuse, on vous a proposé une version intermédiaire il y a quelque temps, Crazy In Krump, avec des bouts de Beyonce dedans, vous pouvez jouer au jeu des différences, ça vous changera des chiffres et des lettres… Et bonne nouvelle : vous allez pouvoir venir voir le spectacle à La Dynamo de Banlieues Bleues les 11 et 12 décembre prochains ! C’est gratuit, il reste quelques places, des jus et des tartes, réservation et bonne humeur obligatoires. Cœur, étoile, cœur.

P.S. : pour Noël, offrez un abonnement au site, on est pas fatigués, on continue l’année prochaine, yeah !

The Bare Necessities

Look for the bare necessities
The simple bare necessities
Forget about your worries and your strife
I mean the bare necessities
Old Mother Nature’s recipes
That brings the bare necessities of life

Wherever I wander, wherever I roam
I couldn’t be fonder of my big home
The bees are buzzin’ in the tree
To make some honey just for me
When you look under the rocks and plants
And take a glance at the fancy ants
Then maybe try a few

The bare necessities of life will come to you
They’ll come to you!

Look for the bare necessities
The simple bare necessities
Forget about your worries and your strife
I mean the bare necessities
That’s why a bear can rest at ease
With just the bare necessities of life

Now when you pick a pawpaw
Or a prickly pear
And you prick a raw paw
Well, next time beware
Don’t pick the prickly pear by the paw
When you pick a pear
Try to use the claw
But you don’t need to use the claw
When you pick a pear of the big pawpaw;
Have I given you a clue?

The bare necessities of life will come to you
They’ll come to you!

« So just try and relax, yeah cool it
Fall apart in my backyard
‘Cause let me tell you something, little britches
If you act like that bee acts – uh-uh
You’re working too hard
And don’t spend your time lookin’ around
For something you want that can’t be found »
When you find out you can live without it
And go along not thinkin’ about it
I’ll tell you something true

The bare necessities of life will come to you

Terry Gilkyson, The Jungle Book

Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux
Il faut se satisfaire du nécessaire
Un peu d’eau fraîche et de verdure
Que nous prodigue la nature
Quelques rayons de miel et de soleil.


Je dors d’ordinaire sous les frondaisons
Et toute la jungle est ma maison
Toutes les abeilles de la forêt
Butinent pour moi dans les bosquets
Et quand je retourne un gros caillou
Je sais trouver des fourmis dessous.
Essaye c’est bon, c’est doux, oh!


Il en faut vraiment peu,
Très peu pour être heureux!
Mais oui!
Pour être heureux.


Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux
Chassez de votre esprit tous vos soucis
Prenez la vie du bon côté
Riez, sautez, dansez, chantez
Et vous serez un ours très bien léché!


Cueillir une banane, oui
Ça se fait sans astuce


Aïe!
Mais c’est tout un drame
Si c’est un cactus
Si vous chipez des fruits sans épines
Ce n’est pas la peine de faire attention
Mais si le fruit de vos rapines
Est tout plein d’épines
C’est beaucoup moins bon!
Alors petit, as-tu compris?
Il en faut vraiment peu,
Très peu, pour être heureux!
Pour être heureux?
Pour être heureux!


Et tu verras qu’ tout est résolu
Lorsque l’on se passe
Des choses superflues
Alors tu ne t’en fais plus.
Il en faut vraiment peu, très peu, pour être heureux.


Il en faut peu pour être heureux
Vraiment très peu pour être heureux
Chassez de votre esprit
Tous vos soucis … Youpi
Prenez la vie du bon côté
Riez, sautez, dansez, chantez
Et vous serez un ours très bien léché
Waouh
Et vous serez un ours très bien léché.


Youpi!

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Tiercé dans le désordre : Mowgli, Baloo, Bagheera, Shere Khan & Colonel Hathi.
Indice pour retrouver Mowgli : il porte un slip rouge.
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.

