Cher journal, je fais parfois des cauchemars. Et au réveil, l’angoisse est toujours là, palpable, en dépit de l’aube prometteuse. La journée ne prend pas systématiquement le dessus, et quelquefois le cauchemar se prolonge en mode diurne. Aujourd’hui, danser m’était impossible sans une volonté immense. Pas le temps de méditer ni de m’étirer. Et retrouver le chemin du soleil fut un long labeur, à peine terminé à l’heure du sommeil. Qui me visitera cette nuit ? De quelles couleurs songerai-je ? J’avale un arc-en-ciel et je me glisse dans les ténèbres…
Ouverture intérieure.
Et hop, on clôt le mois de mars avec le retour du Livre de la Jungle, projet toujours en gestation et tout en gesticulations, avec Florent Hamon et Nicolas Gastard. Aujourd’hui, voici l’introduction du spectacle, hybride de la musique de Georges Burns et de dérangements personnels, avec Nicolas Gastard aux percussions. Pour nous aider à danser dessus, on se fait plaisir avec la poésie cosmique de Babouillec, autrice autiste au sens de la formule qui nous touche particulièrement. Alors on pose bicyclettes et mobylettes, si tu danses c’est qu’t’es vivante !
Je, ou Autopsie du vivant
Je suis une enfant du ventre de ce monde où la poésie s’enterre vivante asphyxiée par l’hégémonie culturelle.
Je suis une enfant de ce sentier du monde en équilibre au-dessus des ravins ligotés entre le plein et le vide.
Je suis une enfant du ravin de ce monde ployé sous les sentiers en déséquilibre entre le vide et le plein.
Je suis une enfant en errance dans ce monde peuplé de certitudes soumis à la servitude.
(…)
Que du baratin, je me planque entre les lignes.
Ode bruyante, mixage éclaté, tête par-dessus bord,
Je suis autiste.
BABOUILLEC, Algorithme éponyme et autres textes
Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.