17 mars 2023

Cher journal, comme d’habitude en hiver, je retourne en enfance chaque nuit, et mes songes m’imprègnent du passé. Au réveil, confuse, il me faut un long temps d’intense concentration pour retrouver ma place au présent. Ces nuits sont le reflet d’une mémoire imparfaite par leurs souvenirs fanés. Les lieux se brouillent, les visages s’esquissent dans une déliquescence prématurée, au point de fusionner dans une hybridation confuse. Deviner qui se cache derrière ces amalgames autobiographiques relèverait de l’épreuve insurmontable sans l’aide précieuse des émotions persistantes. Car ce sont bien elles qui me reconnectent dans le rêve comme dans la réalité – deux fictions juxtaposées, le réel se raconte au passé, le présent est inaccessible à l’observation. C’est émue que je suis à nouveau guide de ma trajectoire, que je peux parcourir librement mes états et naviguer par delà éther & biosphère, à la rencontre de ces points de passage sensibles, les connections émotives. C’est là que, souvent, nécessairement, je la retrouve, maman.

L’éphéméride de la semaine : Angel

Les lèvres en feu !

Nouvel éphéméride retrouvé dans nos annales, retour sur le disque Lips On Fire, sorti en 2011 sur le Label Ouïe, avec les fabuleux Rodolphe Burger à la guitare & au chant, et Denis Charolles à la batterie. Enregistré lui aussi par le fidèle Guillaume Dulac, ce disque est entièrement composé par Jimi Hendrix ! On a fait des dérangements maison en essayant de garder l’esprit frondeur de Jimi (oui, on l’appelle Jimi !), avec une grosse recherche autours des timbres et des sons, tout en restant sur nos instruments acoustiques. Aujourd’hui on vous propose d’écouter Angel, chanson posthume de Hendrix, dédiée à sa maman Lucille dont la vision onirique le hantait depuis sa jeunesse. Alors on embarque sur les épaules de ce doux ange pour un slow délicatement caverneux que l’on danse avec sa mère, chacun la sienne. Spéciale dédicace à toutes les mamans du monde ! ♡

Angel

Angel came down from heaven yesterday
She stayed with me
Just long enough to rescue me
And she told me a story yesterday
About the sweet love between
The moon and the deep blue sea
And then she spread her wings high over me
She said she is going to come back tomorrow

And I said, « Fly on, my sweet angel
Fly on through the sky
Fly on my sweet angel
Tomorrow I’m going to be by your side »

Sure enough this morning came unto me
Silver wings silhouetted against the child’s sunrise
And my angel she said unto me
« Today is the day for you to rise
Take my hand, you are going to be my man
You are going to rise »
And then she took me high over yonder

And I said, « Fly on, my sweet angel
Fly on through the sky
Fly on my sweet angel
Forever I will be by your side »

Jimi Hendrix

Un Ange est descendu du Paradis hier,
(Elle) est restée juste assez longtemps
Pour me sauver…
Et elle m’a raconté une histoire hier ;
A propos du doux amour
Entre la lune et le bleu profond de la mer.
Ensuite elle étendit ses ailes bien au dessus de moi,
Elle dit : « Je reviendrai te voir demain… »

Alors j’ai dit « Vole mon Doux Ange,
Vole parmi les cieux.
Vole, mon Doux Ange.
Demain je serai à tes cotés… »

Effectivement ce matin vinrent à moi
(Des) ailes d’argent découpées sur l’aube de l’enfant

Et mon Ange me dit,
« Aujourd’hui est le jour de ton ascension
Prends ma main, tu vas être mon Homme

Tu vas t’élever »
Et elle m’emmena loin là-bas…

Alors j’ai dit « Vole mon doux Ange,
Vole parmi les cieux.
Vole mon Doux Ange.
Demain je serai à tes cotés… « 

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LIPS ON FIRE
Journal Intime, 2011
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 mars 2023

Cher journal, dans le velours et la touffeur de ce matin qui aurait dû être frileux, saoule de mes délires nocturnes, je rêve encore en me levant somnambuliquement pour me livrer à toi. Le souvenir de ma rêverie s’efface si vite que, le temps de te retrouver, le songe est déjà dissous dans une abstraction brumeuse aux contours nébuleux. Quelque fragment subsiste néanmoins à la surface du vestige sensible de ma nuit. Vertige onirique. Une forme spectrale, floue, presque absente, se tient à distance, semble s’éloigner à mesure que je m’approche. Cependant, je discerne de mieux en mieux son visage ondulant. Le masque change, se défigure en un geste fluide insaisissable, passant d’inconnu à aimé, de familier à Némésis, tourbillon tourmenté, pour enfin se fixer sur un animal totem aux traits familiers quand je suis si proche que je peux l’entendre murmurer de sa voix sourde :
– Danse ! Danse encore, et encore. Danse, tu n’as rien d’autre à faire.

