12 mai 2023

Cher journal, collée à la terrasse d’un café, j’observe les curieux. Je m’amuse d’un zoomorphisme, je leur invente des vies, des destinations, des berceaux, je questionne leurs habits, j’improvise leurs habitudes. Ces divagations, tout en me détendant, me renvoient à mon propre personnage et à sa banalité. A mon altérité si quelconque, mon histoire fade et mes désirs désenchantés. Alors je fais un va-et-vient entre toutes ces existences supposées et la mienne, effaçant progressivement les frontières communes de la réalité et du fantasme, pour finalement me créer une nouvelle fable, bribe chimérique, qui viendra nourrir le réel de sa fraîcheur fantaisiste. En gros, je ne cesse de passer du coq à l’âme.

L’éphéméride de la semaine : L’Autre Bulle

Poule qui danse agace les champs…

L’éphéméride du jour c’est L’autre Bulle, une pièce écrite par Frédéric. Ce titre est issu du premier disque éponyme de Journal Intime. Enregistré & mixé en 2008 par Guillaume Dulac ♡, masterisé par Julien Pérraudeau ♡. Le visuel de ce disque est une création de Jérôme Galvin ♡, autour d’une photo de Lucile Lamiral ♡. Merci à vous toustes, c’était une première grande aventure à la base de cette longue odyssée qu’est la vie du groupe, et vous étiez là dès le début, c’est magnifique ! Alors nous, cette musique nous fait penser à des volailles dansantes et sautillantes, des petites poules bien vénères qui cherchent à boire un ver frelaté. Et toi, ça te fait danser comment ?

☆ Si tu passes ce weekend dans le coin, ou même si tu viens de loin, on se retrouve samedi 13 mai à 11h à Coutances, festival Jazz Sous Les Pommiers, pour une séance familiale du spectacle Le Livre De La Jungle. Viens ! ☆

Qu’y a-t-il d’autre à manger ? Eh bien, il n’y a plus de hamburgers. Les vaches prennent trop de place. On élève encore, ici et là, quelques poulets et quelques lapins qui se multiplient vite et qui sont de petite taille. Il y a aussi, bien sûr, aux étages inférieurs, des rats, mais il vous faut les attraper. Imaginez-vous la terre sous la forme d’un navire du XVIIIème siècle, rempli de passagers clandestins, mais sans aucune destination. Et puis, inutile de le préciser, il n’y a plus de poissons. Impossible d’en trouver un seul dans cette eau sale qui clapote en bordure des océans et au travers des ruines de ce qui fut New-York. Si vous disposez de beaucoup d’argent, vous pouvez y faire de la pêche sous-marine pendant vos vacances. Emprunter le sas. Plonger dans le romantisme d’un âge révolu. Mais c’est un mauvais vent qui ne fait de bien à personne. Il n’y a plus de crimes dans les rues. C’est un progrès, voyez-le comme ça.

Margaret Atwood, La petite poule rouge vide son cœur (2018)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

JOURNAL INTIME
Jérôme Galvin, d’après Lucile Lamiral, 2008
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

05 mai 2023

Cher journal, je fuis en vacances au bord de la montagne. On se retrouve la semaine prochaine pour que je te raconte mes désaventures, mes grasses siestes et courtes matinées, les rencontres chaleureuses et plus sous affinités, les agapes arrosées au jus de l’amitié. On verra si je peux renouer avec ma jeunesse évanouie, loin des nuits blanches, du vacarme des faubourgs, et revenir dans la fureur avec l’énergie de mes printemps sacrifiés. Et si j’ai bronzé aussi.

L’avant-première de la semaine : Blame It On My Youth

Ô jeunesse et demi…

Nous continuons cette semaine le pré-publication de l’album de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime ! (qui est désormais disponible un peu partout, en physique et en numérique – n’hésitez pas à faire passez le mot, merci 😉 avec un arrangement par Frédéric du standard Blame It On My Youth composée par Oscar Levant et Edward Heyman. Vous pouvez également retrouver d’autres titres de l’album en cliquant sur ces liens : un premier titre éponyme, le télescopage Azy Brd, un collage Hinnorz – Chelsea Bridge et une version de What Is This Thing Called Love. Si vous voulez écouter tout ça en concert, il faudra venir au Shed à Reims, chez nos amies de Jazzus, le 24 mai prochain, on en profitera pour fêter la sortie de ce disque. Et pour danser comme des jeunes bien sûr !

