05 février 2021

Cher journal, nous sommes déjà en février, comme le temps passe vite quand on s’amuse ! Drôle de rêve cette nuit, je me suis réveillée en riant, ça m’a fait pleurer. Je naviguais sur une embarcation de fortune, vent dans le dos, quand un mur invisible m’empêcha d’aller plus loin. Le vent soufflant toujours, de plus en plus fort, je me sentais comprimée, j’étouffais mais je n’avais pas peur, consciente de mon statut de rêveuse. Sous pression, mon radeau se brise soudainement, et je chute dans un ciel nocturne, clair et dégagé. La Terre se met à tourner autour de moi, valsant avec les étoiles, et j’ai l’impression de tomber vers le haut. Un scintillement familier à la frontière de la voûte céleste attire mon attention, m’éblouit de chaleur et me remplit de joie. Tout en accélérant vers la lueur, je chante, à toute vitesse, exagérément vite, précipitée, enfiévrée, je ris, je suis hilare, je suis vivante.

L’inédit de la semaine : La Grande Lagune

Retrouver la fièvre…

Cette semaine, La Grande Lagune, improvisation à la manière des surréalistes, dont le titre est tiré d’un texte sublime de Greta Knutson, femme artiste invisibilisée comme tant d’autres. Essayer d’en savoir plus sur elle et sur son œuvre, voilà qui devrait vous occuper quelques soirées… Allez, comme on vous aime bien, voici en guise de mise en bouche le début de sa Lagune qu’on aime tant. On voulait vous expliquer un peu plus notre cuisine interne, comment sont préparées puis montées les improvisations, vous dire à quel point on croit en une fièvre inventive qu’il faut entretenir, pas facile tous les jours, et puis on s’est dit que non, que vous aviez déjà les oreilles pour écouter et le cœur pour battre la mesure, et que ça, c’est déjà tant…

Pour Mac, tendrement, infiniment.

La Lagune

Le pays n’avait plus de nom,
aucun voyageur ne connaissait plus son emplacement.
Le temps y dormait sous les cloches des églises effondrées.
La langue avec ses récits chantés était oubliée,
plantes et arbres des anciens étaient retournés à leur état sauvage ;
dans les bois rôdaient des taureaux et des béliers
qu’aucun chasseur n’eût osé approcher.

La grande lagune étendait ses eaux claires jusqu’à la mer,
scintillant au loin.

(…)

Greta Knutson, Lunaires

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Qui boira le vin nouveau ?
Croquis hétérogène anonyme inédit, XXIème siècle

29 janvier 2021

Cher journal, je suis trop contente, ma tante Maud adorée vient d’avoir un bébé, j’ai trop hâte de le voir, il est trop mignon sur les photos ! Je vais lui chanter des chansons folles et danser sur les mains pour le faire rire. Avant-hier le docteur Hyks m’a posé des électrodes autour du crâne : il m’a dit que j’ai eu un épisode épileptique tonique ou quelque chose comme ça, et que c’est pour ça que j’ai des trous de mémoire et que je me réveille parfois dans des états bizarres. Il me conseille de faire attention à ce que je mange mais surtout à ce que je bois. Je préfère ma dentiste, avec elle au moins on peut rigoler.

L’inédit de la semaine : I Wan’na Be Like You

Oh woupidoo, houp douwi, hap didou-bidouap.

Bon alors en termes de vidéos on a pas reçu grand chose, quelque part ça nous rassure sur ta santé mentale. Là par contre je crois bien qu’il va falloir danser à fond ce we, danser comme des singes ! Du coup, on vous propose de faire les conques avec nous sur la chanson I Wan’na Be Like You, toujours des frères Sherman, et encore une fois issue du Livre de la Jungle. Dans notre version scénique vous pourrez voir Florent Hamon & Nicolas Gastard brûler le parquet dans une chorégraphie diabolique, mais pour ça va falloir patienter un peu… M’enfin, imagine que c’est la folie dehors, et qu’il te reste UNE danse avant le chaos, en attendant la destruction du Palais des Singes, bah nous on te propose la bande-son, tu fais suivre les vidéos ?

Je voudrais devenir un homme
Ce serait merveilleux
Vivre pareil aux autres hommes
Loin des singes ennuyeux

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

La Danse du Singe
Gif anonyme inédit, XXIème siècle

22 janvier 2021

Cher journal, je vais mieux. De la chronologie ni des faits je ne peux garantir l’exactitude, mais voilà ce que je crois savoir. A la tombée de la nuit, l’envie me prit de sortir. Dehors, les choses paraissaient mortes partout autour. Les ténèbres et le silence. Un lointain scintillement nocturne retint mon attention, j’approchais mais la lumière se dérobait. Je ne sais combien de temps je suis restée allongée mais soudain je m’éveillais au sol, la gorge brûlante et le cœur bouleversé. La lueur avait disparu, mais l’objet qui l’avait produite était entre mes mains, et cette présence m’apaisait. Je suis rentrée à reculons, et me suis endormie épuisée. Je dois ranger ma chambre.

L’inédit de la semaine : Nocturne n°2

Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire…

A peine rentrés de la résidence de travail sur notre prochain spectacle autour du Livre de la Jungle, avec Florent Hamon & Nicolas Gastard, nous pouvons déjà vous proposer une petite version boisée du What’cha wanna do ? de Georges Burns. C’est le blues de Mowgli, et c’est un peu le spleen d’un long soir d’hiver solitaire… Mais ça, ce sera le bonus ! Parce qu’avant, on vous propose notre Nocturne n°2, fait maison, à trois bouches à peine voilées. Alors ça se danse sûrement, tu peux essayer, mais on veut bien que tu nous fasses passer la vidéo ! Que veux-tu, on est curieux quand on a 15 ans… On sort les pointes, on branche l’aïe-faune et on envoie les cabrioles.
Tutu correct exigé.