L’avant-première de la semaine : Hinoorz – Chelsea Bridge

J-28

Le compte à rebours est lancé, on est tout excité et impatient, le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime sort dans un mois, le 07 avril 2023, youpi ! Après vous avoir présenté un premier titre éponyme, puis le télescopage Azy Brd, voici un troisième extrait sous la forme d’un double programme : Hinnorz – Chelsea Bridge, avec en invité le magnifique Marc Ducret ♡ aux guitares (12 cordes & électrique). Le standard Chelsea Bridge a été inspiré à Billy Strayhorn par un tableau de J. M. W. Turner représentant… le Battersea Bridge ! (sic) L’introduction (finalement plus longue que le morceau, et encore, on en a coupé 2-3 minutes, on vous épargne un peu !!!) a pour titre Hinoorz, et est inspirée elle aussi par un tableau de J. M. W. Turner, mais celui… du Waterloo Bridge, plus au nord du Chelsea Bridge :)) Le Battersea Bridge étant au sud du Chelsea Bridge, on s’est dit que ça ferait une moyenne ! Au final tout cela se danse à Londres, sur les rives de la Tamise, à l’aube du XIXème siècle, sous un smog épais et velouté, aux sulfureuses fragrances charbonnées. Koff !

Chelsea Bridge

I was a stranger in the city
Out of town were the people I knew
I had that feeling of self-pity
What to do, what to do, what to do?
The outlook was decidedly blue

But as I walked through the foggy streets alone
It turned out to be the luckiest day I’ve known

A foggy day, in London town
Had me low, had me down
I viewed the morning with much alarm
British museum had lost it’s charm

How long I wondered
Could this thing last
But the age of miracles hadn’t past
For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere


For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere

Everywhere
Everywhere
Everywhere

Bill Comstock

Pont de Chelsea

J’étais un étranger dans la ville

Les gens que je connaissais étaient hors de la ville
J’ai eu ce sentiment d’apitoiement sur moi-même
Que faire, que faire, que faire ?
Les perspectives étaient décidément bleues

Mais alors que je marchais seul dans les rues brumeuses
Il s’est avéré que ce jour était le plus chanceux que j’ai connu

Un jour brumeux, dans la ville de Londres
M’a déprimé, m’a mis le cafard
J’ai regardé le matin avec beaucoup d’inquiétude
Le musée britannique avait perdu son charme

Combien de temps je me suis demandé
Cette chose pourrait-elle durer
Mais l’âge des miracles n’était pas passé
Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Partout
Partout
Partout

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : de ces deux tableaux de J. M. W. Turner,
sauras-tu trouver lesquels ne représentent pas Chelsea Bridge ?
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 mars 2023

Cher journal, je sens que nous sommes attirés collectivement par une énergie sombre. J’ai le sentiment que, sous les aspects d’une vie légère malgré ses contraintes, sous le vernis de notre confort de privilégiés asphyxiés, l’arbre de la décrépitude forme ses racines, alimentées par la sève de nos renoncements. J’ai peur d’assister à la tragédie cosmique, l’expansion universelle de notre inhumanité. Mais cette crainte ne m’empêchera pas de lutter vigoureusement, follement librement, et mes armes seront sans cynisme ni amertume. C’est pleine d’amour, de tendresse et de désirs éternels que je regarderai, sans faillir, sans détourner les yeux, se disperser les résidus stellaires de l’Olympe anéantie.

L’inédit de la semaine : 2ème mouvement

Second round

On retourne à L’Atelier des Bourdons cette semaine, pour le deuxième mouvement de cette suite improvisée en public chez les merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, et rendez vous là pour retrouver l’intégralité à venir (c’est carrément un voyage dans le temps, vers une sorte de futur antérieur, balèze, j’adore les hyperliens). Bon, maintenant que tout cela avance, il va falloir trouver un titre à cette folie. Alors à toi de jouer, entre deux pas de danse tu vas trouver le temps de nous suggérer des idées, j’en suis sûr. Écris-nous à cette adresse : jaiuneideepourlenomdevotresuiteimprovisee@gromail.mail, et si ta proposition est retenue on t’offre un an de cours de flamenco à Château-Chinon. Elle est pas belle la vie ?