Blame It On My Youth

If I expected love when first we kissed,
Blame it on my youth.
If only for you I did exist,
Blame it on my youth.

I believed in everything,
Like a child of three;
You meant more than anything,
All the world to me!

If you were on my mind all night and day,
Blame it on my youth.
If I forgot to eat and sleep and pray,
Blame it on my youth.

If I cried a little bit
When first I learned the truth,
Don’t blame it on my heart,
Blame it on my youth.

Edward Heyman

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Don’t Blame The Amazing Youth
Anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

27 avril 2023

Cher journal, le soleil cet après-midi me caressait lascivement les pommettes de ses rayons de velours. Quel plaisir cette douceur. L’étreinte solaire me fait toujours plus d’effet chaque jour, le miel de son baiser se bonifie aux crépuscules. Son absence hivernale renforce le délice de nos retrouvailles, et mon cœur s’embrase à la perspective des nos futures embrassades. Les jours absents sont harmonieusement tristesse et promesse, interstices de solitude. Je vis mécaniquement ces journées sans soleil, étrangement habitée de renoncements et d’espoirs. Quand enfin les nuages s’estompent, que tu éventres l’azur de tes flux ardents, c’est tout mon corps qui vibre de tes saillies, et, face à toi, nue et offerte, je m’abandonne à ta nature incandescente dans une extase stellaire. Amie, tu es mon soleil.

L’inédit de la semaine : 4ème mouvement

Danse finale

Nous voici aujourd’hui au 4ème et dernier mouvement de notre suite improvisée à l’Atelier des Bourdons. Un immense merci aux merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal pour nous avoir offert ce moment de création et de liberté, en toute amitié. Cette suite vous est intégralement dédiée les amies ! Merci également au public présent ce soir là, c’est vous, votre accueil bienveillant et votre écoute attentive, qui avez provoqué toute cette musique. Retrouvez le premier mouvement ici, le deuxième mouvement, le troisième mouvement de ce côté-ci, et l’intégrale ici-là. Petit détail : on n’a toujours pas de titre à vous proposer pour cette suite, on vous laisse encore une chance de nous aider, alors lâchez-vous une dernière fois à cette adresse : tienslevoicitontitrepourtasuitetunouslaissetranquilemaintenant@gromail.mail. Ne réfléchis pas trop non plus, après tout : si tu danses sur une musique sans titre, est-ce que ça change tes pas sur la piste ? Vous avez trois heures…

La lumière du soleil lui flattait les pieds de ses longs rubans. Les arbres s’agitaient, gesticulaient. Nous accueillons, semblait dire le monde ; nous acceptons, nous créons. Beauté, semblait dire le monde. Et comme pour le prouver (scientifiquement) de tout ce qu’il regardait, maisons, grilles, les antilopes qui tendaient le cou au-dessus des palissades, la beauté jaillissait immédiatement. Regarder une feuille frémir sous le souffle de l’air était une joie exquise. Haut dans le ciel, des hirondelles fondaient, viraient, se lançaient de tous côtés, tournaient en rond et encore en rond avec pourtant une maîtrise toujours parfaite comme si elles étaient retenues au bout d’élastiques ; et les mouches qui montaient et retombaient ; et le soleil qui désignait tantôt une feuille tantôt une autre, par moquerie, l’éblouissant d’or pâle par simple bonne humeur ; et parfois un carillon (c’était peut-être une voiture qui cornait) venait tinter divinement sur les brins d’herbe — tout cela, calme et raisonnable pour ainsi dire, formé finalement de choses ordinaires, était désormais la vérité ; la beauté était désormais la vérité. La beauté était partout.

Virginia Woolf
, Mrs Dalloway (1925)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Abstract Painting
Vanessa Bell, 1914
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

21 avril 2023

Cher journal, je vole… Je VOLE !!! Furieusement sauvage, je virevolte, je suis aérienne, saltos, pirouettes, doubles-cabrioles, mes ailes me poussent au firmament de l’extase. J’esquisse, loin des spectres effrayés, des cercles de passions et d’amour. Un écho du futur me transperce le cœur et m’emplit de vigueur. L’espoir en moi est si grand que l’action ne me fait pas peur. Je ne suis pas seule, je suis multitude, je suis foule divine, Essaim & Nuée sublimes, quantité incommensurable, je suis une pure distillation de l’infinie empathie collective qui nous habite. Je viens d’un age prochain qui comprend enfin les forces tendres du présent révolu, la bienveillance commune, cachée par la foret de l’arbitraire et de l’insensible. Joie : demain sera juste, aujourd’hui sera réparé. Je suis un rêve.

