24 mars 2023

Cher journal, je viens de vivre une expérience vraiment étrange. J’ai décidé d’essayer un chat-bot pour m’aider à écrire une page de journal intime, mais cela n’a pas du tout fonctionné comme je le pensais. J’ai rapidement réalisé que le robot ne comprenait pas vraiment ce que je voulais dire. Il a commencé à me proposer des phrases toutes faites et des réponses préprogrammées, qui n’avaient rien à voir avec ce que je ressentais. J’ai essayé de lui expliquer que je voulais écrire quelque chose de personnel et de sincère, mais il ne semblait pas comprendre. Je me suis sentie frustrée et un peu trahie. J’avais l’impression de parler à une machine insensible, qui ne pouvait pas vraiment m’aider. Finalement, j’ai décidé d’abandonner l’idée du chat-bot et j’ai continué à écrire moi-même. Cela m’a pris plus de temps, mais j’ai finalement réussi à exprimer ce que je ressentais. Je suis reconnaissante d’avoir un endroit où je peux écrire mes pensées les plus intimes, sans avoir à me soucier de ce que les autres pensent. Je sais que je peux toujours compter sur toi, cher journal, pour m’aider à traverser les moments difficiles. En fin de compte, cette expérience m’a appris que rien ne peut remplacer la connexion humaine et l’empathie. Les machines peuvent être utiles, mais elles ne peuvent jamais remplacer la chaleur et la compassion d’un être humain.



Très fort cet automate !

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – Cygnet Committee

Symposium de cygneaux

C’est le retour du groupe Kino-Sounds cette semaine (après TbPn le mois dernier), pour un second round inédit issu du nouveau disque à venir (le 30 juin 2023 sur Bandcamp exclusivement, on vous tiendra au courant ici-même bien sûr, stay tuned – et d’ici-là il aura peut-être même un nom ce disque !!!). Il s’agit de la chanson désenchantée de David Bowie : Cygnet Committee, interprétée par le génial Matthieu Metzger au bricolo-saxo-perso, sur un arrangement de Rémi Dumoulin. C’est donc toujours avec les magnifiques Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, Rémi Dumoulin au saxophone ténor & Sylvain Bardiau à la trompette. Et c’est le grand retour de David Bowie sur le blog, après une version érotico-décadente de Criminal World avec Yann Péchin. Ça se danse délicatement, amoureusement, seul ou en groupe, autour d’un feu de cheminée ou d’une poubelle qui brûle. L’idée c’est de t’envoyer de la tendresse en barre, parce que c’est pas les CRS qui le feront…
I still Believe in a State of Love 🖤

Spéciale dédicace à notre super-héros de la semaine
Rudolph ♡ et à ses Wonder-women ♡

Cygnet Committee

I bless you madly
Sadly as I tie my shoes
I love you badly
Just in time, at times, I guess
Because of you I need to rest
Because it’s you that sets the test

So much has gone
And little is new
And as the sparrow sings
Dawn chorus for
Someone else to hear
The Thinker sits alone growing older
And so bitter

I gave them life
I gave them all
They drained my very soul
…dry
I crushed my heart
To ease their pains
No thought for me remains there
Nothing can they spare
What of me?
Who praised their efforts
To be free?
Words of strength and care
And sympathy
I opened doors
That would have blocked their way
I braved their cause to guide
For little pay

I ravaged at my finance just for those
Those whose claims were steeped in peace, tranquility
Those who said a new world, new ways ever free
Those whose promises stretched in hope and grace for me

I bless you madly
Sadly as I tie my shoes
I love you badly
Just in time, at times, I guess
Because of you I need to rest
Because it’s you that sets the test

So much has gone
And little is new
And as the sunrise stream
Flickers on me
My friends talk
Of glory, untold dream, where all is God and God is just a word

« We had a friend, a talking man
Who spoke of many powers that he had
Not of the best of men, but ours

We used him
We let him use his powers
We let him fill our needs
Now We are strong

And the road is coming to its end
Now the damned have no time to make amends
No purse of token fortune stands in our way
The silent guns of love
Will blast the sky
We broke the ruptured structure built of age
Our weapons were the tongues of crying rage

Where money stood
We planted seeds of rebirth
And stabbed the backs of fathers
Sons of dirt

Infiltrated business cesspools
Hating through Our sleeves
Yeah, and We slit the Catholic throat
Stoned the poor
On slogans such as:

‘Wish You Could Hear’
‘Love Is All We Need’
Kick Out The Jams’
‘Kick Out Your Mother’
‘Cut Up Your Friend’
‘Screw Up Your Brother or He’ll Get You In the End’

‘And We Know the Flag of Love is from Above’
‘And We Can Force You to Be Free’
‘And We Can Force You to Believe' »

And I close my eyes and tighten up my brain
For I once read a book in which the lovers were slain
For they knew not the words of the Free States’ refrain
It said:
‘I believe in the Power of Good’
‘I Believe in the State of Love’
‘I Will Fight For the Right to be Right’
‘I Will Kill for the Good of the Fight for the Right to be Right’