XIII – Bohémiens en Voyage

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Golgatha
Katharina Heise (Karl Luis Heinrich-Salze), 1918
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

17 février 2023

Cher journal, de combien de mues serai-je l’objet ? Le temps agit sur moi en sculpteur aveugle. Je sens ses mains froides modeler mon être en permanence, et régulièrement j’atteins un point de bascule ou aucun retour en arrière n’est envisageable. L’entropie, impitoyable gardienne du passé, veille aux portes de celui qui n’existe plus. Mais la mutation c’est autre chose encore, une transcendance rare, qui se travaille à long terme, et dont on ne réalise son accomplissement que bien longtemps après avoir franchi la frontière éthérée de l’impossible. Ces transformations profondes je les ai ratées, évitées, je suis passée à côté, mais je les ai aussi cherchées, je les ai convoquées, implorées parfois, guettées souvent, fantasmées follement. Aujourd’hui au seuil d’un possible voyage au long cours vers un avenir mystérieusement attendu, je suis prise d’un vertige sidérant. Et voilà, je saigne du nez…

L’éphéméride de la semaine : Orage à Tonnerre – part II

Tonnerre dans l’Yonne.

Retour dans nos annales pour un nouvel l’éphéméride, histoire de se rafraichir la mémoire. Cette semaine nous nous immergeons dans le disque Extension Des Feux, sorti en 2013, avec deux fidèles invités ♡ merveilleux ♡ : Marc Ducret à la guitare & Vincent Peirani à l’accordéon. Enregistré par Philipp Heck & Guillaume Dulac (coucou Guillaume ♡), co-produit par Romain Léo (big up Romain ♡), ce disque est composé de trois suites écrites par Frédéric, découpées en chapitres. Nous vous proposons la deuxième partie d’Orage à Tonnerre. Après le Bal des Faux Frères et leur Back In Black débridé du mois dernier, là encore ça se danse, mais cette fois-ci ce sera nu sous la pluie… Attention, risque de rhume !

5. FOXFIRE : aventures, missions, triomphes

Des années plus tard, devenue adulte, elle se rappellera la perspicacité du commentaire de Rita : quoique vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux soit le but dans lequel vous le fassiez, n’oubliez jamais que sur l’autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l’oubli. Que c’est vous contre l’oubli.

Joyce Carol Oates, Confessions d’un gang de filles, 1993

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

EXTENSION DES FEUX
Journal Intime, 2013
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 février 2023

Cher journal, je traverse l’hiver et la fatigue à la rencontre du désarroi ambiant. De loin en proche, le soleil semble se tenir à l’écart des cœurs et des âmes. Le gel atteint nos artères, éteint nos ardeurs, le vide étreint nos peurs. Certains, réels, subissent, endurent, tentent de résister, souffrent au-delà de la vie. La faim les engourdit, la fin les surprend. Ceux qui sont épargnés habitent des corps immobiles et dévitalisés, sourds, indifférents. Perdus sans balise, aucun espoir dans aucune promesse, l’aridité est leur vérité. Dans cet immense glacier humain désolé, une étincelle, une lueur vacille et se maintient. Je veux la protéger, alimenter le brasier de ce foyer impertinent, afin de voir un jour, ce soir, maintenant, cette flamme d’espoir devenir un immense feu de joie. Je suis une empathe.

L’avant-première de la semaine : Azy Brd

Retour vers le futur !

Un mois après un premier titre éponyme, nous revoici plongés dans le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza, Playtime, qui sortira le 07 avril 2023. En exclusivité et en avant-première, nous vous présentons Azy Brdprononcer [azy brd]. Quand nos arrangements s’éloignent d’une pièce originale par détours et raccourcis, on a pris l’habitude d’appeler ça un dérangement ! En voici un exemple typique, ce morceau se situe au carrefour (un jour d’embouteillages) des standards Lady Bird de Tadd Dameron, Lazy Bird de John Coltrane, et du Lover Man de Davis, Ramirez & Sherman. Ça se danse en sautillant, cabrioles autorisées, entrechats recommandés, et si tu filmes : fais tourner…

Ladybird

We fit together like two birds of a feather
The perfect combination and it couldn’t be better
If you just say the word, I’ll leave my lonely world
I’ll fly with you, ladybird

Just like a robin in the harbinger of spring
I’d have this urge to fly since you’ve given me wings
Please don’t you say goodbye, I’ll have to leave the sky
Just fly with me, ladybird

