Mis en avant

22 septembre 2023

Cher journal, je te parle d’une autre voix que la mienne. Un autre cri pour la même pensée, un timbre différent avec la même préoccupation, folie pour folie, poésie réciproque. L’altérité nourricière délivre un plaisir analogue. Décrochées de la sphère collective, les idées circulent, transpercent les mediums, trouvent leurs oracles, retournent à l’essaim. C’est un cycle, une volution, et ça alimente l’illusion géniale de l’être. Je te parle de ma voix, qui est tienne.

L’invité de la semaine : STÉPHANE PAYEN – Baldwin En Transit Part 7

Baldwin in Playtime

Le groupe invité aujourd’hui est un peu particulier : il s’agit du dernier projet de Stéphane Payen : Baldwin en Transit, dont le disque tournant autour des sillons creusés par James Baldwin vient juste de sortir. Bien qu’exempt des membres du trio, ce groupe est constitué d’indispensables compagnons de route de Journal Intime : les formidables Stéphane Payen au saxophone alto & composition, Sylvaine Hélary aux flûtes, Marc Ducret aux guitares, et Dominique Pifarély au violon, qui accompagnent Jamika Ajalon, Mike Ladd & Tamara Walcott aux voix & textes. Enregistré, mixé & masterisé par le merveilleux Antonin Rayon, co-produit par l’indispensable Philippe Ochem & Jazzdor. Nous leur laissons la place aujourd’hui et nous les retrouverons sur la scène du Studio de l’Ermitage mercredi prochain (voir infos ci-dessous). Un avant-goût de l’extase qui vous attend !

☆ Concert exceptionnel ce mercredi 27 septembre 2023
Studio de l’Ermitage (Paris) soirée IN’N OUT
☆ sortie des disques Baldwin En Transit & Playtime !!! ☆
Réservations vivement recommandées ici, place limitées !

Baldwin En Transit

Je suis un étranger, j’ai quitté ma terre-mère.
Je me cherche dans le visage de l’autre.


Dans un souffle de mots et de notes échangées, susurrées presque parfois, les protagonistes de Baldwin en Transit déploient leurs ailes pour planer au-dessus et creuser dedans les territoires explorés par James Baldwin en son temps.
C’est une histoire d’amour.

En deux ans de travail depuis sa création en 2021, le projet n’a cessé d’évoluer au gré des rencontres, des cessions jusqu’au moment où tout le monde jugea qu’il était temps d’enregistrer car l’interplay entre les poètes et les musiciens était mature, la parole circulait librement presque sans contrainte sauf celle de construire ensemble.

Le contrepoint qui se dessine au fur et à mesure de l’écoute entremêle les fils tendus par chacun, comme mené par des aiguilles expertes qui se croisent et s’entrecroisent et finalement l’ouvrage apparait dans son entièreté, dans sa singulière beauté.
C’est une histoire de fluidité et d’articulation.

You don’t know what it’s like to be black and a man?
Dans une relation d’altérité, il y a comme un engagement réciproque, une responsabilité de l’un vis-à-vis de l’autre. Ce projet dit de cela, de la découverte d’autrui, de la reconnaissance du visage de l’autre.

Call me Jimmy!

Philippe Ochem (2023)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Baldwin En Transit
Stéphane Payen, 2023
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

15 septembre 2023

Cher journal, je n’ai pas eu trop le temps de t’écrire parce que j’étais en vacances chez mémé. C’était trop bien, mais il a fait un peu chaud quand même. Là c’est la rentrée et j’ai déjà tellement de pages en retard que je ne vais pas pouvoir te raconter tous les fous rires de l’été, les amis retrouvés, les nouveaux rencontrés, tous ces paysages magnifiques au petit matin sur le lac, ces couchers de soleil derrière les montagnes au loin, ces levers de lune aux croissants frais, ces nuits blanches illuminées sous le ciel constellé… C’était trop bien, c’est toujours là, sur une ligne du temps, hors de tes murs, mais c’est encore vivant, ça vibre, ça danse, ça infuse. Mais ne t’inquiète pas, je reviendrai, on se reverra, je ne suis pas loin. C’est la rentrée !

L’avant-première de la semaine : Old Folks

Caresses, murmures, et plus si affinités…

C’est la fin des vacances, on a rangé les pédalos, et on sort le dernier titre du nouvel album de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime, avec le splendide ♡ Sébastien Palis à l’orgue B3. Le standard du jour est une version mille-feuilles de Old Folks, composé par Willard Robison sur des paroles de Dedette Lee Hill. Nous nous sommes amusés à superposer les interprétations de ce thème par Miles Davis (1961), Don Byas (1947) et Chuck Mangione (1961) à la trompette, au saxophone basse et au trombone avant de laisser une folle liberté à l’orgue de Sébastien Palis. Alors ça se danse, entre vieux ami.e.s ou en vieux couples, à la maison de retraite ou au dancing sans claquettes, tendrement, langoureusement, férocement, comme tu veux mais ça se danse !