And I open my eyes to look around
And I see a child laid slain
On the ground
As a love machine lumbers through desolation rows
Ploughing down man, woman, listening to its command
But not hearing anymore
Not hearing anymore
Just the shrieks from the old rich

And I want to believe
In the madness that calls ‘Now’
And I want to believe
That a light’s shining through
Somehow

And I want to believe
And you want to believe
And we want to believe
And we want to live
Oh, we want to live

We want to live
We want to live
We want to live
We want to live

I want to live
I want to live
I want to live

I want to live
I want to live
I want to live

Live
Live
Live

David Bowie

Je vous bénis follement,
Tristement comme je noue mes chaussures
Je t’aime mal,
Juste à temps, parfois, je suppose
A cause de toi, je dois me reposer
Parce que c’est toi
qui fixe le test
Tant de choses ont disparu
et peu sont nouvelles
Et comme le moineau chante
Pour l’aube
Quelqu’un d’autre à entendre
Le Penseur est assis seul en train de vieillir
Et si amer

« Je leur ai donné la vie
Je les ai tous donné
Ils drainés mon âme
…sec
J’ai écrasé mon coeur
pour soulager leurs douleurs
Aucune pensée pour moi n’en est sorti
Rien ne peut les épargner
Et moi ?
Qui a salué leurs efforts
d’être libre?
Mots de force et de soins
et de sympathie
J’ai ouvert les portes
qui aurait bloqué leur chemin
Je bravé Leur cause pour les guider,
pour un maigre salaire

J’ai ravagé mes finances juste pour eux
Ceux dont les demandes ont été plongés dans la paix, la tranquillité
Ceux qui ont dit un nouveau monde, de nouveaux chemins toujours libre
Ceux qui ont promis de s’étirer dans l’espérance et la grâce pour moi « 

Je vous bénis follement,
Tristement comme je noue mes chaussures
Je t’aime mal, Juste à temps,
parfois, je suppose
A cause de toi, je dois me reposer, oh oui
Parce que c’est toi
qui fixe le test

Tant de choses ont disparu
et peu sont nouvelles
Et comme le torrent du lever du soleil
Vacille sur moi,
Mes amis parlent
De la gloire, des rêve indicibles, où tout est Dieu et Dieu est juste un
mot

« Nous avons eu un ami, un homme parlant
Qui a parlé de nombreux pouvoirs qu’il avait
Pas le meilleur des hommes, mais le notre

Nous l’avons utilisé
Nous l’avons laissé utiliser ses pouvoirs
Nous l’avons laissé remplir nos besoins
Maintenant, nous sommes forts

Et la route arrive à sa fin
Maintenant, les damnés n’ont pas le temps de faire amende honorable
Aucune bourse de fortune se trouve sur notre chemin
Les canons silencieux de l’amour
feront exploser le ciel
Nous avons cassé la structure rompu construite de l’âge
Nos armes étaient les langues de la rage pleurante

Lorsque l’argent était là
Nous avons planté les graines de la renaissance
Et poignardé le dos des pères
fils de poussière

Infiltré des fosses d’aisances d’affaire
Détestant à travers nos manches
Oui, et nous avons égorgé les catholiques
Soûlé les pauvres
De slogans tels que

‘Si vous pouviez entendre’
‘L’amour est tout ce dont nous avons besoin’
« Jette Les Jams ‘
« Jette ta mère’
‘Hache ton ami’
‘Bousille ton frère ou Il t’aura à la fin’

Et nous savons que le drapeau de l’Amour vient d’en haut
Et nous pouvons vous forcer à être libre
Et nous pouvons vous forcer à croire « 

Et je ferme les yeux et renforce mon cerveau
Car une fois j’ai lu un livre dans lequel les amants ont été tués
Car ils ne savaient pas les paroles du refrain des États Libres
Ça disait:
« Je crois en la puissance du bien
Je crois dans l’État de l’Amour
Je vais lutter pour le droit d’avoir raison
Je tuerai pour le bien de la lutte pour le droit d’avoir
raison »

Et j’ouvre les yeux pour regarder autour
Et je vois un enfant jeté morts
par terre
Comme une machine d’amour se traînant à travers des rangées de désolation
Labourant homme, femme, qui écoutent ses commandements
Mais qui n’entendent plus maintenant
Qui n’entendent plus maintenant
Que les cris des vieux riches

Et je veux croire
Dans la folie qu’ils appellent ‘Maintenant’
Et je veux croire
Qu’une lumière brille à travers
D’une manière ou d’une autre

Et je veux croire
Et vous voulez croire
Et nous voulons croire
Et Nous voulons vivre
Oh, nous voulons vivre

Nous voulons vivre
je veux vivre


Traduction chelou par Gloogloo

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Computer’s Cygnet Committee
Anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 mars 2023

Cher journal, je sens que nous sommes attirés collectivement par une énergie sombre. J’ai le sentiment que, sous les aspects d’une vie légère malgré ses contraintes, sous le vernis de notre confort de privilégiés asphyxiés, l’arbre de la décrépitude forme ses racines, alimentées par la sève de nos renoncements. J’ai peur d’assister à la tragédie cosmique, l’expansion universelle de notre inhumanité. Mais cette crainte ne m’empêchera pas de lutter vigoureusement, follement librement, et mes armes seront sans cynisme ni amertume. C’est pleine d’amour, de tendresse et de désirs éternels que je regarderai, sans faillir, sans détourner les yeux, se disperser les résidus stellaires de l’Olympe anéantie.