L’inédit bonus de la semaine : What’cha wanna do ?

– What are we gonna do today ?

– I dunno. What’cha wanna do ?


– I’ve got it ! Let’s flap over to the east side of the jungle. They’ve always got a bit of action, a bit of a swingin’ scene, all right ?


– Aw, come off it. Things are right dead all over.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : sauras-tu trouver les 7 différences entre ces deux photos ?

15 janvier 2021

Cher journal, hier je voulais faire la fête mais je me suis levée toute triste. Alors j’ai feuilleté un vieil album photo. Nostalgie de revoir ces visages du passé raconter leurs vies heureuses. J’ai eu envie de revoir le Livre de la Jungle, mais comme aucun cinéma ne le joue je vais le regarder sous la couette en buvant un chocolat brûlant. Et des spéculoos ? Je crois bien que je vais hiberner un peu. Demain j’essaie le moonwalk.

L’inédit de la semaine : Trust In Me

Ayons confiance…

Cette semaine nous sommes en résidence avec Florent Hamon & Nicolas Gastard pour préparer notre prochain spectacle, un dérangement de la musique des frères Sherman et de Georges Burns, pour une version ballet toute personnelle du Livre de la Jungle. En attendant de voir ça en chair transpirante et en os à moelle, voici une version sans claquette ni parapluies de Trust In Me. Un tigre à chevaucher, un serpent hypnotisant, des vautours lugubres : beaucoup d’épreuves pour un petit d’homme perdu au milieu des singes. Restent des bananes, toujours des bananes…

Sleep into silent slumber
Sail on a silver mist
Slowly and surely your senses
Will cease to resist

Trust in me, just in me
Shut your eyes and trust in me

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Tchutty cherchant à hypnotiser Matthias.

08 janvier 2021

Cher journal, l’hiver est bien là et je crois que je manque de vitamines, je n’ai pas mangé assez de fibres à Noël, mais ça va mieux. Avec mes amis on a fait le vœu de chanter toute l’année à défaut de danser, et ça nous fait du bien, alors on continue. Ce matin j’ai regardé pousser du persil, c’est fou comme ça monte mois vite que le thym. Je crois que j’ai cassé ma radio mais c’est pas grave, Mémé m’a ressorti son tourne-disque et le vieux casque à fil qui va avec, quel bonheur.

L’inédit de la semaine : Les Baricades Mistérieuses

Double dose !

Nous continuons à célébrer nos 15 ans avec cette semaine deux inédits, parce qu’ici on fait ce qu’on veut, et aussi parce qu’on est pas raisonnable quand on a 15 ans… On commence par une chouette pièce de François Couperin, Les Baricades Mistérieuses (sic), et enchainons avec un petit haiku maison en guise de massage sonore, Ciel de Bistre, dont le titre est tiré d’un poème de Verlaine qu’on aime beaucoup. Et comme on est décidément bien sympa, on vous le colle ici, même pas besoin de taper sur Glougueule. A écouter au casque pour profiter au maximum des bienfaits des vitamines ! Merci pour vos messages et commentaires, ça fait bien plaisir…

L’inédit bonus de la semaine : Ciel de Bistre

Marine

L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,

Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,

Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,

Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Barricades mystérieuses sous un ciel de bistre par grand brouillard.
Peinture numérique anonyme inédite, XXIème siècle.

1er janvier 2021

Cher journal, je n’ai pas été malade cette année mais d’autres si, et ça m’a rendue toute triste. Comme mon vœux d’année sabbatique de l’an dernier s’est exhaussé, j’ai eu le temps de réfléchir en parcourant le monde. Je crois que ce serait super chouette si Nina Simone jouait du trombone avec les Beatles, ça m’apporterait le soleil dans mon petit cœur tout fripé. Hier j’ai pas dansé, mais je compte bien me rattraper au gouter.

L’inédit de la semaine : Here Comes The Sun

Bienvenue chez nous !

En 2006, avec quelques ami.e.s (big love au passage Céline, Yann, Claude, Cédric, Tangi & toute l’Oreille Interne, on vous aime !), nous avons créé le trio Journal Intime. Pour fêter nos 15 ans, chaque semaine nous posterons ici un inédit, le travail en cours en quelque sorte, directement sorti de la cave. Ce sera brut, un peu sale et sans fioriture, mais ce sera plein d’amour et de sincérité. Ça nous fait plaisir, c’est cadeau ! Des surprises toute l’année, des invité.e.s (peut-être), de l’émotion et des cascades, des sentiments, de l’effroi, du rire, tout ça et plus encore ici même ! Ce blog, ce sera notre Carnet de Santé… Nous commençons l’aventure avec Here Comes The Sun des Beatles, d’après une version de Nina Simone. Bon voyage intérieur, et bonne année bien sûr !

Little darling, it’s been a long cold lonely winter
Little darling, it feels like years since it’s been here
Here comes the sun

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Bon, on voulait faire un super montage Grotoshop, deux nuits blanches et cinq tutos Tutube plus tard notre Miac a planté… Dommage, ça rendait trop bien l’idée d’un monde en ruine à l’arrière plan, et la promesse d’une bulle de bonheur dans la boule à neige avec nous dedans.