Tadd Dameron

Coccinelle

Nous nous emboîtons comme deux oiseaux d’une plume
La combinaison parfaite et ça ne pourrait pas être mieux
Si tu dis juste un mot, je quitterai mon monde solitaire
Je volerai avec toi, coccinelle

Tout comme un rouge-gorge dans le signe avant-coureur du printemps
J’aurais cette envie de voler depuis que tu m’as donné des ailes
S’il te plaît, ne dis pas au revoir, je vais devoir quitter le ciel
Vole juste avec moi, coccinelle

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Journal Intime & Jérémie Piazza
Poll Pebe Pueyrredon, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 février 2023

Cher journal, je sens que je suis au début de quelque chose. Je ne sais pas. Je cherche, je ressens, je rechercher, attentive aux interstices, à l’infime, avide du vertige, tendue par l’angoisse inévitable de ne rien trouver, pas même le silence, moins que le vide et l’ignorance. Qu’y a-t-il derrière ma peur ? J’espère y trouver un atome de vérité, le débris d’une délicatesse, l’authentique odeur d’une lumière vive, l’éclat du temps fragmenté… Rien que le grain d’un geste fou, que je pourrais faire germer en mon cœur, au chaud de mon corps, à l’abri de la fiction, authentique danse de vie, sève vigoureuse qui, plus tard, peut-être, passionnément, à la folie, deviendra pure énergie.

L’inédit de la semaine : 1er mouvement

La danse du crabe ?

Nous voici de retour en trio cette semaine avec une pièce inédite, youpi, enregistrée en public au cours d’un concert entièrement improvisé à l’Atelier des Bourdons le 15 janvier dernier. Énorme merci à Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal pour avoir organisé ce concert ♡ Et merci également aux merveilleux spectateurs de tous ages pour leur écoute si précieuse, c’était une première pour nous, et ce fut un bonheur immense ♡ De cette folle soirée nous sommes en train d’extraire une suite dont voici le premier mouvement. Alors oui, tout le monde dansait au concert, donc si tu restes assis devant ton ordi, c’est toi qui perds !

449

I died for Beauty —but was scarce
Adjusted in the Tomb
When One who died for Truth, was lain
In an adjoining Room—

He questioned softly « Why I failed »?
« For Beauty », I repliesd—
« And I —for Truth —Themself are One-
We Bretheren, are », He said—

And so, as Kinsmen, met a Night—
We talked between the Rooms—
Until the Moss had reached our lips—
And covered up —our names—

Emily Dickinson

J’étais morte pour la beauté, mais à peine
Etais-je installée dans la tombe
Qu’un autre, mort pour la vérité,
Fut mis dans une chambre à côté—

Doucement il demanda «pourquoi j’étais tombée»;
«Pour la beauté», répondis-je—
«Et moi, pour la vérité, c’est tout un—
Nous sommes frère et sœur», dit-il—

Et ainsi, comme des parents rencontrés la nuit,
Nous parlions d’une chambre à l’autre—
Jusqu’à ce que la mousse atteignît nos lèvres—
Et recouvrît —nos noms—

Traduction Charlotte Melançon

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

The restless image : a discrepancy between the felt position and the seen position
Rose Finn-Kelcey, 1975
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

20 janvier 2023

Cher journal, il est 23h35 et je sors d’un merveilleux concert de ma bff Clémentine. Je suis toute en joie de ce moment passé dans son univers tangentiel – contrairement aux univers parallèles, ici on s’entrecroise dans des éclats de vie. ♡
Cher journal, il est enfin 19h15, je sors de cette folle journée éreintée et je file au métro, j’ai hâte d’être au concert ! Ça doit être la fatigue mais j’ai une impression étrange de désordre.
Il est déjà 13h27 et je ne suis pas prête pour ce rendez-vous, pétrifiée par une épaisseur chronologique, prise dans une tempête diachronique, sensation de désordre persistant. Il faut que je me bouge, vite.
Il est 09h48, levée depuis plusieurs heures déjà, ai finalement identifié mon trouble : j’ai l’impression de remonter le temps, et que l’avant s’efforce à prendre une place ici et maintenant. Les saillies temporelles que je subis depuis ce soir me laissent sans défense, nue face au vacarme de mon histoire intime. Je vais accueillir ces souvenirs avec bienveillance, d’un regard chaleureusement fraternel, occasion d’apaiser le passé.
Il est enfin hier.