L’inédit de la semaine : 2ème mouvement

Second round

On retourne à L’Atelier des Bourdons cette semaine, pour le deuxième mouvement de cette suite improvisée en public chez les merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, et rendez vous là pour retrouver l’intégralité à venir (c’est carrément un voyage dans le temps, vers une sorte de futur antérieur, balèze, j’adore les hyperliens). Bon, maintenant que tout cela avance, il va falloir trouver un titre à cette folie. Alors à toi de jouer, entre deux pas de danse tu vas trouver le temps de nous suggérer des idées, j’en suis sûr. Écris-nous à cette adresse : jaiuneideepourlenomdevotresuiteimprovisee@gromail.mail, et si ta proposition est retenue on t’offre un an de cours de flamenco à Château-Chinon. Elle est pas belle la vie ?

XIII – Bohémiens en Voyage

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Golgatha
Katharina Heise (Karl Luis Heinrich-Salze), 1918
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

24 février 2023

Cher journal. Cher journal, je lis les traces du passé. Je lis les traces du passé dans tes pages. Les traces du passé dans tes pages sont des lignes. Dans tes pages sont des lignes de vie. Des lignes de vie qui me racontent. Qui me raconte à travers toi ? A travers toi je suis vivante, je suis vivante entre les lignes. Entre les lignes, la page blanche…
Cher journal, j’écris des traces du passé. J’écris des traces du passé dans tes pages, des lignes de vie que je me raconte entre les lignes, vivante à travers toi, au-delà de la page blanche.
Cher journal, je brise tes pages blanches de mes cris, je fragmente ma vie, j’entre dans les lignes du passé qui me racontent en traces, qui me lient à toi, cher journal.

L’invité de la semaine : TbPn – Les Stries De L’Arbre

L’esprit de l’arbre

Le nouveau groupe invité cette semaine (après Kino-Sounds le mois dernier), nous est présenté par Matthias. Merci d’accueillir maintenant la formidable formation TbPn ! Ce duo est un rubis à l’éclat miroitant, avec Xavier Camarasa au piano préparé & Matthias Mahler au trombone toujours prêt ! Ils nous proposent aujourd’hui Les Stries de l’Arbre, morceau composé par Xavier Camarasa, tiré de leur deuxième album : Mémoires de formes. Enregistré en 2019 par Jean-Charles Mouchet, l’album est déjà disponible sur Bandcamp, ainsi que le premier disque au titre éponyme TbPn. Ça se danse en cercles excentriques, rotation anti-horaire, à cloche-pied en marche arrière… Accroche-toi aux rhizomes !

Papi dit qu’une souche est un arbre dont la mémoire est à découvert. Celle de son saule l’a attendu au milieu de la petite place jusqu’à ce qu’il ait assez de force pour sortir s’asseoir au soleil et finir de se rétablir. La main de feuilles l’avait soigné et avait fait retomber sa fièvre pour de bon. À présent, la souche l’attendait au milieu de la placette. Papi s’est approché peu à peu. Il croyait voir encore l’ombre de son saule sur le sol et entendre le chuchotement des branches qui se frôlent. Mais le soleil envahissait tout à présent, le soleil et un silence de bois.

(…)

Papi raconte que s’asseoir sur une souche, c’est comme entrer dans l’arbre et voir tout ce qu’il a vu, arrêter le temps pour regarder à l’intérieur de l’arbre, et en nous aussi. Cette souche-là n’était qu’un tabouret pour un enfant de onze ans. Tout ce que cet arbre avait vu se réduisait à cette petite place. Mais soixante ans plus tard, papi se rappelle ce moment comme si c’était hier. Et à présent je me le rappelle pour lui.  » Demain ils viennent l’arracher. « 

Tina Vallès, La mémoire de l’arbre

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Xavier au Pn & Matthias au Tb
TbPn, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 février 2023

Cher journal, je traverse l’hiver et la fatigue à la rencontre du désarroi ambiant. De loin en proche, le soleil semble se tenir à l’écart des cœurs et des âmes. Le gel atteint nos artères, éteint nos ardeurs, le vide étreint nos peurs. Certains, réels, subissent, endurent, tentent de résister, souffrent au-delà de la vie. La faim les engourdit, la fin les surprend. Ceux qui sont épargnés habitent des corps immobiles et dévitalisés, sourds, indifférents. Perdus sans balise, aucun espoir dans aucune promesse, l’aridité est leur vérité. Dans cet immense glacier humain désolé, une étincelle, une lueur vacille et se maintient. Je veux la protéger, alimenter le brasier de ce foyer impertinent, afin de voir un jour, ce soir, maintenant, cette flamme d’espoir devenir un immense feu de joie. Je suis une empathe.

L’avant-première de la semaine : Azy Brd

Retour vers le futur !

