Cher journal, l’orage gronde dehors, et l’atmosphère est lourde. Il faudrait être bien insensible pour ne pas être affectée par cette moiteur, cette touffeur. Manifestement je suis perméable à l’atmosphère, à ses pressions, et c’est naturellement que je me laisse pénétrer par cette tiédeur épaisse. Alors je m’allonge, je laisse perler sur mon corps la sueur et l’écume, j’abandonne à mon esprit fantaisiste le plaisir de me posséder. Le temps se dilue, moi aussi. Le ruissellement délicat des gouttelettes dessine sur mes carreaux les rides de mon désir perçant. Le présent se fige dans un spasme éthéré. Le pluie commence à peine à s’agiter, la tempête n’a pas encore commencé. La nuit m’envahit imperceptiblement, l’aurore s’éloigne sous la pression des splendides ténèbres. Quelle soirée, quels délices !
Délicieuse victoire
L’éphéméride du jour nous fait particulièrement plaisir : nous avons retrouvé dans nos annales un « one-shot » chanté par la merveilleuseLou : Victory, tiré de l’album Dry de PJ Harvey. Enregistré au Ventre de la Baleine à l’automne 2010 par Gaétan Boudy, au cours d’une délicieuse rencontre chaperonnée par l’incroyable Mahut, un régal. Chanceux que vous êtes, Lou vous a préparé un petit « making-of » d’époque, brut et sensible, tout comme nous quoi ! Alors maintenant il ne te reste plus qu’à bouger la tête, les épaules, puis les hanches, et tout ce que tu peux, tout ce que tu veux, tant qu’il y a plaisir et consentement ! The temperature is high ? Come on boys, let’s push it hard…
Victory
I stumble in and in You fit me with those angel wings Send me gold, set me high Set it up, I’m in the sky
The storm is gone (And the storm is gone) And the temperature’s high (And the temperature’s high) And delight is dining (And delight is dining) At my table
Till I think ha-ha-ha how lucky we are Angel at my table, God in my car Get it at sea, take a ship I’d christen her ‘Victory’, she’d make it
Victory Victory
Come on boys, let’s push it hard You bump down, push your motor car Come on boys, you’ve done us proud You can sweat, dig, I’ll mop it right off your brow
Victory Victory Victory Victory
Till the storm is gone (Till the storm is gone) And the temperature’s high (And the temperature’s high) And delight is dining (And delight is dining) At my table Till the storm is gone (Till the storm is gone) And the temperature’s high (And the temperature’s high) And delight is dining (And delight is dining) At my table
Cher journal, c’est le printemps et je suis allée fêter ça cet après-midi en manif’ avec les copines. Grosse ambiance, des pétards et beaucoup de fumée, on a fait des « pas de deux » avec les gardiens de la paix, on a joué à cache-cache avec de braves motards, on s’est toutes bien défoulées avec des slogans marrants, on a échangé des mots doux avec les agents de l’état, il faisait beau, c’était très sympa, que de l’amour… En vrai, pas si simple, pas si chouette, pas si dansant. Pas glop même. C’est dur ce constat de ne pas être entendues, de ne pas pouvoir agir sur notre destinée commune, amère cette sensation que ce n’est pas le peuple qui gouverne et qu’aucune reconnaissance ne consacre l’action pacifiste. La répression fait mal, les discours font mal, les décisions sont douloureuses et vont à l’encontre de nos intérêts évidents, contre l’intérêt général, au profit d’une minorité. Ce n’est pas ça la démocratie.C’est pas ça l’amour non plus.
C’est le printemps, les disques bourgeonnent !