L’éphéméride de la semaine : Back In Black

Back in Past

Avant d’ouvrir ce blog, on avait déjà l’habitude d’enregistrer notre musique sans pouvoir la diffuser largement ni sortir de disque (ou bien sous le manteau). Ce sont donc des presques-inédits que nous aimerions partager avec vous à travers ce rendez-vous dans nos annales, une fois par mois.

Pour ce premier éphéméride, nous vous proposons un retour à la formation séminale de Journal Intime : le trio se rencontre à l’origine au sein de la fanfare Les Faux Frères en 2001 – « Les Bulles » à l’époque (sic). En compagnie des ♡ fabuleux ♡ Fabien Kisoka (saxophone ténor), Fabrice Lerigab & Laurent Di Carlo (batterie décomposée), nous avons parcouru les routes nationales à dos de camion (ce fameux Tour de France 2001, toute une aventure, il faudrait un blog entier juste pour en narrer l’épopée…). Après plusieurs maquettes, nous enregistrâmes un disque qui circula sous le manteau à partir de 2015, Le Bal Des Faux Frères. En voici donc un extrait, Back In Black, adaptation de la chanson d’AC/DC qui signait le retour du groupe écossano-australien (?) après le décès de leur chanteur Bon Scott, et lui rendaient hommage en le transfigurant de retour du royaume des morts, tel un phénix flamboyant surgissant du brasier de l’autoroute pour l’enfer… Oh yeah !

Back In Black

Back in black, I hit the sack
I’ve been too long, I’m glad to be back
Yes, I’m let loose from the noose
That’s kept me hanging about
I’m just looking at the sky ’cause it’s getting me high
Forget the hearse, ’cause I’ll never die
I got nine lives, cat’s eyes
Abusing every one of them and running wild

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Back in the back of a Cadillac
Number one with a bullet, I’m a power pack
Yes, I’m in a bang with a gang
They’ve got to catch me if they want me to hang
‘Cause I’m back on the track and I’m beatin’ the flack
Nobody’s gonna get me on another rap
So, look at me now, I’m just making my play
Don’t try to push your luck, just get out of my way

‘Cause I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, yes I’m back
Well, I’m back, back
Well, I’m back in black
Yes, I’m back in black

Ah, yeah
Oh, yeah
Take my love
Yeah, yeah
Yeah
Ah, hey yeah
Ooh, yeah

Well, I’m back (I’m back)
Back, well I’m (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back (I’m back)
Back, back in black
Yes, I’m back in black

I’ve hit the sack

AC/DC, Back In Black

De retour en noir, j’me pieute
Y’a bien trop longtemps que je suis parti ! J’suis content d’être de retour
Oui, je me suis défait du nœud coulant
Qui me retenait pendu
Je garde mes yeux rivés au ciel, ça me donne du courage
Oubliez le corbillard, car je ne mourrai jamais !
J’ai 9 vies, des yeux de chat,
Je vais m’occuper de chacun d’eux et me déchaîner !

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

De retour à l’arrière d’une Cadillac
J’suis le roi de la gâchette, je suis de la dynamite
Oui, je règle mes comptes avec un gang
Va falloir qu’ils m’attrapent s’ils veulent me pendre
Car je suis de retour sur la piste
Et j’annonce la couleur
Cette fois-ci, personne ne me prendra sur le fait !
Maintenant, regarde-moi, je joue juste mon rôle
N’essaie pas de forcer ta chance et barre-toi de mon chemin

Car je suis de retour, oui je suis de retour
Bien, je suis de retour, oui je suis de retour,
Bien je suis de retour, de retour
Bien je suis de retour en noir,
Oui, de retour en noir

Ah ouais
Oh ouais
Prends mon amour
Yeah Yeah
Ouais
Ah, hé ouais
Oh, ouais

Bien, je suis de retour (je suis de retour)
De retour je suis bien (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour (je suis de retour)
De retour, de retour en noir
Oui je suis de retour en noir

J’me pieute

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LE BAL DES FAUX FRERES
Journal Intime, 2015

Bonus extra n°1 : en 2016 nous avons finalement sorti un enregistrement Live à l’Ajmi du Bal Des Faux Frères que vous pouvez écouter ou vous procurer ici.

