10 décembre 2021

Cher journal, personne ne peut m’interdire de danser. Je danse où je veux, quand je veux. Dans un théâtre de la ville, dans une grange abandonnée ; dans la rue si cela m’enchante, dans ma chambre, seule et pudique ; avec mes amies au dancing, entourée d’inconnues sur le dancefloor ; en Bretagne, en Alsace, en Auvergne pourquoi pas, dans les Alpes ou les Pyrénées, en Corse ou aux Antilles ; partout, tout le temps, je danse. Ce soir, je sors. Dans l’obscurité je méprise l’interdit. Je traverse la jungle labyrinthique et ses feuillages touffus, mon cœur exulte aux sons qui se rapprochent. Une faible lueur m’indique le chemin. Une clairière apparaît, la fête est là. Dans la forêt, autour d’un feu fougueux, enfin, je danse. Libre.

L’inédit de la semaine : Colonel Hathi’s March

Dansez, dansez, dansez, dansez !

Allez, on reste encore un peu dans Le Livre De La Jungle. Faut nous comprendre : on joue notre tout nouveau spectacle ce we, samedi 11 & dimanche 12 décembre, à La Dynamo de Banlieues Bleues, avec les flamboyants Nicolas Gastard & Florent Hamon déchaînés comme jamais ! Pas de bol si vous n’avez pas réservé vos places : c’est complet ! Tentez votre chance quand même hein, on ne sait jamais, un désistement est vite arrivé en ce moment… Bref, après un Baloo déguisé en Beyonce (ou était-ce l’inverse ?), voici le colonel et sa patrouille de la jungle : qu’est-il arrivé à vos trompes ? Je suis pas sûr de vouloir savoir, mais on vous promet une Victoria Cross pour toute vidéo de vous, dansants la trompe libre sur la Colonel Hathi’s March des frères Sherman !

Toomai of the Elephants

I will remember what I was, I am sick of rope and chain— 
I will remember my old strength and all my forest affairs. 
I will not sell my back to man for a bundle of sugar-cane: 
I will go out to my own kind, and the wood-folk in their lairs. 

I will go out until the day, until the morning break— 
Out to the wind’s untainted kiss, the water’s clean caress; 
I will forget my ankle-ring and snap my picket stake. 
I will revisit my lost loves, and playmates masterless! 


(…)

Salaam karo, my children. Make your salute to Toomai of the Elephants! Gunga Pershad, ahaa! Hira Guj, Birchi Guj, Kuttar Guj, ahaa! Pudmini,—thou hast seen him at the dance, and thou too, Kala Nag, my pearl among elephants!—ahaa! Together! To Toomai of the Elephants. Barrao!”

And at that last wild yell the whole line flung up their trunks till the tips touched their foreheads, and broke out into the full salute—the crashing trumpet-peal that only the Viceroy of India hears, the Salaamut of the Keddah.

But it was all for the sake of Little Toomai, who had seen what never man had seen before—the dance of the elephants at night and alone in the heart of the Garo hills!

Rudyard Kipling, The Jungle Book

Toomai des Éléphants

Je me souviens de qui je fus. J’ai brisé corde et chaîne.
Je me souviens de ma forêt et de ma vigueur ancienne.

Je ne veux plus vendre mon dos pour une botte de roseaux,
Je veux retourner à mes pairs, aux gîtes verts des taillis clos :

Je veux m’en aller jusqu’au jour, partir dans le matin nouveau.
Parmi le pur baiser des vents, la claire caresse de l’eau :
J’oublierai l’anneau de mon pied, l’entrave qui veut me soumettre.
Je veux revoir mes vieux amours, les jeux de mes frères sans maître.


(…)

Salaam karo, mes enfants. Faites votre salut à Toomai des Éléphants ! Gunga Pershad, ahaa ! Hira Guj, Birchi Guj, Kuttar Guj, ahaa ! Pudmini, tu l’as vu à la danse, et toi aussi, Kala Nag, ô ma perle des Éléphants !… Ahaa ! Ensemble ! À Toomai des Éléphants ! Barrao ! ! !