☆ Et si tu veux guincher ça avec nous, on se retrouve en concert le mercredi 27 septembre 2023 au Studio de l’Ermitage (Paris) pour une soirée IN’N OUT exceptionnelle : on y partagera la scène avec le projet de Stéphane Payen : Baldwin En Transit, et en on fêtera la sortie du disque, ainsi que celle de Playtime !!! ☆ Réservations très fortement recommandées ici, place limitées !

Retrouvez d’autres titres de l’album Playtime en cliquant sur ces liens : un premier titre éponyme tiré du film de Jacques Tati : Playtime, le télescopage Azy Brd, un collage Hinnorz – Chelsea Bridge, une version de What Is This Thing Called Love, une autre de Blame It On My Youth, et une de Give Me The Simple Life.

Old Folks

Everyone knows him as old folks
Like the seasons he comes and he’ll go
Just as free as a bird and as good as his word
That’s why everybody loves him so

Always leaving his spoon in his coffee
Tucks his napkin up under his chin
And his own corn cob pipe,is so mellow, it’s ripe
But you needn’t be ashamed of him

In the evenings after supper
What stories he tells
How he held a speech at Gettysburg for Lincoln that day
You know I know that one so well

Don’t quite understand about Old Folk
Did he fight for the blue or the grey?
For he’s so diplomatic and so democratic
Wе always let him have his way

Every Friday hе’ll go fishing
Way down on Buzzards Lake
But he only hooks a perch or two, a whale got away
So we warm up the steak

Oh, someday there’ll be no more Old Folks
What a lonely old town this would be

Children’s voices at play will be still for a day
The day that they take Old Folks away

Dedette Lee Hill

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Petit jeu : sauras-tu trouver, parmi ces vieux amis, qui sont les plus âgés ?
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

23 juin 2023

Cher journal, le jour nouveau parfois est teinté des attributs de la nuit fraîchement endormie. Mon corps, fatigué par mes errances, distribue ses brûlures comme autant de souvenirs, cendres mémorielles pour celle qui ne su pas choisir son heure ensommeillante. Pourtant, quelle délicieuse sensation de sentir la nuit perler sur mon corps, me laisser envelopper par les ténèbres affamées, dévoreuses des vigueurs et des verdeurs. J’avance à pas cotonneux dans le brouillard de la sorgue, les sens à demi endormis, prolongeant ainsi le plaisir de la journée accomplie. Presque rien ne me retient, un son, une idée, un pas de côté, un pas de l’autre côté… Ce fil si fragile triomphe d’une danse avec ma fatigue, et je finis par me coucher, toujours. Mais c’est pour mieux sortir ce soir !

L’éphéméride de la semaine : Le Verbier

Élevons nos vers à votre santé.

Pour l’éphéméride de cette semaine, nous vous proposons Le Verbier d’André Minvielle & Marc Perrone, sorti en 2016. Cette chanson est issu de l’album d’André Minvielle ♡ au titre polysémique « 1 time » qui se prononce « Intime » et « One Time« , sur lequel nous avons eu l’honneur de croiser les magnifiques Juliette Minvielle (chant & piano), Fernand ‘Nino’ Ferrer (basse), Illyes Ferfera (saxophone), Sylvain Marc (guitare), Georges Baux (claviers), Abdel Sefsaf (chant & programmation) & Bernard Lubat (piano électrique). L’aventure entamée il y a bien longtemps avec André Minvielle est passionnante, et c’est avec une joie immense que nous le retrouverons cet été au festival Uzeste Musical. Nous y jouerons notre nouveau disque Playtime avec Jérémie Piazza bien sûr, et l’incroyable François Corneloup au saxophone le mardi 15 aout 2023. Et donc également des impromptus, des amusements, improvisations, bœufs et autres surprises, avec notre André Minvielle adoré ! A noter que nous sommes également présents sur son superbe dernier disque en date, Ti’Bal Tribal, et que c’est un honneur autant qu’une immense joie. Un disque qui groove comme ça, c’est pas bien compliqué : tu l’écoutes, tu danses, bim !

Le Verbier

Ver de belle vertu
Il travaille
C’est l’hiver en terre
Un petit ver solitaire
Oui, la belle vertu
Histoire de nous faire de l’air sous la terre.

Ver de belle vertu
Fait l’humus
Des traces de vie
Des petits vers solidaires
Ver de belle vertu
Histoire de nous fertiliser la terre.