Bonus extra n°2 : Le Bal des Faux Frères avec ♡ Marc Ducret ♡ / Live à Berlin / Back In Black
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

13 janvier 2023

Cher journal, je suis furieusement habitée. Par le feu, par la foudre. La tempête incendiaire en permanence bouillonne en moi. C’est la danse, la transe qui m’émeut, et je la vois partout, je la ressens tout le temps. Je la cherche, je crois. Tout est prétexte pour laisser jaillir la fièvre. Un instant, une fête, l’anniversaire d’un aimé, d’une amie, la rencontre de l’alter, à la ville, même au cœur de l’immense vide surpeuplé de l’urbanisme citadin. Surtout dans la jungle dépeuplée et dense d’une nature animée. Face à l’animal, au végétal, au cœur du minéral, c’est le règne de l’intense. Partout je sens battre mon pouls, saillir mon sang à travers mes veines effervescentes. Vaines effervescences, folles passions pathétiques. Je suis une flamme qui danse.

L’avant-première de la semaine : Playtime

Jour de fête !

Merci pour vos messages de soutien, nous aussi on est heureux de vous retrouver ici ! Dernier rappel pour Le Livre De La Jungle à Achères ce samedi 14 janvier, à 16h. A noter également que dimanche 15 janvier, à 17h, nous ferons un concert à l’Atelier Des Bourdons, à Gagny (93), nouveau lieu inventé par Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal (infos et réservations : atelierdesbourdons@gmail.com). La bonne nouvelle c’est que ce concert aventureux sera improvisé et enregistré en vue d’une diffusion sur ce blog ! Autant te dire que si tu veux danser dimanche, tu sais où ça se passe…

Aujourd’hui, un son un peu particulier : en avant-première voici le premier titre, Playtime, de notre prochain album, PLAYTIME (oui…), qui sortira le 7 avril 2023 sur le label Neuklang, disque enregistré par Céline Grangey (spéciale dédicace et immense merci infini), mixé par Jerry Square et masterisé par Philipp Heck. Le fabuleux Jérémie Piazza à la batterie & Journal Intime aux cuivres, c’est une chouette histoire qui dure depuis cette tournée mémorable dans les pays Baltes organisée en 2020 par l’inimitable ♡ Charles Gil ♡. Voici donc un extrait du premier disque de ce quartet, écrit par James Campbell, tiré du film de Jacques Tati : Playtime. Et pour jouer avec tout ça, il nous fallait évidemment des invités magnifiques : merci d’accueillir chaleureusement Sébastien Palis à l’orgue B3 & Marc Ducret à la guitare. Allez, maintenant c’est l’heure de la récré ! Tu viens jouez avec nous ? C’est Jérémie le chat…

De l’éclectisme au doute

— Ne crains-tu pas que ce retour aux éléments, que cette simplification systématique dont on semble faire une loi à l’art moderne ne finissent par fixer cet art en général, et l’architecture plus particulièrement, dans une recherche purement théorique et trop intellectuelle pour satisfaire à la fois aux exigences de notre esprit et à celles de notre corps ? L’homme n’est pas un pur esprit. Et quand on voit ces grandes constructions aux lignes unies et surtout ces intérieurs où tout semble répondre à un strict et froid calcul, on se demande si l’homme pourrait se satisfaire d’y demeurer.
— Tu as raison. Ce retour aux éléments primordiaux, cet affranchissement de tout ce qui n’était pas l’élément primordial, répondaient à une nécessité. Il fallait se décharger d’une oppression pour sentir à nouveau la liberté. Mais cette froideur intellectuelle à laquelle on était arrivé et qui ne traduisait que trop bien les dures lois du mécanisme moderne, ne peuvent être qu’un passage. Il faut bien de nouveau retrouver l’être humain dans l’apparence plastique, la volonté humaine sous l’apparence matérielle, et le pathétique de cette vie moderne dont on n’avait vu d’abord qu’une sorte de traduction en langage algébrique.
— De quel pathétique veux-tu parler ?
— De ce pathétique qui est inséparable de toute vie véritable.
— Tu veux dire en somme, retrouver l’émotion.
— Oui, une émotion purifiée et qui peut s’exprimer de mille façons.
Il n’est pas besoin de retourner aux anciennes complications : le seul choix d’une matière belle en soi, et travaillée avec une simplicité sincère y suffit quelquefois. Il fallait reconstruire un idéal capable de satisfaire la conscience moderne la plus générale, sans cependant cesser d’avoir en vue la joie de l’individu et en se gardant de toute outrance.
— Ainsi tu préconises un retour aux sentiments, à l’émotivité !
— Oui, mais encore une fois, à une émotivité purifiée par la connaissance; enrichie par l’idée, et qui n’exclut point la connaissance et l’appréciation des acquisitions scientifiques. Il ne faut demander aux artistes que d’être de leur temps.
— Tu veux dire de vivre avec leur temps et de l’exprimer.
— Oui, sans aucun artifice, d’aucune sorte. L’œuvre belle est plus vraie que l’artiste.