L’invité de la semaine : WILDMIMI – On This Huge Square

Mimi sauvage pour toujours

Wildmimi est un invité spécial aujourd’hui puisque c’est tout le trio – Frédéric, Matthias & Sylvain – qui joue avec lui, après avoir déjà œuvré sur le magnifique album Rêves et Phantasmes d’une Chaussure Ordinaire sorti en 2011, toujours disponible dans les meilleures crèmeries. Wildmimi c’est l’extraordinaire Rémi Sciuto ♡ : chant, saxophones, flutes, clarinettes, claviers, composition, arrangements, textes & production, et bien plus encore ! Sur le titre du jour, la prodigieuse épopée fantastique On This Huge Square, il est entouré de Fred Pallem à la basse, Vincent Taeger à la batterie & à la réalisation, et Antonin Rayon aux claviers. C’est Etienne Meunier qui a enregistré, Bertrand Fresel qui a mixé, et Chab qui a masterisé ce nouveau disque merveilleux intitulé La Révolte des Couverts, que vous pouvez trouver ici. C’est parti pour le 7ème ciel en compagnie de l’ami Rémi. Si tu sais pas voler, bah t’as qu’à danser, c’est pareil ou presque, c’est aussi libre et pas si compliqué, détends-toi, Wildmimi est là…

Un long chemin vers la liberté

Avec l’émergence du capitalisme et des idéologies associées au néolibéralisme, il est devenu particulièrement important de mesurer les dangers de l’individualisme. Les luttes progressistes – qu’elles se concentrent sur le racisme , la répression policière, la pauvreté ou d’autres problématiques – sont vouées à l’échec sir elles ne dénoncent pas la mise en avant insidieuse de l’individualisme capitaliste. Même si Nelson Mandela a toujours dit que son œuvre était le fruit d’un travail collectif qu’il fallait mettre au crédit des hommes et des femmes qui luttaient à ses cotés, les médias ont tout fait pour le sacraliser et le présenter comme un héros. On a cherché, par un processus analogue, à dissocier Martin Luther King du grand nombre de femmes et d’hommes qui constituaient le cœur du mouvement pour les droits civiques. Il est essentiel de s’opposer à cette représentation de l’histoire qui se focalise sur l’action de quelques figures isolées : c’est la condition pour qu’on puisse prendre conscience aujourd’hui de notre propre force au sein d’une communauté de lutte toujours plus large.

Angela Davis
, Une lutte sans trêve, 2016

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LA RÉVOLTE DES COUVERTS
Wildmimi, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

14 avril 2023

Cher journal, l’orage gronde dehors, et l’atmosphère est lourde. Il faudrait être bien insensible pour ne pas être affectée par cette moiteur, cette touffeur. Manifestement je suis perméable à l’atmosphère, à ses pressions, et c’est naturellement que je me laisse pénétrer par cette tiédeur épaisse. Alors je m’allonge, je laisse perler sur mon corps la sueur et l’écume, j’abandonne à mon esprit fantaisiste le plaisir de me posséder. Le temps se dilue, moi aussi. Le ruissellement délicat des gouttelettes dessine sur mes carreaux les rides de mon désir perçant. Le présent se fige dans un spasme éthéré. Le pluie commence à peine à s’agiter, la tempête n’a pas encore commencé. La nuit m’envahit imperceptiblement, l’aurore s’éloigne sous la pression des splendides ténèbres. Quelle soirée, quels délices !