Youpi, c’est aujourd’hui que sort en France le disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime ! Disponible dès maintenant chez votre disquaire préféré (s’il ne l’a pas, c’est une erreur, insistez !) et sur vos plateformes de téléchargement légales (qui ne nous rapportent rien et qui nous ignorent largement mais que nous ne pouvons éviter d’arroser – on peut juste vous encourager à soutenir la création en achetant les disques ou en vous abonnant à notre Tipeee ♡). Après un premier titre éponyme, le télescopage Azy Brd, puis un troisième extrait Hinnorz – Chelsea Bridge, voici pour fêter ça un nouveau bout de ce nouveau disque : What Is This Thing Called Love, de Cole Porter, arrangé par Frédéric à partir d’une incroyable version live de l’incroyable Keith Jarrett, yeah ! Question existentielle & essentielle dans cette période de pénurie mondiale d’Amour… Pour célébrer la sortie du disque, on vous propose de se retrouver au Shed à Reims, chez nos amies de Jazzus, le 24 mai prochain, champagne si tu danses ! Allez, va porter la bonne parole : le disque du printemps est arrivé, parles-en autour de toi, tu feras des heureuxes 🙂
p.s. : immense MERCI à nos fidèles Tipeuses/eurs, c’est aussi grâce à vous que ce disque existe ! Vous allez en recevoir un exemplaire par la poste, un peu de patience, les envois sont en cours. 💝
What Is This Sing Called Love ? I was a humdrum person leading a life apart when love flew in through my window wide and quickened my humdrum heart
love flew in through my window I was so happy then but after love had stayed a little while love flew out again
what is this thing called love this funny thing called love just who can solve its mystery why should it make a fool of me?
I saw you there one wonderful day you took my heart and threw it away thats why I ask the lord in heaven above what is this thing called love?
what is this thing called love this funny thing called love just who can solve its mystery why should it make a fool of me?
I saw you there one wonderful day you took my heart and threw it away thats why I ask the lord in heaven above what is this thing called love?
Cher journal, je t’écris les yeux fermés devant la source tarie. Je pourrais cesser de t’écrire sur-le-champ, arrêter d’écrire, mais je sens que c’est crucial pour moi de m’accrocher. C’est une impitoyable douce lutte pour apprivoiser et solidifier les idées qui affluent voilées de silence. C’est une offrande que je me livre, qui m’affranchit des contraintes du réel, pour mieux l’investir. T’écrire c’est disparaitre sous le vernis intangible de la réalité, se glisser dans les émotions pour y trouver passions et imperfections, observer mes fêlures dans un miroir performant, c’est entrer dans une transe libérée de la domination des toutes-puissantes lois de l’espace-temps. C’est retrouver l’état du songe dans un moment conscient. C’est se mettre en rêve comme on se mettrait en grève. C’est ça, je suis en Rève…
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Joie, L’Atelier des Bourdons est de retour ! Aujourd’hui : troisième mouvement de notresuite improviséeen public chez les toujours merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, le deuxième mouvement là, et l’intégrale à venir ici-là. Le mois dernier on vous a proposé de nous aider à trouver un titre. Bon… D’abord merci pour vos messages, j’ai envie de dire que c’est l’intention qui compte, que le principal c’est de participer, que nul n’est tenu d’ignorer la loi, que c’est en forgeant qu’on devient fatigué bien avant 60 ans, que vous êtes très sympathiques avec vos farfelueries, et qu’on vous aime. Après, faut quand même vous citer, pour que celleux qui n’ont pas encore participé (il en reste, oui, des timides sûrement) prennent la mesure de ce qui nous attend tous : « Flexueuses variations » « De l’entéléchie vers l’epectase » « Rayonnée d’âmes » On a même eu « Etc… » dans les propositions ! Et encore, là on vous livre le haut du panier. Bref, on passe l’éponge, Bob, et on t’accorde un délai supplémentaire pour nous envoyer tes plus beaux titres à cette adresse : promisjevaisessayerdefairemieux@gromail.mail. C’est simple : tu écoutes, tu danses, tu nous écris, et si tu gagnes on t’offre 8 trimestres pour tes vieux jours. Dis-pas merci !
Dans la chaleur de la chambre, comme les fleurs ouvraient leurs pétales, elle ouvrait ses paupières. Et les roses qu’elle avait, et les regards qu’elle avait s’effeuillaient sur moi. Le soir obscurcissait ses traits et précisait ses prunelles. Elle, étonnée de son désir, et de nos corps insuffisamment dissemblables, hésitait penchée sur moi, comme celles qui ne savent pas. Et je lui appris la volupté des baisers silencieux, et l’étreinte des mains qui se cherchent dans la joie.