Eileen Gray & Jean Badovici, L’Architecture Vivante, Automne-hiver, 1929

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

PLAYTIME – LE DISQUE
Journal Intime & Jérémie Piazza, 2023
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

06 janvier 2023

Cher journal, tu m’as tellement manqué, j’ai tant de choses à te raconter. J’ai beaucoup marché depuis notre dernière visite, mais j’ai aussi repris le train, la voiture, le car et l’avion, avalé des kilomètres, assiégé des montagnes, vagabondé à travers des forêts flamboyantes qui m’éloignaient de toi. Finalement de retour, c’est à pied nus que je me présente à toi. Je croyais tout ce temps que mon récit attendrait, que l’on pourrait distiller nos souvenirs accumulés, richesse affective, mais je me rends bien compte que c’est le présent qui fait le sel de notre relation. Nous sommes liés par l’instant et par le geste. Je vais prendre le temps de te raconter un présent du passé, caresser quelques éclats de vie que je veux te dire, hors du temps, et les confronter à un futur déjà là. Je me souviens, c’était demain…

Playlist de la semaine : LA SAISON 01 DE LA JUNGLE

Youpi, c’est reparti !

Et voilà, on est de retour pour de bon, on a pris le temps de s’organiser pour être plus souvent avec vous ici, on est chauds bouillants ! Beaucoup d’actualités pour le groupe en ce moment. Entre une sortie de disque imminente (patience et rendez-vous la semaine prochaine pour en savoir plus), une nouvelle création monumentale (???) et des concerts intimistes, on a réussi à caler des représentation de notre spectacle sur Le Livre De La Jungle ! Ça se passera le au Sax (Achères) le 14 janvier à 16h00, et à la Dynamo (Pantin) le 24 janvier à 19h30. Tu peux venir en famille, on s’occupe des gosses pendant que tu profites du spectacle, ça va bien se passer. Pour te donner envie sans t’en dévoiler trop, on t’a préparé une petite série de vidéos dans la nature. Et là, t’as toute la saison 01 à binge-watcher dans ton canap, ça va te changer de Netfloux. Tu viens danser dans la fôret ?

P.S. : ♡ Blutch ♡ nous a fait l’immense plaisir d’illustrer notre Livre De La Jungle, voici en exclusivité son affiche pour vous. On en profite pour le remercier encore une fois, et pour vous signaler la sortie de son dernier opus, La Mer à Boire, petit bijou libre, vibrant et vivant… Et pour les plus chanceux d’entre vous qui peuvent passer à Paris dans le mois qui vient, Blutch expose ses originaux à la Galerie Barbier, courrez-y vous régaler les sens.

La littérature, miroir de l’humanité

Voici donc ma théorie. En plus de tout ce que je viens de décrire, je considère comme étant de la littérature, non seulement les romans standard, les histoires, les saynètes, les récits de voyage, les essais de toutes sortes publiés dans les magazines, mais aussi ce qu’il y a de plus pauvre et de plus piètre dans les romans à cinq sous, dans les histoires de détectives, dans les reportages des journaux, dans les analyses de parties de baseball, et même dans les slogans publicitaires. Oh, quelle charmante image de nous-mêmes avons-nous à travers ces textes!

(…)

Il est peut-être dangereux de le dire, mais je considère comme une évidence pour la littérature en général qu’une forme modérée de plaisir vulgaire reste une forme d’équilibre salvatrice dans la psyché de chaque homme et de chaque femme, un signe d’ancrage dans une hygiène mentale qui fait qu’on prend les choses telles qu’elles sont et qu’on en rit.

Voltairine de Cleyre
Traduction Claude G. Charron

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LE LIVRE DE LA JUNGLE
Illustration originale, Blutch, 2022
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

04 février 2022

Cher journal, ça n’a jamais été aussi difficile de t’écrire. Pourtant cela fait un mois que je n’attend que ça, impatiente : je suis en manque de toi depuis trop longtemps. Te retrouver est une libération ! Après cette longue nuit aux cauchemars récurrents, ces journées sans saveur et leur langueur infinie, après la solitude immobile, je sens que la vie revient dans mes veines, que la chaleur reprend possession de mon corps. Si lentement. Presque douloureusement, si brutalement. Une lumière vigoureuse se pose sur mon échine engourdie, et les ombres disparaissent dans un scintillement intensément vif. Un frisson fabuleux me parcourt, et encore, le temps est suspendu, le plaisir est immense. Que l’aurore soit éternelle !
Merci d’être toujours là…