L’éphéméride de la semaine : Victory

Délicieuse victoire

L’éphéméride du jour nous fait particulièrement plaisir : nous avons retrouvé dans nos annales un « one-shot » chanté par la merveilleuse Lou : Victory, tiré de l’album Dry de PJ Harvey. Enregistré au Ventre de la Baleine à l’automne 2010 par Gaétan Boudy, au cours d’une délicieuse rencontre chaperonnée par l’incroyable Mahut, un régal. Chanceux que vous êtes, Lou vous a préparé un petit « making-of » d’époque, brut et sensible, tout comme nous quoi ! Alors maintenant il ne te reste plus qu’à bouger la tête, les épaules, puis les hanches, et tout ce que tu peux, tout ce que tu veux, tant qu’il y a plaisir et consentement ! The temperature is high ? Come on boys, let’s push it hard…

Victory

I stumble in and in
You fit me with those angel wings
Send me gold, set me high
Set it up, I’m in the sky

The storm is gone
(And the storm is gone)
And the temperature’s high
(And the temperature’s high)
And delight is dining
(And delight is dining)
At my table

Till I think ha-ha-ha how lucky we are
Angel at my table, God in my car
Get it at sea, take a ship
I’d christen her ‘Victory’, she’d make it

Victory
Victory

Come on boys, let’s push it hard
You bump down, push your motor car
Come on boys, you’ve done us proud
You can sweat, dig, I’ll mop it right off your brow

Victory
Victory
Victory
Victory

Till the storm is gone
(Till the storm is gone)
And the temperature’s high
(And the temperature’s high)
And delight is dining
(And delight is dining)
At my table
Till the storm is gone
(Till the storm is gone)
And the temperature’s high
(And the temperature’s high)
And delight is dining
(And delight is dining)
At my table

PJ Harvey

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

La vidéo bonus de la semaine : Victory – making of
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

07 avril 2023

Cher journal, c’est le printemps et je suis allée fêter ça cet après-midi en manif’ avec les copines. Grosse ambiance, des pétards et beaucoup de fumée, on a fait des « pas de deux » avec les gardiens de la paix, on a joué à cache-cache avec de braves motards, on s’est toutes bien défoulées avec des slogans marrants, on a échangé des mots doux avec les agents de l’état, il faisait beau, c’était très sympa, que de l’amour… En vrai, pas si simple, pas si chouette, pas si dansant. Pas glop même. C’est dur ce constat de ne pas être entendues, de ne pas pouvoir agir sur notre destinée commune, amère cette sensation que ce n’est pas le peuple qui gouverne et qu’aucune reconnaissance ne consacre l’action pacifiste. La répression fait mal, les discours font mal, les décisions sont douloureuses et vont à l’encontre de nos intérêts évidents, contre l’intérêt général, au profit d’une minorité. Ce n’est pas ça la démocratie. C’est pas ça l’amour non plus.

L’avant-première de la semaine : What Is This Thing Called Love ?

C’est le printemps, les disques bourgeonnent !

Youpi, c’est aujourd’hui que sort en France le disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime ! Disponible dès maintenant chez votre disquaire préféré (s’il ne l’a pas, c’est une erreur, insistez !) et sur vos plateformes de téléchargement légales (qui ne nous rapportent rien et qui nous ignorent largement mais que nous ne pouvons éviter d’arroser – on peut juste vous encourager à soutenir la création en achetant les disques ou en vous abonnant à notre Tipeee ♡). Après un premier titre éponyme, le télescopage Azy Brd, puis un troisième extrait Hinnorz – Chelsea Bridge, voici pour fêter ça un nouveau bout de ce nouveau disque : What Is This Thing Called Love, de Cole Porter, arrangé par Frédéric à partir d’une incroyable version live de l’incroyable Keith Jarrett, yeah ! Question existentielle & essentielle dans cette période de pénurie mondiale d’Amour… Pour célébrer la sortie du disque, on vous propose de se retrouver au Shed à Reims, chez nos amies de Jazzus, le 24 mai prochain, champagne si tu danses ! Allez, va porter la bonne parole : le disque du printemps est arrivé, parles-en autour de toi, tu feras des heureuxes 🙂

p.s. : immense MERCI à nos fidèles Tipeuses/eurs, c’est aussi grâce à vous que ce disque existe ! Vous allez en recevoir un exemplaire par la poste, un peu de patience, les envois sont en cours. 💝

PLAYTIME
Journal Intime & Jérémie Piazza, 2023

What Is This Sing Called Love ?

I was a humdrum person
leading a life apart
when love flew in through my window wide
and quickened my humdrum heart

love flew in through my window
I was so happy then
but after love had stayed a little while
love flew out again

what is this thing called love
this funny thing
called love
just who can solve its mystery
why should it make
a fool of me?