Cher journal, je viens de vivre une expérience vraiment étrange. J’ai décidé d’essayer un chat-bot pour m’aider à écrire une page de journal intime, mais cela n’a pas du tout fonctionné comme je le pensais. J’ai rapidement réalisé que le robot ne comprenait pas vraiment ce que je voulais dire. Il a commencé à me proposer des phrases toutes faites et des réponses préprogrammées, qui n’avaient rien à voir avec ce que je ressentais. J’ai essayé de lui expliquer que je voulais écrire quelque chose de personnel et de sincère, mais il ne semblait pas comprendre. Je me suis sentie frustrée et un peu trahie. J’avais l’impression de parler à une machine insensible, qui ne pouvait pas vraiment m’aider. Finalement, j’ai décidé d’abandonner l’idée du chat-bot et j’ai continué à écrire moi-même. Cela m’a pris plus de temps, mais j’ai finalement réussi à exprimer ce que je ressentais. Je suis reconnaissante d’avoir un endroit où je peux écrire mes pensées les plus intimes, sans avoir à me soucier de ce que les autres pensent. Je sais que je peux toujours compter sur toi, cher journal, pour m’aider à traverser les moments difficiles. En fin de compte, cette expérience m’a appris que rien ne peut remplacer la connexion humaine et l’empathie. Les machines peuvent être utiles, mais elles ne peuvent jamais remplacer la chaleur et la compassion d’un être humain. … Très fort cet automate !
Symposium de cygneaux
C’est le retour du groupe Kino-Sounds cette semaine (après TbPn le mois dernier), pour un second round inédit issu du nouveau disque à venir (le 30 juin 2023 sur Bandcamp exclusivement, on vous tiendra au courant ici-même bien sûr, stay tuned – et d’ici-là il aura peut-être même un nom ce disque !!!). Il s’agit de la chanson désenchantée de David Bowie : Cygnet Committee, interprétée par le génial Matthieu Metzger au bricolo-saxo-perso, sur un arrangement de Rémi Dumoulin. C’est donc toujours avec les magnifiquesDidier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, Rémi Dumoulin au saxophone ténor & Sylvain Bardiau à la trompette. Et c’est le grand retour de David Bowie sur le blog, après une version érotico-décadente de Criminal World avec Yann Péchin. Ça se danse délicatement, amoureusement, seul ou en groupe, autour d’un feu de cheminée ou d’une poubelle qui brûle. L’idée c’est de t’envoyer de la tendresse en barre, parce que c’est pas les CRS qui le feront… I still Believe in a State of Love 🖤
Spéciale dédicace à notre super-héros de la semaine ♡ Rudolph ♡ et à ses Wonder-women ♡
Cygnet Committee
I bless you madly Sadly as I tie my shoes I love you badly Just in time, at times, I guess Because of you I need to rest Because it’s you that sets the test
So much has gone And little is new And as the sparrow sings Dawn chorus for Someone else to hear The Thinker sits alone growing older And so bitter
I gave them life I gave them all They drained my very soul …dry I crushed my heart To ease their pains No thought for me remains there Nothing can they spare What of me? Who praised their efforts To be free? Words of strength and care And sympathy I opened doors That would have blocked their way I braved their cause to guide For little pay
I ravaged at my finance just for those Those whose claims were steeped in peace, tranquility Those who said a new world, new ways ever free Those whose promises stretched in hope and grace for me
I bless you madly Sadly as I tie my shoes I love you badly Just in time, at times, I guess Because of you I need to rest Because it’s you that sets the test
So much has gone And little is new And as the sunrise stream Flickers on me My friends talk Of glory, untold dream, where all is God and God is just a word
« We had a friend, a talking man Who spoke of many powers that he had Not of the best of men, but ours
We used him We let him use his powers We let him fill our needs Now We are strong
And the road is coming to its end Now the damned have no time to make amends No purse of token fortune stands in our way The silent guns of love Will blast the sky We broke the ruptured structure built of age Our weapons were the tongues of crying rage
Where money stood We planted seeds of rebirth And stabbed the backs of fathers Sons of dirt
Infiltrated business cesspools Hating through Our sleeves Yeah, and We slit the Catholic throat Stoned the poor On slogans such as:
‘Wish You Could Hear’ ‘Love Is All We Need’ Kick Out The Jams’ ‘Kick Out Your Mother’ ‘Cut Up Your Friend’ ‘Screw Up Your Brother or He’ll Get You In the End’