Un mois après un premier titre éponyme, nous revoici plongés dans le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza, Playtime, qui sortira le 07 avril 2023. En exclusivité et en avant-première, nous vous présentons Azy Brdprononcer [azy brd]. Quand nos arrangements s’éloignent d’une pièce originale par détours et raccourcis, on a pris l’habitude d’appeler ça un dérangement ! En voici un exemple typique, ce morceau se situe au carrefour (un jour d’embouteillages) des standards Lady Bird de Tadd Dameron, Lazy Bird de John Coltrane, et du Lover Man de Davis, Ramirez & Sherman. Ça se danse en sautillant, cabrioles autorisées, entrechats recommandés, et si tu filmes : fais tourner…

Ladybird

We fit together like two birds of a feather
The perfect combination and it couldn’t be better
If you just say the word, I’ll leave my lonely world
I’ll fly with you, ladybird

Just like a robin in the harbinger of spring
I’d have this urge to fly since you’ve given me wings
Please don’t you say goodbye, I’ll have to leave the sky
Just fly with me, ladybird

Tadd Dameron

Coccinelle

Nous nous emboîtons comme deux oiseaux d’une plume
La combinaison parfaite et ça ne pourrait pas être mieux
Si tu dis juste un mot, je quitterai mon monde solitaire
Je volerai avec toi, coccinelle

Tout comme un rouge-gorge dans le signe avant-coureur du printemps
J’aurais cette envie de voler depuis que tu m’as donné des ailes
S’il te plaît, ne dis pas au revoir, je vais devoir quitter le ciel
Vole juste avec moi, coccinelle

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Journal Intime & Jérémie Piazza
Poll Pebe Pueyrredon, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 février 2023

Cher journal, je sens que je suis au début de quelque chose. Je ne sais pas. Je cherche, je ressens, je rechercher, attentive aux interstices, à l’infime, avide du vertige, tendue par l’angoisse inévitable de ne rien trouver, pas même le silence, moins que le vide et l’ignorance. Qu’y a-t-il derrière ma peur ? J’espère y trouver un atome de vérité, le débris d’une délicatesse, l’authentique odeur d’une lumière vive, l’éclat du temps fragmenté… Rien que le grain d’un geste fou, que je pourrais faire germer en mon cœur, au chaud de mon corps, à l’abri de la fiction, authentique danse de vie, sève vigoureuse qui, plus tard, peut-être, passionnément, à la folie, deviendra pure énergie.

L’inédit de la semaine : 1er mouvement

La danse du crabe ?

Nous voici de retour en trio cette semaine avec une pièce inédite, youpi, enregistrée en public au cours d’un concert entièrement improvisé à l’Atelier des Bourdons le 15 janvier dernier. Énorme merci à Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal pour avoir organisé ce concert ♡ Et merci également aux merveilleux spectateurs de tous ages pour leur écoute si précieuse, c’était une première pour nous, et ce fut un bonheur immense ♡ De cette folle soirée nous sommes en train d’extraire une suite dont voici le premier mouvement. Alors oui, tout le monde dansait au concert, donc si tu restes assis devant ton ordi, c’est toi qui perds !

449

I died for Beauty —but was scarce
Adjusted in the Tomb
When One who died for Truth, was lain
In an adjoining Room—

He questioned softly « Why I failed »?
« For Beauty », I repliesd—
« And I —for Truth —Themself are One-
We Bretheren, are », He said—

And so, as Kinsmen, met a Night—
We talked between the Rooms—
Until the Moss had reached our lips—
And covered up —our names—

Emily Dickinson

J’étais morte pour la beauté, mais à peine
Etais-je installée dans la tombe
Qu’un autre, mort pour la vérité,
Fut mis dans une chambre à côté—

Doucement il demanda «pourquoi j’étais tombée»;
«Pour la beauté», répondis-je—
«Et moi, pour la vérité, c’est tout un—
Nous sommes frère et sœur», dit-il—

Et ainsi, comme des parents rencontrés la nuit,
Nous parlions d’une chambre à l’autre—
Jusqu’à ce que la mousse atteignît nos lèvres—
Et recouvrît —nos noms—

Traduction Charlotte Melançon

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

The restless image : a discrepancy between the felt position and the seen position
Rose Finn-Kelcey, 1975
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

27 janvier 2023

Pardon… Entracte messieurs-dames, police ! Cher journal, je suis désolée de cette rature, c’est ma cousine Mireille qui a joué avec toi en mon absence, c’est malin, ça laisse des traces… En vrai je l’adore, et c’est moi qui voulait qu’elle te lise… On est comme ça entre cousines, on partage nos secrets. Moi aussi je t’aime ! Bon, je sens que ça va être compliqué, je te laisse en sa compagnie pour le we. Poisson d’avril ! Lol.

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – Policier Du Dimanche Soir

L’invité du vendredi matin

Encore une nouvelle rubrique sur le blog : en dehors du trio Journal Intime nous jouons individuellement avec d’autres musiciens, et on trouvait ça chouette de vous ouvrir ces univers à travers une sorte de carte blanche d’inédits. Sympa, non ?