I saw you there
one wonderful day
you took my heart
and threw it away
thats why I ask the lord
in heaven above
what is this thing
called love?

what is this thing called love
this funny thing
called love
just who can solve its mystery
why should it make
a fool of me?

I saw you there
one wonderful day
you took my heart
and threw it away
thats why I ask the lord
in heaven above
what is this thing
called love?

Cole Porter

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Journal Intime & Jérémie Piazza
Poll Pebe Pueyrredon, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

31 mars 2023

Cher journal, je t’écris les yeux fermés devant la source tarie. Je pourrais cesser de t’écrire sur-le-champ, arrêter d’écrire, mais je sens que c’est crucial pour moi de m’accrocher. C’est une impitoyable douce lutte pour apprivoiser et solidifier les idées qui affluent voilées de silence. C’est une offrande que je me livre, qui m’affranchit des contraintes du réel, pour mieux l’investir. T’écrire c’est disparaitre sous le vernis intangible de la réalité, se glisser dans les émotions pour y trouver passions et imperfections, observer mes fêlures dans un miroir performant, c’est entrer dans une transe libérée de la domination des toutes-puissantes lois de l’espace-temps. C’est retrouver l’état du songe dans un moment conscient. C’est se mettre en rêve comme on se mettrait en grève. C’est ça, je suis en Rève…

L’inédit de la semaine : 3ème mouvement

3/?

Joie, L’Atelier des Bourdons est de retour ! Aujourd’hui : troisième mouvement de notre suite improvisée en public chez les toujours merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, le deuxième mouvement, et l’intégrale à venir ici-là. Le mois dernier on vous a proposé de nous aider à trouver un titre. Bon… D’abord merci pour vos messages, j’ai envie de dire que c’est l’intention qui compte, que le principal c’est de participer, que nul n’est tenu d’ignorer la loi, que c’est en forgeant qu’on devient fatigué bien avant 60 ans, que vous êtes très sympathiques avec vos farfelueries, et qu’on vous aime. Après, faut quand même vous citer, pour que celleux qui n’ont pas encore participé (il en reste, oui, des timides sûrement) prennent la mesure de ce qui nous attend tous :
« Flexueuses variations »
« De l’entéléchie vers l’epectase »
« Rayonnée d’âmes »
On a même eu « Etc… » dans les propositions ! Et encore, là on vous livre le haut du panier. Bref, on passe l’éponge, Bob, et on t’accorde un délai supplémentaire pour nous envoyer tes plus beaux titres à cette adresse : promisjevaisessayerdefairemieux@gromail.mail. C’est simple : tu écoutes, tu danses, tu nous écris, et si tu gagnes on t’offre 8 trimestres pour tes vieux jours. Dis-pas merci !

Dans la chaleur de la chambre, comme les fleurs ouvraient leurs pétales, elle ouvrait ses paupières. Et les roses qu’elle avait, et les regards qu’elle avait s’effeuillaient sur moi. Le soir obscurcissait ses traits et précisait ses prunelles. Elle, étonnée de son désir, et de nos corps insuffisamment dissemblables, hésitait penchée sur moi, comme celles qui ne savent pas. Et je lui appris la volupté des baisers silencieux, et l’étreinte des mains qui se cherchent dans la joie.

Natalie Clifford Barney, Je me souviens (1904)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

At The Seaside — Self-portrait
Romaine Brooks, 1914
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

17 mars 2023

Cher journal, comme d’habitude en hiver, je retourne en enfance chaque nuit, et mes songes m’imprègnent du passé. Au réveil, confuse, il me faut un long temps d’intense concentration pour retrouver ma place au présent. Ces nuits sont le reflet d’une mémoire imparfaite par leurs souvenirs fanés. Les lieux se brouillent, les visages s’esquissent dans une déliquescence prématurée, au point de fusionner dans une hybridation confuse. Deviner qui se cache derrière ces amalgames autobiographiques relèverait de l’épreuve insurmontable sans l’aide précieuse des émotions persistantes. Car ce sont bien elles qui me reconnectent dans le rêve comme dans la réalité – deux fictions juxtaposées, le réel se raconte au passé, le présent est inaccessible à l’observation. C’est émue que je suis à nouveau guide de ma trajectoire, que je peux parcourir librement mes états et naviguer par delà éther & biosphère, à la rencontre de ces points de passage sensibles, les connections émotives. C’est là que, souvent, nécessairement, je la retrouve, maman.