‘And We Know the Flag of Love is from Above’ ‘And We Can Force You to Be Free’ ‘And We Can Force You to Believe' »
And I close my eyes and tighten up my brain For I once read a book in which the lovers were slain For they knew not the words of the Free States’ refrain It said: ‘I believe in the Power of Good’ ‘I Believe in the State of Love’ ‘I Will Fight For the Right to be Right’ ‘I Will Kill for the Good of the Fight for the Right to be Right’
And I open my eyes to look around And I see a child laid slain On the ground As a love machine lumbers through desolation rows Ploughing down man, woman, listening to its command But not hearing anymore Not hearing anymore Just the shrieks from the old rich
And I want to believe In the madness that calls ‘Now’ And I want to believe That a light’s shining through Somehow
And I want to believe And you want to believe And we want to believe And we want to live Oh, we want to live
We want to live We want to live We want to live We want to live
I want to live I want to live I want to live
I want to live I want to live I want to live
Live Live Live David Bowie
Je vous bénis follement, Tristement comme je noue mes chaussures Je t’aime mal, Juste à temps, parfois, je suppose A cause de toi, je dois me reposer Parce que c’est toi qui fixe le test Tant de choses ont disparu et peu sont nouvelles Et comme le moineau chante Pour l’aube Quelqu’un d’autre à entendre Le Penseur est assis seul en train de vieillir Et si amer
« Je leur ai donné la vie Je les ai tous donné Ils drainés mon âme …sec J’ai écrasé mon coeur pour soulager leurs douleurs Aucune pensée pour moi n’en est sorti Rien ne peut les épargner Et moi ? Qui a salué leurs efforts d’être libre? Mots de force et de soins et de sympathie J’ai ouvert les portes qui aurait bloqué leur chemin Je bravé Leur cause pour les guider, pour un maigre salaire
J’ai ravagé mes finances juste pour eux Ceux dont les demandes ont été plongés dans la paix, la tranquillité Ceux qui ont dit un nouveau monde, de nouveaux chemins toujours libre Ceux qui ont promis de s’étirer dans l’espérance et la grâce pour moi «
Je vous bénis follement, Tristement comme je noue mes chaussures Je t’aime mal, Juste à temps, parfois, je suppose A cause de toi, je dois me reposer, oh oui Parce que c’est toi qui fixe le test
Tant de choses ont disparu et peu sont nouvelles Et comme le torrent du lever du soleil Vacille sur moi, Mes amis parlent De la gloire, des rêve indicibles, où tout est Dieu et Dieu est juste un mot
« Nous avons eu un ami, un homme parlant Qui a parlé de nombreux pouvoirs qu’il avait Pas le meilleur des hommes, mais le notre
Nous l’avons utilisé Nous l’avons laissé utiliser ses pouvoirs Nous l’avons laissé remplir nos besoins Maintenant, nous sommes forts
Et la route arrive à sa fin Maintenant, les damnés n’ont pas le temps de faire amende honorable Aucune bourse de fortune se trouve sur notre chemin Les canons silencieux de l’amour feront exploser le ciel Nous avons cassé la structure rompu construite de l’âge Nos armes étaient les langues de la rage pleurante
Lorsque l’argent était là Nous avons planté les graines de la renaissance Et poignardé le dos des pères fils de poussière
Infiltré des fosses d’aisances d’affaire Détestant à travers nos manches Oui, et nous avons égorgé les catholiques Soûlé les pauvres De slogans tels que
‘Si vous pouviez entendre’ ‘L’amour est tout ce dont nous avons besoin’ « Jette Les Jams ‘ « Jette ta mère’ ‘Hache ton ami’ ‘Bousille ton frère ou Il t’aura à la fin’
Et nous savons que le drapeau de l’Amour vient d’en haut Et nous pouvons vous forcer à être libre Et nous pouvons vous forcer à croire «
Et je ferme les yeux et renforce mon cerveau Car une fois j’ai lu un livre dans lequel les amants ont été tués Car ils ne savaient pas les paroles du refrain des États Libres Ça disait: « Je crois en la puissance du bien Je crois dans l’État de l’Amour Je vais lutter pour le droit d’avoir raison Je tuerai pour le bien de la lutte pour le droit d’avoir raison »
Et j’ouvre les yeux pour regarder autour Et je vois un enfant jeté morts par terre Comme une machine d’amour se traînant à travers des rangées de désolation Labourant homme, femme, qui écoutent ses commandements Mais qui n’entendent plus maintenant Qui n’entendent plus maintenant Que les cris des vieux riches
Et je veux croire Dans la folie qu’ils appellent ‘Maintenant’ Et je veux croire Qu’une lumière brille à travers D’une manière ou d’une autre