12 novembre 2021

Cher journal, je t’écris bien tard car je suis retournée au concert aujourd’hui et c’était formidable ! L’impression d’être vivante, enfin. L’attente était longue, la libération fut intense. J’ai pu danser follement désinhibée, totalement libérée, emportée par la vibration. Je sentais dans l’air l’électricité invisible, cette énergie sombre qui emplissait la salle et qui unit les musiciennes au public. La puissance mystique des timbres directement perçue par mes oreilles, sans intermédiaire numérique, sans interface autre que mon corps : quel choc ! Je suis entrée en transe, me suis perdue dans l’immensité sensorielle, ai voyagé entre les cordes infimes qui pulsent en modelant l’infini. Je me souviens à peine de la fin du concert tellement j’étais une rêveuse illuminée, comme aspirée entièrement dans le grand bruit blanc. Banzai, j’y retourne demain !

La vidéo inédite de la semaine : Wa Mambu Live

Hé, Marcelloooo !

Quel bonheur de vous revoir en chair, en os et en écorces ! Et de vous voir danser comme ça, quel plaisir !!! Du coup on ne résiste pas à la tentation de partager un tout petit bout de notre concert de mardi dernier à La Dynamo de Banlieues Bleues. Des partenaires fidèles et précieux, immense merci à toute l’équipe de La Dynamo. Aujourd’hui nous vous faisons entendre et voir l’introduction de la soirée, le morceau Wa Mambu composé avec l’indispensable Fabe Beaurel Bambi. On a changé une mesure par rapport à la version studio postée ici il y a quelques semaine, sauras-tu la retrouver ? Pour voir la suite ce sera sur place, la prochaine fois, et dire que l’on a hâte d’y être, au prochain concert, c’est un énorme euphémisme :))

Speaking Tree

I had a beautiful dream I was dancing with a tree.
—Sandra Cisneros


Some things on this earth are unspeakable:
Genealogy of the broken—
A shy wind threading leaves after a massacre,
Or the smell of coffee and no one there—

Some humans say trees are not sentient beings,
But they do not understand poetry—

Nor can they hear the singing of trees when they are fed by
Wind, or water music—
Or hear their cries of anguish when they are broken and bereft—

Now I am a woman longing to be a tree, planted in a moist, dark earth
Between sunrise and sunset—

I cannot walk through all realms—
I carry a yearning I cannot bear alone in the dark—

What shall I do with all this heartache?

The deepest-rooted dream of a tree is to walk
Even just a little ways, from the place next to the doorway—
To the edge of the river of life, and drink—

I have heard trees talking, long after the sun has gone down:

Imagine what would it be like to dance close together
In this land of water and knowledge. . .
To drink deep what is undrinkable.


Joy Harjo, Conflict Resolution for Holy Beings

L’arbre qui parle

J’ai fait un beau rêve où je dansais avec un arbre
—Sandra Cisneros


Sur cette terre certaines choses sont indicibles
La généalogie des cassures
Un vent timide qui soulève les feuilles après un massacre
Ou le parfum du café alors qu’il n’y a personne en vue


Certains humains disent que les arbres ne sont pas des êtres sensibles
Mais ils ne comprennent pas la poésie


Ils n’entendent pas davantage la chanson des arbres quand ils sont nourris par

La musique du vent ou de l’eau
Pas plus que leurs cris d’angoisse quand ils sont cassés ou dépossédés

Aujourd’hui, je suis une femme qui aspire à être un arbre, planté dans une terre humide et sombre
Entre l’aube et le crépuscule


Je ne peux traverser tous les règnes
Je porte seule dans le noir une aspiration trop lourde pour moi


Que dois-je faire de tant de chagrin ?


Le rêve le plus profondément enraciné de l’arbre est de marcher
Faire juste un peu de chemin, aller de la proximité de la porte
Jusqu’au bord de la rivière de la vie et d’y boire


J’ai entendu des arbres parler, longtemps après le coucher du soleil :


Imagine ce que serait danser tout près l’un de l’autre
À même ce pays d’eau et de savoir…
Boire à grands traits l’imbuvable
.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Beaurel, Frédéric, Sylvain, Matthias, La Dynamo & le plaisir.
Photo de David Lantran, mille mercis pour ces clichés !
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.