L’éphéméride de la semaine : Angel

Les lèvres en feu !

Nouvel éphéméride retrouvé dans nos annales, retour sur le disque Lips On Fire, sorti en 2011 sur le Label Ouïe, avec les fabuleux Rodolphe Burger à la guitare & au chant, et Denis Charolles à la batterie. Enregistré lui aussi par le fidèle Guillaume Dulac, ce disque est entièrement composé par Jimi Hendrix ! On a fait des dérangements maison en essayant de garder l’esprit frondeur de Jimi (oui, on l’appelle Jimi !), avec une grosse recherche autours des timbres et des sons, tout en restant sur nos instruments acoustiques. Aujourd’hui on vous propose d’écouter Angel, chanson posthume de Hendrix, dédiée à sa maman Lucille dont la vision onirique le hantait depuis sa jeunesse. Alors on embarque sur les épaules de ce doux ange pour un slow délicatement caverneux que l’on danse avec sa mère, chacun la sienne. Spéciale dédicace à toutes les mamans du monde ! ♡

Angel

Angel came down from heaven yesterday
She stayed with me
Just long enough to rescue me
And she told me a story yesterday
About the sweet love between
The moon and the deep blue sea
And then she spread her wings high over me
She said she is going to come back tomorrow

And I said, « Fly on, my sweet angel
Fly on through the sky
Fly on my sweet angel
Tomorrow I’m going to be by your side »

Sure enough this morning came unto me
Silver wings silhouetted against the child’s sunrise
And my angel she said unto me
« Today is the day for you to rise
Take my hand, you are going to be my man
You are going to rise »
And then she took me high over yonder

And I said, « Fly on, my sweet angel
Fly on through the sky
Fly on my sweet angel
Forever I will be by your side »

Jimi Hendrix

Un Ange est descendu du Paradis hier,
(Elle) est restée juste assez longtemps
Pour me sauver…
Et elle m’a raconté une histoire hier ;
A propos du doux amour
Entre la lune et le bleu profond de la mer.
Ensuite elle étendit ses ailes bien au dessus de moi,
Elle dit : « Je reviendrai te voir demain… »

Alors j’ai dit « Vole mon Doux Ange,
Vole parmi les cieux.
Vole, mon Doux Ange.
Demain je serai à tes cotés… »

Effectivement ce matin vinrent à moi
(Des) ailes d’argent découpées sur l’aube de l’enfant

Et mon Ange me dit,
« Aujourd’hui est le jour de ton ascension
Prends ma main, tu vas être mon Homme

Tu vas t’élever »
Et elle m’emmena loin là-bas…

Alors j’ai dit « Vole mon doux Ange,
Vole parmi les cieux.
Vole mon Doux Ange.
Demain je serai à tes cotés… « 

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LIPS ON FIRE
Journal Intime, 2011
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

10 mars 2023

Cher journal, dans le velours et la touffeur de ce matin qui aurait dû être frileux, saoule de mes délires nocturnes, je rêve encore en me levant somnambuliquement pour me livrer à toi. Le souvenir de ma rêverie s’efface si vite que, le temps de te retrouver, le songe est déjà dissous dans une abstraction brumeuse aux contours nébuleux. Quelque fragment subsiste néanmoins à la surface du vestige sensible de ma nuit. Vertige onirique. Une forme spectrale, floue, presque absente, se tient à distance, semble s’éloigner à mesure que je m’approche. Cependant, je discerne de mieux en mieux son visage ondulant. Le masque change, se défigure en un geste fluide insaisissable, passant d’inconnu à aimé, de familier à Némésis, tourbillon tourmenté, pour enfin se fixer sur un animal totem aux traits familiers quand je suis si proche que je peux l’entendre murmurer de sa voix sourde :
– Danse ! Danse encore, et encore. Danse, tu n’as rien d’autre à faire.