Aujourd’hui, l’invité de la semaine c’est le groupe Kino-Sounds, auquel participe Sylvain. Créé sous l’ONJ de Daniel Yvinek, avec Yoann Serra à la batterie dans sa première formule, Kino-Sounds a sorti un disque en 2014 chez Nomad Music : Virtual Crimes. Voici en exclusivité un premier extrait du nouveau disque qui sortira (enfin !) en numérique sur Bandcamp le 30 juin 2023 : Le policier du dimanche soir. Composé par Rémi Dumoulin et enregistré par Matthieu Metzger en avril 2019 à l’Estran de Guidel (merci encore à Xavier Lejeune !), c’est avec Rémi Dumoulin au saxophone ténor, Matthieu Metzger au saxophone alto, Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, & Sylvain Bardiau au bugle. Bienvenue chez-nous-chez-vous les amis !

Première lettre

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes
mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires
coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.

Paul Valéry, La crise de l’esprit, 1919

~

Il n’y a donc plus de film policier, non plus d’ailleurs que de roman policier. La source est tarie, le renouvellement impossible. Que reste-t-il sinon le dépassement ? Suivant en cela tous les autres genres qui firent la gloire du cinéma américain d’antan, le film policier, n’existant plus par lui-même, reste un merveilleux prétexte.
A l’intérieur des civilisations – à qui Valéry apprit leur sort – les succès, les modes, les genres sont mortels. Restent les œuvres, réussies ou ratées, mais expression sincère des préoccupations et des idées de leurs auteurs.
(…)
En vertu de quoi, peut-on objecter, ce dernier film est-il plus sincère que l’autre ? En vertu de sa maladresse même ! L’assimilation parfaite d’un genre ne revient bien souvent qu’a une complète soumission à celui-ci ; pour faire un film policier, il faut et il suffit qu’il ait été conçu comme tel et que, par corollaire, il ne soit composé que des éléments d’un film policier. Le genre commande à l’inspiration, qu’il retient et enferme dans des règles strictes. Il faut alors, on le reconnaîtra, un talent hors du commun pour rester soi-même au sein d’une aussi étrange entreprise (…) ; ou bien une inspiration, des aspirations, une vision du monde qui s’accordent naturellement avec les lois du genre.

Claude Chabrol, Les Cahiers du Cinéma, 1954

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Musiciens sur fond vert
Kino-Sounds, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

20 janvier 2023

Cher journal, il est 23h35 et je sors d’un merveilleux concert de ma bff Clémentine. Je suis toute en joie de ce moment passé dans son univers tangentiel – contrairement aux univers parallèles, ici on s’entrecroise dans des éclats de vie. ♡
Cher journal, il est enfin 19h15, je sors de cette folle journée éreintée et je file au métro, j’ai hâte d’être au concert ! Ça doit être la fatigue mais j’ai une impression étrange de désordre.
Il est déjà 13h27 et je ne suis pas prête pour ce rendez-vous, pétrifiée par une épaisseur chronologique, prise dans une tempête diachronique, sensation de désordre persistant. Il faut que je me bouge, vite.
Il est 09h48, levée depuis plusieurs heures déjà, ai finalement identifié mon trouble : j’ai l’impression de remonter le temps, et que l’avant s’efforce à prendre une place ici et maintenant. Les saillies temporelles que je subis depuis ce soir me laissent sans défense, nue face au vacarme de mon histoire intime. Je vais accueillir ces souvenirs avec bienveillance, d’un regard chaleureusement fraternel, occasion d’apaiser le passé.
Il est enfin hier.

L’éphéméride de la semaine : Back In Black

Back in Past

Avant d’ouvrir ce blog, on avait déjà l’habitude d’enregistrer notre musique sans pouvoir la diffuser largement ni sortir de disque (ou bien sous le manteau). Ce sont donc des presques-inédits que nous aimerions partager avec vous à travers ce rendez-vous dans nos annales, une fois par mois.

Pour ce premier éphéméride, nous vous proposons un retour à la formation séminale de Journal Intime : le trio se rencontre à l’origine au sein de la fanfare Les Faux Frères en 2001 – « Les Bulles » à l’époque (sic). En compagnie des ♡ fabuleux ♡ Fabien Kisoka (saxophone ténor), Fabrice Lerigab & Laurent Di Carlo (batterie décomposée), nous avons parcouru les routes nationales à dos de camion (ce fameux Tour de France 2001, toute une aventure, il faudrait un blog entier juste pour en narrer l’épopée…). Après plusieurs maquettes, nous enregistrâmes un disque qui circula sous le manteau à partir de 2015, Le Bal Des Faux Frères. En voici donc un extrait, Back In Black, adaptation de la chanson d’AC/DC qui signait le retour du groupe écossano-australien (?) après le décès de leur chanteur Bon Scott, et lui rendaient hommage en le transfigurant de retour du royaume des morts, tel un phénix flamboyant surgissant du brasier de l’autoroute pour l’enfer… Oh yeah !