Alors, au signal de cette clameur sauvage, sur toute la ligne les trompes se levèrent jusqu’à ce que chacun touchât du bout le front de chaque éléphant, et tous entonnèrent le grand salut, l’éclatante salve de trompettes que seul entend le Vice-Roi des Indes, le Salaam-ut du Keddah.

Mais cette fois, en l’unique honneur de Petit Toomai, qui avait vu ce que jamais homme ne vit auparavant, la danse des éléphants, la nuit, tout seul, au cœur des montagnes de Garo !

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

« Petit Toomai s’aplatit contre le grand cou,
de peur qu’une branche ballante ne le précipitât sur le sol »
Illustration de William H. Drake, The Jungle Book – 1ère édition, 1894.
La vidéo bonus de la semaine : Witch Spleen On Fire
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei.

27 août 2021

Garland’s Rage Cocktail
Recette estivale

Préparation 2min
Cuisson 8min

Ingrédients
Pour 1 personne

– 2 cuillères à soupe de Marburgvirus
– 8 cuillères à café d’Ebolavirus
– 6,4kg de plutonium 239

Préparation
Préchauffer le four à pain à 350°.
Dans un bol en terre cuite, mélanger le Marburgvirus, l’Ebolavirus et le plutonium.
Étaler la pâte ainsi obtenue et la rouler en forme de champignon.
Faire cuire 2 heures et 8 minutes, laisser reposer 28 jours.

!!! Astuce !!!
pour plus de saveur, n’oubliez-pas de soumettre la préparation à un rayonnement ionisant avant la cuisson.

La vidéo bonus de la semaine : My Own Home Latter

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou.

14 mai 2021

Cher journal, l’hiver s’éloigne à grands pas et le printemps s’installe avec ses odeurs fleuries. La neige et le froid ne sont plus que souvenirs déjà flous, c’est incroyable comme la nature est résiliente. Déjà les oisillons sortent de leur nid, avec eux la vie prend son envol, et j’ai bien, moi aussi, l’intention de m’éloigner de cette chambre si longtemps occupée. Voltiger de terrasses en forêts, embraser de grands feux de joie, retrouver mes amies et faire enfin de nouvelles rencontres, migrer vers un ailleurs inconnu, voilà un programme réjouissant. J’ai malgré tout comme une intense boule au ventre, et le goût âcre, métallique, du sang dans ma bouche me laisse à penser que tout cela ne sera pas si simple…

L’inédit de la semaine : My Own Home

Le chant de la sirène…

Restons encore un peu dans le Livre de la jungle, avec aujourd’hui une version de My Own Home, qui clôture le film de Walt Disney. Encore une magnifique mélodie signée des frères Robert & Richard Sherman, jouée en trio, tout simplement. On n’a qu’à dire que Fred c’est Baloo, Matthias serait Bagheera, et du coup faut visualiser Sylvain en slip rouge pour Mowgli… Mouais, pas sûr que ça facilite votre écoute… En tous cas, pour nous aider à digérer les paroles originales de cette chanson, nous faisons appel ci-dessous à Susan Sontag, qui nous propose un autre parcours tout à fait réjouissant ! Si tu veux, tu danses, avec qui tu veux [cœur].

The Saturday Review, 23 septembre 1972

(…) Women have another option. They can aspire to be wise, not merely nice; to be competent, not merely helpful; to be strong, not merely graceful; to be ambitious for themselves, not merely for themselves in relation to men and children. They can let themselves ago naturally and without embarrassment, actively protesting and disobeying the conventions that stem from this society’s double standard about aging. Instead of being girls, girls as long as possible, who then ago humiliatingly into middle-age women and then obscenely into old women, they can become women much earlier – and remain active adults, enjoying the long erotic career of which women are capable, for longer.