05 novembre 2021

Cher journal, ce matin encore je fus prise d’un intense et irrépressible désir de danser. Cette fois-ci la crise était plus violente. Je sentais bien que rien ne me calmerait, qu’il faudrait finalement céder à cette pulsion souveraine. Sortant du lit, mes pieds glissants sur le sol glacé commençaient déjà à frémir, et, m’approchant de la platine vinyle, ce sont mes genoux qui se mirent à trembler. La fièvre montait, je devais me hâter. Je me mis à fouiller fébrilement dans la pile de disques. Promesses grand format de plaisirs intenses, les larges pochettes défilaient à grande vitesse : il fallait faire un choix et le faire vite. Mon ventre se convulsait sous les saillies de mon cœur en pleine montée d’adrénaline. Mes épaules tressaillaient à leur tour, quand un disque s’imposa à mes rétines. Aucun doute, enchaîner, agir vite, sortir la galette de son fourreau, la déposer hâtivement mais délicatement sur la feutrine. La courroie se met en marche, le bras mécanique s’élève au ralenti, effectue sa rotation précise avant de plonger dans le microsillon, crépitements, derniers instants de silence, attente fébrile interminablement courte, le corps impossible à contenir, convulsions, effervescence, ivresse… Puis, soudain, le son… Déflagration émotionnelle… La vibration envahit tout l’espace, j’entre dans une nouvelle dimension. Je lâche prise, le corps s’exprime, soulage l’esprit, la liberté est totale, le bonheur intense. Je viens de gagner dix points de vie !

L’inédit de la semaine : SogoogoS

In girum imus nocte ecce et consumimur igni

« Matthias à la composition + Beaurel aux percussions = épidémie de danse garantie ! » C’est l’équation qu’on a choisie pour cette semaine, marquée par deux concerts avec ce nouveau quartet : dimanche 07 novembre à Latour-De-France (66) et mardi 09 novembre à la Dynamo de Banlieues Bleues (93) (cliquez sur les liens pour plus d’infos). On y jouera tous les morceaux inédits que vous avez pu entendre ici ou là, dont ce SogoogoS écrit par Matthias. C’est pas que tu veuilles danser, c’est que t’as pas le choix, ton corps réclame sa dose, faut qu’tu remues tout ça, et le Docteur est là pour toi. Prescription sur ordonnance : un vol direct pour le septième groove. Dernier rappel pour les passagers des concerts Journal Intime & ♡ Fabe Beaurel Bambi, embarquement immédiat, réservations conseillées, décollage imminent. Tu montes ?

12

Sous son minuscule galure ridicule et roi en la fournaise où il n’a plus une goutte de sa bière pour se désaltérer, un doute environne le brasseur Ammeister et la peur circule autour de lui, mais il ordonne quand même à son troisième adjoint, portant le grand sceau officiel et le titre de secretarius :
— Promulguez un arrêté interdisant formellement de danser à l’extérieur jusqu’au 29 septembre, date de la Saint-Michel. Ajoutez aussi : « sous peine d’amende de deux florins ». Ce n’est pas que je veux faire l’évêque mais ça fera toujours rentrer un peu de sous dans les caisses.
— Ammeister, la quasi-totalité des Strasbourgeois n’ont plus d’argent.
— Ah oui, c’est vrai. Alors menacez-les de prison où ils seront réduits au pain sec.
— Du pain sec ? Ils en rêvent ! Nous ne pourrons pas tous les encager. On manquera de place.
— En ce qui concerne la musique, change de sujet Drachenfels, même siffler le long des rues sera banni. Des détachements de cavalerie légère chargeront les musiciens.
— Nous n’avons plus de chevaux à l’intérieur de nos remparts, Ammeister. Nos cavaliers, n’ayant pas toucher leur solde depuis janvier, les ont mangés.