Back In Black

Back in black, I hit the sack
I’ve been too long, I’m glad to be back
Yes, I’m let loose from the noose
That’s kept me hanging about
I’m just looking at the sky ’cause it’s getting me high
Forget the hearse, ’cause I’ll never die
I got nine lives, cat’s eyes
Abusing every one of them and running wild

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Back in the back of a Cadillac
Number one with a bullet, I’m a power pack
Yes, I’m in a bang with a gang
They’ve got to catch me if they want me to hang
‘Cause I’m back on the track and I’m beatin’ the flack
Nobody’s gonna get me on another rap
So, look at me now, I’m just making my play
Don’t try to push your luck, just get out of my way

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Ah, yeah
Oh, yeah
Take my love
Yeah, yeah
Yeah
Ah, hey yeah
Ooh, yeah

Well, I’m back (I’m back)
Back, well I’m (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back, back in black
Yes, I’m back in black

I’ve hit the sack

AC/DC, Back In Black

De retour en noir, j’me pieute
Y’a bien trop longtemps que je suis parti ! J’suis content d’être de retour
Oui, je me suis défait du nœud coulant
Qui me retenait pendu
Je garde mes yeux rivés au ciel, ça me donne du courage
Oubliez le corbillard, car je ne mourrai jamais !
J’ai 9 vies, des yeux de chat,
Je vais m’occuper de chacun d’eux et me déchaîner !

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

De retour à l’arrière d’une Cadillac
J’suis le roi de la gâchette, je suis de la dynamite
Oui, je règle mes comptes avec un gang
Va falloir qu’ils m’attrapent s’ils veulent me pendre
Car je suis de retour sur la piste
Et j’annonce la couleur
Cette fois-ci, personne ne me prendra sur le fait !
Maintenant, regarde-moi, je joue juste mon rôle
N’essaie pas de forcer ta chance et barre-toi de mon chemin

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

Ah ouais
Oh ouais
Prends mon amour
Yeah Yeah
Ouais
Ah, hé ouais
Oh, ouais

Bien, je suis de retour (je suis de retour)
De retour je suis bien (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour, de retour en noir
Oui je suis de retour en noir

J’me pieute

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LE BAL DES FAUX FRERES
Journal Intime, 2015

Bonus extra n°1 : en 2016 nous avons finalement sorti un enregistrement Live à l’Ajmi du Bal Des Faux Frères que vous pouvez écouter ou vous procurer ici.

Bonus extra n°2 : Le Bal des Faux Frères avec ♡ Marc Ducret ♡ / Live à Berlin / Back In Black
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

13 janvier 2023

Cher journal, je suis furieusement habitée. Par le feu, par la foudre. La tempête incendiaire en permanence bouillonne en moi. C’est la danse, la transe qui m’émeut, et je la vois partout, je la ressens tout le temps. Je la cherche, je crois. Tout est prétexte pour laisser jaillir la fièvre. Un instant, une fête, l’anniversaire d’un aimé, d’une amie, la rencontre de l’alter, à la ville, même au cœur de l’immense vide surpeuplé de l’urbanisme citadin. Surtout dans la jungle dépeuplée et dense d’une nature animée. Face à l’animal, au végétal, au cœur du minéral, c’est le règne de l’intense. Partout je sens battre mon pouls, saillir mon sang à travers mes veines effervescentes. Vaines effervescences, folles passions pathétiques. Je suis une flamme qui danse.

L’avant-première de la semaine : Playtime

Jour de fête !

Merci pour vos messages de soutien, nous aussi on est heureux de vous retrouver ici ! Dernier rappel pour Le Livre De La Jungle à Achères ce samedi 14 janvier, à 16h. A noter également que dimanche 15 janvier, à 17h, nous ferons un concert à l’Atelier Des Bourdons, à Gagny (93), nouveau lieu inventé par Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal (infos et réservations : atelierdesbourdons@gmail.com). La bonne nouvelle c’est que ce concert aventureux sera improvisé et enregistré en vue d’une diffusion sur ce blog ! Autant te dire que si tu veux danser dimanche, tu sais où ça se passe…

Aujourd’hui, un son un peu particulier : en avant-première voici le premier titre, Playtime, de notre prochain album, PLAYTIME (oui…), qui sortira le 7 avril 2023 sur le label Neuklang, disque enregistré par Céline Grangey (spéciale dédicace et immense merci infini), mixé par Jerry Square et masterisé par Philipp Heck. Le fabuleux Jérémie Piazza à la batterie & Journal Intime aux cuivres, c’est une chouette histoire qui dure depuis cette tournée mémorable dans les pays Baltes organisée en 2020 par l’inimitable ♡ Charles Gil ♡. Voici donc un extrait du premier disque de ce quartet, écrit par James Campbell, tiré du film de Jacques Tati : Playtime. Et pour jouer avec tout ça, il nous fallait évidemment des invités magnifiques : merci d’accueillir chaleureusement Sébastien Palis à l’orgue B3 & Marc Ducret à la guitare. Allez, maintenant c’est l’heure de la récré ! Tu viens jouez avec nous ? C’est Jérémie le chat…