Et je veux croire Et vous voulez croire Et nous voulons croire Et Nous voulons vivre Oh, nous voulons vivre
Cher journal, comme d’habitude en hiver, je retourne en enfance chaque nuit, et mes songes m’imprègnent du passé. Au réveil, confuse, il me faut un long temps d’intense concentration pour retrouver ma place au présent. Ces nuits sont le reflet d’une mémoire imparfaite par leurs souvenirs fanés. Les lieux se brouillent, les visages s’esquissent dans une déliquescence prématurée, au point de fusionner dans une hybridation confuse. Deviner qui se cache derrière ces amalgames autobiographiques relèverait de l’épreuve insurmontable sans l’aide précieuse des émotions persistantes. Car ce sont bien elles qui me reconnectent dans le rêve comme dans la réalité – deux fictions juxtaposées, le réel se raconte au passé, le présent est inaccessible à l’observation. C’est émue que je suis à nouveau guide de ma trajectoire, que je peux parcourir librement mes états et naviguer par delà éther & biosphère, à la rencontre de ces points de passage sensibles, les connections émotives. C’est là que, souvent, nécessairement, je la retrouve, maman.
Les lèvres en feu !
Nouvel éphéméride retrouvé dans nos annales, retour sur le disque Lips On Fire, sorti en 2011 sur le Label Ouïe, avec les fabuleux Rodolphe Burger à la guitare & au chant, et Denis Charolles à la batterie. Enregistré lui aussi par le fidèle Guillaume Dulac, ce disque est entièrement composé par Jimi Hendrix ! On a fait des dérangements maison en essayant de garder l’esprit frondeur de Jimi (oui, on l’appelle Jimi !), avec une grosse recherche autours des timbres et des sons, tout en restant sur nos instruments acoustiques. Aujourd’hui on vous propose d’écouter Angel, chanson posthume de Hendrix, dédiée à sa maman Lucille dont la vision onirique le hantait depuis sa jeunesse. Alors on embarque sur les épaules de ce doux ange pour un slow délicatement caverneux que l’on danse avec sa mère, chacun la sienne. Spéciale dédicace à toutes les mamans du monde ! ♡
Angel
Angel came down from heaven yesterday She stayed with me Just long enough to rescue me And she told me a story yesterday About the sweet love between The moon and the deep blue sea And then she spread her wings high over me She said she is going to come back tomorrow
And I said, « Fly on, my sweet angel Fly on through the sky Fly on my sweet angel Tomorrow I’m going to be by your side »
Sure enough this morning came unto me Silver wings silhouetted against the child’s sunrise And my angel she said unto me « Today is the day for you to rise Take my hand, you are going to be my man You are going to rise » And then she took me high over yonder
And I said, « Fly on, my sweet angel Fly on through the sky Fly on my sweet angel Forever I will be by your side »
Jimi Hendrix
Un Ange est descendu du Paradis hier, (Elle) est restée juste assez longtemps Pour me sauver… Et elle m’a raconté une histoire hier ; A propos du doux amour Entre la lune et le bleu profond de la mer. Ensuite elle étendit ses ailes bien au dessus de moi, Elle dit : « Je reviendrai te voir demain… »
Alors j’ai dit « Vole mon Doux Ange, Vole parmi les cieux. Vole, mon Doux Ange. Demain je serai à tes cotés… »
Effectivement ce matin vinrent à moi (Des) ailes d’argent découpées sur l’aube de l’enfant Et mon Ange me dit, « Aujourd’hui est le jour de ton ascension Prends ma main, tu vas être mon Homme Tu vas t’élever » Et elle m’emmena loin là-bas…
Alors j’ai dit « Vole mon doux Ange, Vole parmi les cieux. Vole mon Doux Ange. Demain je serai à tes cotés… «
Cher journal, dans le velours et la touffeur de ce matin qui aurait dû être frileux, saoule de mes délires nocturnes, je rêve encore en me levant somnambuliquement pour me livrer à toi. Le souvenir de ma rêverie s’efface si vite que, le temps de te retrouver, le songe est déjà dissous dans une abstraction brumeuse aux contours nébuleux. Quelque fragment subsiste néanmoins à la surface du vestige sensible de ma nuit. Vertige onirique. Une forme spectrale, floue, presque absente, se tient à distance, semble s’éloigner à mesure que je m’approche. Cependant, je discerne de mieux en mieux son visage ondulant. Le masque change, se défigure en un geste fluide insaisissable, passant d’inconnu à aimé, de familier à Némésis, tourbillon tourmenté, pour enfin se fixer sur un animal totem aux traits familiers quand je suis si proche que je peux l’entendre murmurer de sa voix sourde : – Danse ! Danse encore, et encore. Danse, tu n’as rien d’autre à faire.
