29 octobre 2021

Cher journal, et si le personnage héroïque c’était moi ? Si ma quête n’était noble et exotique seulement d’un tiers point de vue, au regard d’une personne différente, cela ferait-il de moi un objet de fiction ? Quand je me raconte à toi, qui suis-Je ? Peu importe sûrement la nature de mon être, réel ou fictif, ce sera toujours l’Autre qui me donnera vie. Si c’est l’altérité qui nous défini, il reste le champ de l’action à investir. Je suis l’artisane de mes actes, c’est à moi d’y mettre passion et sensations. Même un auteur doit se plier à la volonté de son personnage. Ainsi, avec enthousiasme et détermination, je peux être qui je veux, Gorgone ou Sappho, Sirène héritière d’Aspasi, déraisonnablement libre, joyeusement affranchie, une empoisonneuse, une guérisseuse, une Sorcière… Bouh !

L’inédit de la semaine : Witch Spleen

Fugere possum

Des bonbons ou un sort ? On a choisi les deux, et c’est Fabe « Trick-and-treat » Beaurel Bambi qui nous est apparu , tel une offrande infernale. Alors on a dressé un gigantesque bucher d’amour et composé à quatre âmes damnées ce Witch Spleen pour toi, veinarde ! Tu vas pouvoir danser sauvagement libre devant ton ordinateur de poche en attendant le grand Sabbat qui nous réunira mardi 09 novembre à la Dynamo de Banlieues Bleues. Alors viens avec tes copaines, déguisée ou pas, en sorcière ou banquière, avec ton bouc, ta chouette ou ton chat noir, en balai ou sous forme de chauve-souris, mais viens. On te prépare un rite initiatique et furieusement percussif dans ce temple du jazz libre, sur l’autel groove c’est tes arpions qu’on va sacrifier…

♡ Bienvenue à la nouvelle Tipeuse du blog (toutes les infos ici), qu’elle soit ici infiniment remerciée : Sufei.

Les héritières

Pendant la récréation, à l’école primaire, mes camarades et moi traquions [la sorcière] qui avait élu domicile derrière les buissons de la cour, obligés de nous en remettre à nous-mêmes face au flegme incompréhensible du corps enseignant. La menace flirtait avec la promesse. On sentait soudain que tout était possible, et peut-être aussi que la joliesse inoffensive, la gentillesse gazouillante n’étaient pas le seul destin féminin envisageable. Sans ce vertige, l’enfance aurait manqué de saveur. Mais, avec Floppy Le Redoux, la sorcière est définitivement devenue pour moi une figure positive. Elle était celle qui avait le dernier mot, qui faisait mordre la poussière aux personnages malfaisants. Elle offrait la jouissance de la revanche sur un adversaire qui vous avait sous-estimée (…)
À travers elle m’est venue l’idée qu’être une femme pouvait signifier un pouvoir supplémentaire, alors que jusque-là une impression diffuse me suggérait que c’était plutôt le contraire. Depuis, où que je le rencontre, le mot « sorcière » aimante mon attention, comme s’il annonçait toujours une force qui pouvait être mienne. Quelque chose autour de lui grouille d’énergie. Il renvoie à un savoir au ras du sol, à une force vitale, à une expérience accumulée que le savoir officiel méprise ou réprime. J’aime aussi l’idée d’un art que l’on perfectionne sans relâche tout au long de sa vie, auquel on se consacre et qui protège de tout, ou presque, ne serait-ce que par la passion que l’on y met. La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie.

Mona Cholet, Sorcières

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Rapide 2000 : fabrique toi-même ta lanterne en citrouille
Tuto anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.

09 juillet 2021

Cher journal, le temps ruisselle sur mon cœur comme un torrent fertile. Aux froides heures fades succèdent les minutes euphoriques et leurs instantanés d’ivresse. Quand, après des mois d’inertie et de gel émotif, la passion infuse à nouveau dans mes veines, la sensation parfois banale d’être en vie se charge d’un enchantement furieux. Une tempête se déclenche alors en moi, libère une énergie enfouie, me démultiplie à l’infini dans une transfiguration hétéronyme, réunissant en mon seul corps tous les visiteurs de mon infime existence. Je deviens le refuge d’une foule prodigieuse, Méduse puissante et radieuse. De mon regard intense, j’embrase le monde, son passé, son futur, et dans un acte de pure création, je chorégraphie un présent éternellement éphémère, hôte protecteur de nos passions chaotiques. Et toi, amie, tu danses !

L’inédit de la semaine : Prélude & fugue n°2 en la mineur, opus 87

Toccata russe.

Après un HipK flamboyant et percussif, nous faisons une pause avec Fabe Beaurel Bambi cette semaine, mais c’est pour mieux le retrouver tout au long de l’été ! Patience, on vous prépare votre playlist estivale. Ça va guincher en tongs sous le parasol, et on est bien content de ne pas voir ça… En attendant, voici en trio et dans un arrangement – dérangement ? – fait maison, une version quasi-métaphorique (résilience & complicité, mais on va pas tout intellectualiser ici non-plus, c’est juste le blog et on fait ce qu’on veut) du Prélude & fugue n°2 en la mineur, opus 87, de Dmitri Chostakovitch. La semaine dernière tu as sauté partout dans ton salon-cuisine-chambre à coucher, cassé le vase de mémé et renversé ton thé sur le chat, bravo. Cette semaine essaie de te filmer, on veut comprendre comment tu danses…

Roseau

À l’heure où s’écroulent les mondes,
Recevez ce don de printemps
Qui vient de l’ombre au-delà du Léthé,
En réponse à de plus beaux dons
Pour que, toujours indestructible,
Fidèle malgré les saisons,
La haute liberté de l’âme
Qui porte le nom d’amitié
Me sourie aussi gentiment
Qu’il y a trente ans…
La grille du Jardin d’été,
Et Léningrad sous la neige
Sont apparus, on dirait, dans ce livre,
Dans la brume des miroirs magiques
Et sur le Léthé pensif
Le roseau renaît et chante.

Anna Akhmatova Requiem

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Rapide 2000 : fabrique toi-même ton anche en roseau
Tuto anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François.