De l’éclectisme au doute

— Ne crains-tu pas que ce retour aux éléments, que cette simplification systématique dont on semble faire une loi à l’art moderne ne finissent par fixer cet art en général, et l’architecture plus particulièrement, dans une recherche purement théorique et trop intellectuelle pour satisfaire à la fois aux exigences de notre esprit et à celles de notre corps ? L’homme n’est pas un pur esprit. Et quand on voit ces grandes constructions aux lignes unies et surtout ces intérieurs où tout semble répondre à un strict et froid calcul, on se demande si l’homme pourrait se satisfaire d’y demeurer.
— Tu as raison. Ce retour aux éléments primordiaux, cet affranchissement de tout ce qui n’était pas l’élément primordial, répondaient à une nécessité. Il fallait se décharger d’une oppression pour sentir à nouveau la liberté. Mais cette froideur intellectuelle à laquelle on était arrivé et qui ne traduisait que trop bien les dures lois du mécanisme moderne, ne peuvent être qu’un passage. Il faut bien de nouveau retrouver l’être humain dans l’apparence plastique, la volonté humaine sous l’apparence matérielle, et le pathétique de cette vie moderne dont on n’avait vu d’abord qu’une sorte de traduction en langage algébrique.
— De quel pathétique veux-tu parler ?
— De ce pathétique qui est inséparable de toute vie véritable.
— Tu veux dire en somme, retrouver l’émotion.
— Oui, une émotion purifiée et qui peut s’exprimer de mille façons.
Il n’est pas besoin de retourner aux anciennes complications : le seul choix d’une matière belle en soi, et travaillée avec une simplicité sincère y suffit quelquefois. Il fallait reconstruire un idéal capable de satisfaire la conscience moderne la plus générale, sans cependant cesser d’avoir en vue la joie de l’individu et en se gardant de toute outrance.
— Ainsi tu préconises un retour aux sentiments, à l’émotivité !
— Oui, mais encore une fois, à une émotivité purifiée par la connaissance; enrichie par l’idée, et qui n’exclut point la connaissance et l’appréciation des acquisitions scientifiques. Il ne faut demander aux artistes que d’être de leur temps.
— Tu veux dire de vivre avec leur temps et de l’exprimer.
— Oui, sans aucun artifice, d’aucune sorte. L’œuvre belle est plus vraie que l’artiste.

Eileen Gray & Jean Badovici, L’Architecture Vivante, Automne-hiver, 1929

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

PLAYTIME – LE DISQUE
Journal Intime & Jérémie Piazza, 2023
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

04 février 2022

Cher journal, ça n’a jamais été aussi difficile de t’écrire. Pourtant cela fait un mois que je n’attend que ça, impatiente : je suis en manque de toi depuis trop longtemps. Te retrouver est une libération ! Après cette longue nuit aux cauchemars récurrents, ces journées sans saveur et leur langueur infinie, après la solitude immobile, je sens que la vie revient dans mes veines, que la chaleur reprend possession de mon corps. Si lentement. Presque douloureusement, si brutalement. Une lumière vigoureuse se pose sur mon échine engourdie, et les ombres disparaissent dans un scintillement intensément vif. Un frisson fabuleux me parcourt, et encore, le temps est suspendu, le plaisir est immense. Que l’aurore soit éternelle !
Merci d’être toujours là…

L’inédit de la semaine : Dry & Naked n°1 – The Writing

C’est l’heure du bilan…

En janvier 2021 nous avons lancé ce blog comme un jeu, un défi un peu fou : poster chaque semaine, pendant un an, un nouveau morceau inédit, enregistré pour l’occasion ! La règle, c’était de ne pas sortir des archives ni de rediffuser nos disques, mais bien de créer à flux tendu, en assumant toutes les étapes de la production : depuis l’écriture jusqu’à la diffusion en ligne, en passant par l’arrangement, l’enregistrement, le montage, le mixage, etc… On s’est lancé en se disant que, même si ça ne tenait pas, ce serait déjà chouette d’essayer. Et puis on s’est pris au jeu, les retours des auditeurs étaient tout de suite enthousiastes, il se passait quelque chose, dès le début. Alors on s’est accroché, faut dire qu’on avait du temps libre, mais surtout ça nous a fait un bien fou ! Ce fut une année longue et compliquée, systématiquement parsemée de nuits blanches (une à deux par semaine, parfois trois, quasiment tous les jeudis pour le bouclage), mais c’était tellement bon qu’on a tenu ferme. En une année, nous avons donc enregistré/monté/mixé/mis-en-ligne 49 titres audios et 15 vidéos, partagé nos rencontres avec des invité.e.s magnifiques (coucou les ami.e.s ;), posté un paquet de photos et de gifs idiots, même des jeux et des tutos ! Le tout accompagné d’extraits de textes qui nous touchent et nous inspirent. Tout ça grâce à vous – vous êtes plus de 5 000 visiteurs réguliers, depuis une cinquantaine de pays – vos commentaires et vos encouragements. Ce blog nous a permis de créer un nouveau lien avec vous, anciens compagnons de l’aventure Journal Intime et nouveaux amis qui nous découvrez ici. Puis nous avons mis en place un soutien financier via la plateforme Tipeee, parce que, même si nous tenons à diffuser cette musique en libre accès sur internet, cela a un coût. Alors un grand merci à nos ami.e.s Tipeuse/eurs qui permettent que cela soit possible ! ♡ D’ailleurs grâce à elleux, vous pouvez retrouver tout le blog sur YouTube (et en HD sur SoundCloud), classé par mois sous forme de playlists. N’hésitez pas à aller faire un tour, c’est pratique pour écouter les morceaux en boucle ! Vous y retrouverez notamment une playlist avec toutes les vidéos, une autre contenant tous les morceaux avec Fabe Beaurel Bambi, aussi une playlist sur Le Livre De La Jungle, etc…

Et maintenant ?