Susan Sontag, The Double Standard Of Aging

(…) Les femmes ont une autre option. Elles peuvent aspirer à être sages, et pas simplement gentilles ; à être compétentes, et pas simplement utiles ; à être fortes, et pas simplement gracieuses ; à avoir de l’ambition pour elles-mêmes, et pas simplement pour elles-mêmes en relation avec des hommes et des enfants. Elles peuvent se laisser vieillir naturellement et sans honte, protestant ainsi activement, en leur désobéissant, contre les conventions nées du “deux poids, deux mesures” de la société par rapport à l’âge. Au lieu d’être des filles, des filles aussi longtemps que possible, qui deviennent ensuite des femmes d’âge moyen humiliées, puis des vieilles femmes obscènes, elles peuvent devenir des femmes beaucoup plus tôt – et rester des adultes actives, en jouissant de la longue carrière érotique dont elles sont capables, bien plus longtemps.

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Susan Sontag’s Double Standard remastered

29 janvier 2021

Cher journal, je suis trop contente, ma tante Maud adorée vient d’avoir un bébé, j’ai trop hâte de le voir, il est trop mignon sur les photos ! Je vais lui chanter des chansons folles et danser sur les mains pour le faire rire. Avant-hier le docteur Hyks m’a posé des électrodes autour du crâne : il m’a dit que j’ai eu un épisode épileptique tonique ou quelque chose comme ça, et que c’est pour ça que j’ai des trous de mémoire et que je me réveille parfois dans des états bizarres. Il me conseille de faire attention à ce que je mange mais surtout à ce que je bois. Je préfère ma dentiste, avec elle au moins on peut rigoler.

L’inédit de la semaine : I Wan’na Be Like You

Oh woupidoo, houp douwi, hap didou-bidouap.

Bon alors en termes de vidéos on a pas reçu grand chose, quelque part ça nous rassure sur ta santé mentale. Là par contre je crois bien qu’il va falloir danser à fond ce we, danser comme des singes ! Du coup, on vous propose de faire les conques avec nous sur la chanson I Wan’na Be Like You, toujours des frères Sherman, et encore une fois issue du Livre de la Jungle. Dans notre version scénique vous pourrez voir Florent Hamon & Nicolas Gastard brûler le parquet dans une chorégraphie diabolique, mais pour ça va falloir patienter un peu… M’enfin, imagine que c’est la folie dehors, et qu’il te reste UNE danse avant le chaos, en attendant la destruction du Palais des Singes, bah nous on te propose la bande-son, tu fais suivre les vidéos ?

Je voudrais devenir un homme
Ce serait merveilleux
Vivre pareil aux autres hommes
Loin des singes ennuyeux

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

La Danse du Singe
Gif anonyme inédit, XXIème siècle

15 janvier 2021

Cher journal, hier je voulais faire la fête mais je me suis levée toute triste. Alors j’ai feuilleté un vieil album photo. Nostalgie de revoir ces visages du passé raconter leurs vies heureuses. J’ai eu envie de revoir le Livre de la Jungle, mais comme aucun cinéma ne le joue je vais le regarder sous la couette en buvant un chocolat brûlant. Et des spéculoos ? Je crois bien que je vais hiberner un peu. Demain j’essaie le moonwalk.

L’inédit de la semaine : Trust In Me

Ayons confiance…

Cette semaine nous sommes en résidence avec Florent Hamon & Nicolas Gastard pour préparer notre prochain spectacle, un dérangement de la musique des frères Sherman et de Georges Burns, pour une version ballet toute personnelle du Livre de la Jungle. En attendant de voir ça en chair transpirante et en os à moelle, voici une version sans claquette ni parapluies de Trust In Me. Un tigre à chevaucher, un serpent hypnotisant, des vautours lugubres : beaucoup d’épreuves pour un petit d’homme perdu au milieu des singes. Restent des bananes, toujours des bananes…

Sleep into silent slumber
Sail on a silver mist
Slowly and surely your senses
Will cease to resist

Trust in me, just in me
Shut your eyes and trust in me

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Tchutty cherchant à hypnotiser Matthias.