L’inédit de la semaine : Dry & Naked n°1 – The Writing

C’est l’heure du bilan…

En janvier 2021 nous avons lancé ce blog comme un jeu, un défi un peu fou : poster chaque semaine, pendant un an, un nouveau morceau inédit, enregistré pour l’occasion ! La règle, c’était de ne pas sortir des archives ni de rediffuser nos disques, mais bien de créer à flux tendu, en assumant toutes les étapes de la production : depuis l’écriture jusqu’à la diffusion en ligne, en passant par l’arrangement, l’enregistrement, le montage, le mixage, etc… On s’est lancé en se disant que, même si ça ne tenait pas, ce serait déjà chouette d’essayer. Et puis on s’est pris au jeu, les retours des auditeurs étaient tout de suite enthousiastes, il se passait quelque chose, dès le début. Alors on s’est accroché, faut dire qu’on avait du temps libre, mais surtout ça nous a fait un bien fou ! Ce fut une année longue et compliquée, systématiquement parsemée de nuits blanches (une à deux par semaine, parfois trois, quasiment tous les jeudis pour le bouclage), mais c’était tellement bon qu’on a tenu ferme. En une année, nous avons donc enregistré/monté/mixé/mis-en-ligne 49 titres audios et 15 vidéos, partagé nos rencontres avec des invité.e.s magnifiques (coucou les ami.e.s ;), posté un paquet de photos et de gifs idiots, même des jeux et des tutos ! Le tout accompagné d’extraits de textes qui nous touchent et nous inspirent. Tout ça grâce à vous – vous êtes plus de 5 000 visiteurs réguliers, depuis une cinquantaine de pays – vos commentaires et vos encouragements. Ce blog nous a permis de créer un nouveau lien avec vous, anciens compagnons de l’aventure Journal Intime et nouveaux amis qui nous découvrez ici. Puis nous avons mis en place un soutien financier via la plateforme Tipeee, parce que, même si nous tenons à diffuser cette musique en libre accès sur internet, cela a un coût. Alors un grand merci à nos ami.e.s Tipeuse/eurs qui permettent que cela soit possible ! ♡ D’ailleurs grâce à elleux, vous pouvez retrouver tout le blog sur YouTube (et en HD sur SoundCloud), classé par mois sous forme de playlists. N’hésitez pas à aller faire un tour, c’est pratique pour écouter les morceaux en boucle ! Vous y retrouverez notamment une playlist avec toutes les vidéos, une autre contenant tous les morceaux avec Fabe Beaurel Bambi, aussi une playlist sur Le Livre De La Jungle, etc…

Et maintenant ?

Ce blog, c’est une danse improvisée à trois, trois voix, trois corps, trois vies. On ne va pas chercher à tout prix à continuer sur ce rythme fou, les tournées avec différents projets nous éloignent trop régulièrement les uns des autres. Mais on a des idées pour continuer quand même, on verra à quel rythme, et surtout si vous êtes toujours au rendez-vous. Et pour bien commencer l’année, voici une composition collective prise sur le vif ! Quand on se retrouve en improvisation, c’est une solitude commune face à la page blanche, un vertige avant le grand saut, une confiance les uns envers les autres, et surtout beaucoup d’amour. On ne vous fait plus de dessin, vous savez très bien comment ça se danse !

Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. Être sans sujet aucun de livre, sans aucune idée de livre c’est se trouver, se retrouver, devant un livre. Une immensité vide. Un livre éventuel. Devant rien. Devant comme une écriture vivante et nue, comme terrible, terrible à surmonter. Je crois que la personne qui écrit est sans idée de livre, qu’elle a les mains vides, la tête vide, et qu’elle ne connaît de cette aventure du livre que l’écriture sèche et nue, sans avenir, sans écho, lointaine, avec ses règles d’or, élémentaires : l’orthographe, le sens.

(…)

La délivrance c’est quand la nuit commence à s’installer. Quand le travail cesse dehors. Reste ce luxe que nous avons, nous, d’en pouvoir écrire dans la nuit. Nous pouvons écrire à n’importe quelle heure. Nous ne sommes pas sanctionnés par des ordres, des horaires, des chefs, des armes, des amendes, des insultes, des flics, des chefs et des chefs. Et des poules couveuses des fascismes de demain.

Marguerite Duras, Écrire

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

We are Three Women. We are Three Million Women
Barbara Morgan, 1938
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.