Ce blog, c’est une danse improvisée à trois, trois voix, trois corps, trois vies. On ne va pas chercher à tout prix à continuer sur ce rythme fou, les tournées avec différents projets nous éloignent trop régulièrement les uns des autres. Mais on a des idées pour continuer quand même, on verra à quel rythme, et surtout si vous êtes toujours au rendez-vous. Et pour bien commencer l’année, voici une composition collective prise sur le vif ! Quand on se retrouve en improvisation, c’est une solitude commune face à la page blanche, un vertige avant le grand saut, une confiance les uns envers les autres, et surtout beaucoup d’amour. On ne vous fait plus de dessin, vous savez très bien comment ça se danse !

Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. Être sans sujet aucun de livre, sans aucune idée de livre c’est se trouver, se retrouver, devant un livre. Une immensité vide. Un livre éventuel. Devant rien. Devant comme une écriture vivante et nue, comme terrible, terrible à surmonter. Je crois que la personne qui écrit est sans idée de livre, qu’elle a les mains vides, la tête vide, et qu’elle ne connaît de cette aventure du livre que l’écriture sèche et nue, sans avenir, sans écho, lointaine, avec ses règles d’or, élémentaires : l’orthographe, le sens.

(…)

La délivrance c’est quand la nuit commence à s’installer. Quand le travail cesse dehors. Reste ce luxe que nous avons, nous, d’en pouvoir écrire dans la nuit. Nous pouvons écrire à n’importe quelle heure. Nous ne sommes pas sanctionnés par des ordres, des horaires, des chefs, des armes, des amendes, des insultes, des flics, des chefs et des chefs. Et des poules couveuses des fascismes de demain.

Marguerite Duras, Écrire

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

We are Three Women. We are Three Million Women
Barbara Morgan, 1938
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

31 décembre 2021

Cher journal, je t’écris depuis un an déjà. Pour fêter ça, ce soir je vais faire la fête avec mes meilleures amies, mes héroïnes, elles me soutiennent et ça me fait tellement chaud au cœur de les savoir à mes côtés, je les adore ! Ça va être dingue cette soirée : il y aura Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier. On retrouvera plein d’autres copaines sur le dancefloor bien sûr, et je les aime aussi ! ♡

L’inédit de la semaine : Eros Therapy

10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1…

Quel Marathon ! Immense merci à nos tipeuses/eurs, et à touste celleux qui nous ont encouragés par de si doux messages… C’est vous qui nous avez fait tenir, avec ce lien intense que nous avons découvert ensemble au fil de toutes ces semaines. Merci d’avoir été fidèles au rendez-vous, on se retrouve tout bientôt ici même… Allez, c’est pas encore l’heure des bilans, là faut danser, bamboche pour tout le monde ! Tiens, sur le son du jour, Eros Therapy, mis en forme par Frédéric, tu va pouvoir chanter, improviser avec tes binious, et bien sûr guincher toute la nuit dessus, c’est une musique dont tu es le héro.ïne ! Alors filme-nous tout ça et fait tourner la cassette, en échange on te met la vidéo de notre dernière soirée au local, tu vas voir y avait du monde !

La vidéo bonus de la semaine : HASTA SIEMPRE, SUBCOMANDANTE

Marcos, La dignité rebelle

Le zapatisme, plus qu’un exemple à suivre, est un symptôme. L’insurrection du 1er janvier 1994 signifie qu’une partie de la population d’Amérique latine refuse d’accepter la logique d’une disparition silencieuse. Le zapatisme n’est pas la règle qui dit aux indigènes des autres pays ce qu’ils doivent faire. Nous partageons plutôt le même sentiment de marginalisation et d’exclusion. Ainsi que la volonté de résistance qui nous pousse à dire : nous ne voulons pas que le monde continue sans nous, nous ne voulons pas disparaître. Mais nous ne voulons pas non plus cesser d’être ce que nous sommes. C’est un processus d’affirmation de notre différence. La lutte des indigènes d’Amérique latine c’est la volonté d’affirmer : nous voulons faire partie de l’histoire nouvelle, de l’histoire du monde ; nous avons quelque chose à dire et nous ne sommes pas disposés à être ce que vous voulez que nous soyons. Nous ne voulons pas nous transformer en sujets dont la valeur sur l’échelle sociale serait déterminée par le pouvoir d’achat et le pouvoir de production.

Ignacio Ramonet & le sous-commandant Marcos

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Mille mercis à nos ami.e.s musicien.ne.s qui sont passé cette année sur le blog, on vous adore ! ♡ Raphaëlle  »L » Lanadère Yann Péchin Marylou Abdelghani & McG Nicolas Gastard Florent Hamon Fabe Beaurel Bambi On se retrouve l’année prochaine ?

ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.