Jean Teulé, Entrez dans la danse

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Sylvain, Beaurel, Frédéric & Matthias saiht tam & ciré dér fleru a ebni avlys.
N’est palindrome qui veut – cqfdfqc
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.

29 octobre 2021

Cher journal, et si le personnage héroïque c’était moi ? Si ma quête n’était noble et exotique seulement d’un tiers point de vue, au regard d’une personne différente, cela ferait-il de moi un objet de fiction ? Quand je me raconte à toi, qui suis-Je ? Peu importe sûrement la nature de mon être, réel ou fictif, ce sera toujours l’Autre qui me donnera vie. Si c’est l’altérité qui nous défini, il reste le champ de l’action à investir. Je suis l’artisane de mes actes, c’est à moi d’y mettre passion et sensations. Même un auteur doit se plier à la volonté de son personnage. Ainsi, avec enthousiasme et détermination, je peux être qui je veux, Gorgone ou Sappho, Sirène héritière d’Aspasi, déraisonnablement libre, joyeusement affranchie, une empoisonneuse, une guérisseuse, une Sorcière… Bouh !

L’inédit de la semaine : Witch Spleen

Fugere possum

Des bonbons ou un sort ? On a choisi les deux, et c’est Fabe « Trick-and-treat » Beaurel Bambi qui nous est apparu , tel une offrande infernale. Alors on a dressé un gigantesque bucher d’amour et composé à quatre âmes damnées ce Witch Spleen pour toi, veinarde ! Tu vas pouvoir danser sauvagement libre devant ton ordinateur de poche en attendant le grand Sabbat qui nous réunira mardi 09 novembre à la Dynamo de Banlieues Bleues. Alors viens avec tes copaines, déguisée ou pas, en sorcière ou banquière, avec ton bouc, ta chouette ou ton chat noir, en balai ou sous forme de chauve-souris, mais viens. On te prépare un rite initiatique et furieusement percussif dans ce temple du jazz libre, sur l’autel groove c’est tes arpions qu’on va sacrifier…

♡ Bienvenue à la nouvelle Tipeuse du blog (toutes les infos ici), qu’elle soit ici infiniment remerciée : Sufei.

Les héritières

Pendant la récréation, à l’école primaire, mes camarades et moi traquions [la sorcière] qui avait élu domicile derrière les buissons de la cour, obligés de nous en remettre à nous-mêmes face au flegme incompréhensible du corps enseignant. La menace flirtait avec la promesse. On sentait soudain que tout était possible, et peut-être aussi que la joliesse inoffensive, la gentillesse gazouillante n’étaient pas le seul destin féminin envisageable. Sans ce vertige, l’enfance aurait manqué de saveur. Mais, avec Floppy Le Redoux, la sorcière est définitivement devenue pour moi une figure positive. Elle était celle qui avait le dernier mot, qui faisait mordre la poussière aux personnages malfaisants. Elle offrait la jouissance de la revanche sur un adversaire qui vous avait sous-estimée (…)
À travers elle m’est venue l’idée qu’être une femme pouvait signifier un pouvoir supplémentaire, alors que jusque-là une impression diffuse me suggérait que c’était plutôt le contraire. Depuis, où que je le rencontre, le mot « sorcière » aimante mon attention, comme s’il annonçait toujours une force qui pouvait être mienne. Quelque chose autour de lui grouille d’énergie. Il renvoie à un savoir au ras du sol, à une force vitale, à une expérience accumulée que le savoir officiel méprise ou réprime. J’aime aussi l’idée d’un art que l’on perfectionne sans relâche tout au long de sa vie, auquel on se consacre et qui protège de tout, ou presque, ne serait-ce que par la passion que l’on y met. La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie.

Mona Cholet, Sorcières

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Rapide 2000 : fabrique toi-même ta lanterne en citrouille
Tuto anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.