J-28
Le compte à rebours est lancé, on est tout excité et impatient, le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime sort dans un mois, le 07 avril 2023, youpi ! Après vous avoir présenté un premier titre éponyme, puis le télescopage Azy Brd, voici un troisième extrait sous la forme d’un double programme : Hinnorz – Chelsea Bridge, avec en invité le magnifique Marc Ducret ♡ aux guitares (12 cordes & électrique). Le standard Chelsea Bridge a été inspiré à Billy Strayhorn par un tableau de J. M. W. Turner représentant… le Battersea Bridge ! (sic) L’introduction (finalement plus longue que le morceau, et encore, on en a coupé 2-3 minutes, on vous épargne un peu !!!) a pour titre Hinoorz, et est inspirée elle aussi par un tableau de J. M. W. Turner, mais celui… du Waterloo Bridge, plus au nord du Chelsea Bridge :)) Le Battersea Bridge étant au sud du Chelsea Bridge, on s’est dit que ça ferait une moyenne ! Au final tout cela se danse à Londres, sur les rives de la Tamise, à l’aube du XIXème siècle, sous un smog épais et velouté, aux sulfureuses fragrances charbonnées. Koff !
Chelsea Bridge I was a stranger in the city Out of town were the people I knew I had that feeling of self-pity What to do, what to do, what to do? The outlook was decidedly blue
But as I walked through the foggy streets alone It turned out to be the luckiest day I’ve known
A foggy day, in London town Had me low, had me down I viewed the morning with much alarm British museum had lost it’s charm
How long I wondered Could this thing last But the age of miracles hadn’t past For, suddenly, I saw you there And through foggy London town The sun was shining everywhere
For, suddenly, I saw you there And through foggy London town The sun was shining everywhere
Everywhere Everywhere Everywhere
Bill Comstock
Pont de Chelsea
J’étais un étranger dans la ville Les gens que je connaissais étaient hors de la ville J’ai eu ce sentiment d’apitoiement sur moi-même Que faire, que faire, que faire ? Les perspectives étaient décidément bleues
Mais alors que je marchais seul dans les rues brumeuses Il s’est avéré que ce jour était le plus chanceux que j’ai connu
Un jour brumeux, dans la ville de Londres M’a déprimé, m’a mis le cafard J’ai regardé le matin avec beaucoup d’inquiétude Le musée britannique avait perdu son charme
Combien de temps je me suis demandé Cette chose pourrait-elle durer Mais l’âge des miracles n’était pas passé Car, tout à coup, je t’ai vu là Et à travers la ville brumeuse de Londres Le soleil brillait partout
Car, tout à coup, je t’ai vu là Et à travers la ville brumeuse de Londres Le soleil brillait partout
Cher journal, je sens que nous sommes attirés collectivement par une énergie sombre. J’ai le sentiment que, sous les aspects d’une vie légère malgré ses contraintes, sous le vernis de notre confort de privilégiés asphyxiés, l’arbre de la décrépitude forme ses racines, alimentées par la sève de nos renoncements. J’ai peur d’assister à la tragédie cosmique, l’expansion universelle de notre inhumanité. Mais cette crainte ne m’empêchera pas de lutter vigoureusement, follement librement, et mes armes seront sans cynisme ni amertume. C’est pleine d’amour, de tendresse et de désirs éternels que je regarderai, sans faillir, sans détourner les yeux, se disperser les résidus stellaires de l’Olympe anéantie.