L’avant-première de la semaine : Hinoorz – Chelsea Bridge

J-28

Le compte à rebours est lancé, on est tout excité et impatient, le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime sort dans un mois, le 07 avril 2023, youpi ! Après vous avoir présenté un premier titre éponyme, puis le télescopage Azy Brd, voici un troisième extrait sous la forme d’un double programme : Hinnorz – Chelsea Bridge, avec en invité le magnifique Marc Ducret ♡ aux guitares (12 cordes & électrique). Le standard Chelsea Bridge a été inspiré à Billy Strayhorn par un tableau de J. M. W. Turner représentant… le Battersea Bridge ! (sic) L’introduction (finalement plus longue que le morceau, et encore, on en a coupé 2-3 minutes, on vous épargne un peu !!!) a pour titre Hinoorz, et est inspirée elle aussi par un tableau de J. M. W. Turner, mais celui… du Waterloo Bridge, plus au nord du Chelsea Bridge :)) Le Battersea Bridge étant au sud du Chelsea Bridge, on s’est dit que ça ferait une moyenne ! Au final tout cela se danse à Londres, sur les rives de la Tamise, à l’aube du XIXème siècle, sous un smog épais et velouté, aux sulfureuses fragrances charbonnées. Koff !

Chelsea Bridge

I was a stranger in the city
Out of town were the people I knew
I had that feeling of self-pity
What to do, what to do, what to do?
The outlook was decidedly blue

But as I walked through the foggy streets alone
It turned out to be the luckiest day I’ve known

A foggy day, in London town
Had me low, had me down
I viewed the morning with much alarm
British museum had lost it’s charm

How long I wondered
Could this thing last
But the age of miracles hadn’t past
For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere


For, suddenly, I saw you there
And through foggy London town
The sun was shining everywhere

Everywhere
Everywhere
Everywhere

Bill Comstock

Pont de Chelsea

J’étais un étranger dans la ville

Les gens que je connaissais étaient hors de la ville
J’ai eu ce sentiment d’apitoiement sur moi-même
Que faire, que faire, que faire ?
Les perspectives étaient décidément bleues

Mais alors que je marchais seul dans les rues brumeuses
Il s’est avéré que ce jour était le plus chanceux que j’ai connu

Un jour brumeux, dans la ville de Londres
M’a déprimé, m’a mis le cafard
J’ai regardé le matin avec beaucoup d’inquiétude
Le musée britannique avait perdu son charme

Combien de temps je me suis demandé
Cette chose pourrait-elle durer
Mais l’âge des miracles n’était pas passé
Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Car, tout à coup, je t’ai vu là
Et à travers la ville brumeuse de Londres
Le soleil brillait partout


Partout
Partout
Partout

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : de ces deux tableaux de J. M. W. Turner,
sauras-tu trouver lesquels ne représentent pas Chelsea Bridge ?
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

03 mars 2023

Cher journal, je sens que nous sommes attirés collectivement par une énergie sombre. J’ai le sentiment que, sous les aspects d’une vie légère malgré ses contraintes, sous le vernis de notre confort de privilégiés asphyxiés, l’arbre de la décrépitude forme ses racines, alimentées par la sève de nos renoncements. J’ai peur d’assister à la tragédie cosmique, l’expansion universelle de notre inhumanité. Mais cette crainte ne m’empêchera pas de lutter vigoureusement, follement librement, et mes armes seront sans cynisme ni amertume. C’est pleine d’amour, de tendresse et de désirs éternels que je regarderai, sans faillir, sans détourner les yeux, se disperser les résidus stellaires de l’Olympe anéantie.

L’inédit de la semaine : 2ème mouvement

Second round

On retourne à L’Atelier des Bourdons cette semaine, pour le deuxième mouvement de cette suite improvisée en public chez les merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, et rendez vous là pour retrouver l’intégralité à venir (c’est carrément un voyage dans le temps, vers une sorte de futur antérieur, balèze, j’adore les hyperliens). Bon, maintenant que tout cela avance, il va falloir trouver un titre à cette folie. Alors à toi de jouer, entre deux pas de danse tu vas trouver le temps de nous suggérer des idées, j’en suis sûr. Écris-nous à cette adresse : jaiuneideepourlenomdevotresuiteimprovisee@gromail.mail, et si ta proposition est retenue on t’offre un an de cours de flamenco à Château-Chinon. Elle est pas belle la vie ?

XIII – Bohémiens en Voyage

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Golgatha
Katharina Heise (Karl Luis Heinrich-Salze), 1918
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.