Second round
On retourne à L’Atelier des Bourdons cette semaine, pour le deuxième mouvement de cettesuite improviséeen public chez les merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal ! Retrouvez le premier mouvement ici, et rendez vous là pour retrouver l’intégralité à venir (c’est carrément un voyage dans le temps, vers une sorte de futur antérieur, balèze, j’adore les hyperliens). Bon, maintenant que tout cela avance, il va falloir trouver un titre à cette folie. Alors à toi de jouer, entre deux pas de danse tu vas trouver le temps de nous suggérer des idées, j’en suis sûr. Écris-nous à cette adresse : jaiuneideepourlenomdevotresuiteimprovisee@gromail.mail, et si ta proposition est retenue on t’offre un an de cours de flamenco à Château-Chinon. Elle est pas belle la vie ?
XIII – Bohémiens en Voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s’est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson ; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L’empire familier des ténèbres futures.
Cher journal. Cher journal, je lis les traces du passé. Je lis les traces du passé dans tes pages. Les traces du passé dans tes pages sont des lignes. Dans tes pages sont des lignes de vie. Des lignes de vie qui me racontent. Qui me raconte à travers toi ? A travers toi je suis vivante, je suis vivante entre les lignes. Entre les lignes, la page blanche… Cher journal, j’écris des traces du passé. J’écris des traces du passé dans tes pages, des lignes de vie que je me raconte entre les lignes, vivante à travers toi, au-delà de la page blanche. Cher journal, je brise tes pages blanches de mes cris, je fragmente ma vie, j’entre dans les lignes du passé qui me racontent en traces, qui me lient à toi, cher journal.
L’esprit de l’arbre
Le nouveau groupe invité cette semaine (après Kino-Sounds le mois dernier), nous est présenté par Matthias. Merci d’accueillir maintenant la formidable formation TbPn ! Ce duo est un rubis à l’éclat miroitant, avec Xavier Camarasa au piano préparé & Matthias Mahler au trombone toujours prêt ! Ils nous proposent aujourd’hui Les Stries de l’Arbre, morceau composé par Xavier Camarasa, tiré de leur deuxième album : Mémoires de formes. Enregistré en 2019 par Jean-Charles Mouchet, l’album est déjà disponible sur Bandcamp, ainsi que le premier disque au titre éponyme TbPn. Ça se danse en cercles excentriques, rotation anti-horaire, à cloche-pied en marche arrière… Accroche-toi aux rhizomes !
Papi dit qu’une souche est un arbre dont la mémoire est à découvert. Celle de son saule l’a attendu au milieu de la petite place jusqu’à ce qu’il ait assez de force pour sortir s’asseoir au soleil et finir de se rétablir. La main de feuilles l’avait soigné et avait fait retomber sa fièvre pour de bon. À présent, la souche l’attendait au milieu de la placette. Papi s’est approché peu à peu. Il croyait voir encore l’ombre de son saule sur le sol et entendre le chuchotement des branches qui se frôlent. Mais le soleil envahissait tout à présent, le soleil et un silence de bois.
(…)
Papi raconte que s’asseoir sur une souche, c’est comme entrer dans l’arbre et voir tout ce qu’il a vu, arrêter le temps pour regarder à l’intérieur de l’arbre, et en nous aussi. Cette souche-là n’était qu’un tabouret pour un enfant de onze ans. Tout ce que cet arbre avait vu se réduisait à cette petite place. Mais soixante ans plus tard, papi se rappelle ce moment comme si c’était hier. Et à présent je me le rappelle pour lui. » Demain ils viennent l’arracher. «
Cher journal, de combien de mues serai-je l’objet ? Le temps agit sur moi en sculpteur aveugle. Je sens ses mains froides modeler mon être en permanence, et régulièrement j’atteins un point de bascule ou aucun retour en arrière n’est envisageable. L’entropie, impitoyable gardienne du passé, veille aux portes de celui qui n’existe plus. Mais la mutation c’est autre chose encore, une transcendance rare, qui se travaille à long terme, et dont on ne réalise son accomplissement que bien longtemps après avoir franchi la frontière éthérée de l’impossible. Ces transformations profondes je les ai ratées, évitées, je suis passée à côté, mais je les ai aussi cherchées, je les ai convoquées, implorées parfois, guettées souvent, fantasmées follement. Aujourd’hui au seuil d’un possible voyage au long cours vers un avenir mystérieusement attendu, je suis prise d’un vertige sidérant. Et voilà, je saigne du nez…
Tonnerre dans l’Yonne.
Retour dans nos annales pour un nouvel l’éphéméride, histoire de se rafraichir la mémoire. Cette semaine nous nous immergeons dans le disque Extension Des Feux, sorti en 2013, avec deux fidèles invités ♡ merveilleux ♡ : Marc Ducret à la guitare & Vincent Peiranià l’accordéon. Enregistré par Philipp Heck & Guillaume Dulac (coucou Guillaume ♡), co-produit par Romain Léo (big up Romain ♡), ce disque est composé de trois suites écrites par Frédéric, découpées en chapitres. Nous vous proposons la deuxième partie d’Orage à Tonnerre. Après le Bal des Faux Frères et leur Back In Black débridé du mois dernier, là encore ça se danse, mais cette fois-ci ce sera nu sous la pluie… Attention, risque de rhume !
5. FOXFIRE : aventures, missions, triomphes
Des années plus tard, devenue adulte, elle se rappellera la perspicacité du commentaire de Rita : quoique vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux soit le but dans lequel vous le fassiez, n’oubliez jamais que sur l’autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l’oubli. Que c’est vous contre l’oubli.
Joyce Carol Oates, Confessions d’un gang de filles, 1993
Cher journal, je traverse l’hiver et la fatigue à la rencontre du désarroi ambiant. De loin en proche, le soleil semble se tenir à l’écart des cœurs et des âmes. Le gel atteint nos artères, éteint nos ardeurs, le vide étreint nos peurs. Certains, réels, subissent, endurent, tentent de résister, souffrent au-delà de la vie. La faim les engourdit, la fin les surprend. Ceux qui sont épargnés habitent des corps immobiles et dévitalisés, sourds, indifférents. Perdus sans balise, aucun espoir dans aucune promesse, l’aridité est leur vérité. Dans cet immense glacier humain désolé, une étincelle, une lueur vacille et se maintient. Je veux la protéger, alimenter le brasier de ce foyer impertinent, afin de voir un jour, ce soir, maintenant, cette flamme d’espoir devenir un immense feu de joie. Je suis une empathe.
Retour vers le futur !
Un mois après un premier titre éponyme, nous revoici plongés dans le prochain disque de Journal Intime & Jérémie Piazza, Playtime, qui sortira le 07 avril 2023. En exclusivité et en avant-première, nous vous présentons Azy Brd – prononcer [azy brd]. Quand nos arrangements s’éloignent d’une pièce originale par détours et raccourcis, on a pris l’habitude d’appeler ça un dérangement ! En voici un exemple typique, ce morceau se situe au carrefour (un jour d’embouteillages) des standardsLady Birdde Tadd Dameron, Lazy Bird de John Coltrane, et du Lover Man de Davis, Ramirez & Sherman. Ça se danse en sautillant, cabrioles autorisées, entrechats recommandés, et si tu filmes : fais tourner…
Ladybird We fit together like two birds of a feather The perfect combination and it couldn’t be better If you just say the word, I’ll leave my lonely world I’ll fly with you, ladybird
Just like a robin in the harbinger of spring I’d have this urge to fly since you’ve given me wings Please don’t you say goodbye, I’ll have to leave the sky Just fly with me, ladybird
Tadd Dameron
Coccinelle
Nous nous emboîtons comme deux oiseaux d’une plume La combinaison parfaite et ça ne pourrait pas être mieux Si tu dis juste un mot, je quitterai mon monde solitaire Je volerai avec toi, coccinelle
Tout comme un rouge-gorge dans le signe avant-coureur du printemps J’aurais cette envie de voler depuis que tu m’as donné des ailes S’il te plaît, ne dis pas au revoir, je vais devoir quitter le ciel Vole juste avec moi, coccinelle