Un ver moulu
Deux vers mi-sots,
Trois vertigos
Dix vers devins
Deux vers de lui, trois vers d’elle
Un ver luisant de nuit,
Un ver est very sentinelle..

Des vers mi-grands
Des vers mi-sel, des vers classiques
Des lombics : l’épigé
L’endogé, l’anécique
Des vers à pied, libres de circuler comme l’air

Ver en veux tu, ver en voilà, ver et tout vit, ver et tout va
Levez vos verres aux vers en vie virez l’envers l’ivresse en bas…

Si vos vers sont versatiles
Au ver mi’fugue c’est qu’la vie s’est fait virer
Car si les vers n’y sont pas
Il y a « verticide », en bas
Laissons-là sa part au ver
Cultivez les verbiers
Et la terre saura faire
Quai des vertus salutaires
De nous des locataires.
Terre en vers !

Marc Perrone & André Minvielle

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

1 TIME
André Minvielle, 2016
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

16 juin 2023

Cher journal, la nuit de son velours ardent vient clore le chapitre de ce jour. J’ai toujours un pincement à ce moment où il faut renoncer, se résigner. C’est la perspective d’une nouvelle aube éphémère qui finit par me réjouir et me fait lâcher prise. La promesse que le sable demain accueillera nos traces à nouveau est une caresse. Peu importe que celles d’hier aient disparu si inexorablement, le temps esquisse sa danse autour de nos ombres. Un sillage apparait en filigrane, et c’est heureux : les rides impriment le reflet de nos passions tant que nous serons. Je suis.

L’inédit de la semaine : Quasi andante senza due mandolini

Bis !

En janvier dernier nous avons eu l’immense honneur d’être invités par les merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal à l’Atelier des Bourdons pour y faire un concert en trio. Nous avions carte blanche, alors nous proposâmes de faire un concert entièrement improvisé, de l’enregistrer et de lui donner une deuxième vie ici même sous forme d’une Suite en quatre mouvements. Retrouvez l’intégrale ici ! Nous étions tellement bien en compagnie de ce public chaleureux que nous cédâmes à la tentation du rappel :)) Le voici donc restitué ici pour vous, une dernière danse qui fait écho à un certain concerto de Vivaldi que nous chérissons particulièrement. Comme une caresse dans un gant de crin. Oui, on aime ça comme ça, les caresses.

Le Gardien

Ne commencez-vous pas à comprendre ? Ce qui est à l’origine de la vénération du Docteur pour les objets, ce sont les particules d’histoire, uniques et inaltérées, qui se trouvent à l’intérieur de chacun d’eux, du plus humble trombone, ou du rond de sous-tasse en papier, au plus rare et irremplaçable des trésors. Le dernier espoir de l’histoire repose ici, dans ces ennemis du temps, muets, non-nés et non-morts. Sans eux, sans cet endroit où les garder et les soigner comme ils le méritent, nous nous retrouverions tous orphelins d’un interminable présent, sans un passé assez solide auquel nous accrocher, et sans l’illusion d’un futur devant nous. 

(…)

Où d’autre pensez-vous que réside l’histoire ? Pensez-vous vraiment que ce soit dans quelque chose d’aussi éphémère que les mots ? Croyez-vous vraiment les récits dont on nous a rempli la tête, ces vérités déformées, ces mensonges inventés dans l’effort futile d’imposer, au hasard, un schéma rassurant par l’assemblage d’éléments disparates en une arbitraire chaîne chronologique de causes et de conséquences ? Réveillez-vous, bon sang ! Regardez autour de vous. Êtes-vous aveugles ? Ne voyez-vous pas ce que cet homme a bâti ? Ne sentez-vous pas le pouvoir qui émane des choses qui se trouvent exposées ici – oui, en partie à cause du simple fait que, malgré leur envahissante obsolescence, elles menacent de durer et de nous survivre à tous, carcasses grouillantes de ce qui fut et qui n’est plus, mais aussi à cause de la terrible attraction qu’elles exercent les unes sur les autres. Ne la sentez-vous pas ? Ne sentez-vous pas à quel point le marteau a désespérément besoin du clou, à quel point la gravure se fige elle-même autour des contours de son cadre, ne sentez-vous pas ce magnétisme si puissant que vous pourriez facilement vous retrouver victime imprévue de sa lame de fond ?

Doon Arbus
, The Caretaker (2020)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Three female impersonators
Diane Arbus, 1962
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

02 juin 2023

Cher journal, je me suis réveillée dans mon rêve cette nuit. Je veux dire par là que je rêvais de mon réveil, mais sans en avoir pleinement conscience. Plus exactement, j’avais conscience d’avoir rêvé, et je me sentais imprégnée de ce songe, comme on peut l’être au matin, quand la nuit nous habite plus qu’on ne le souhaiterait, que la journée commence en demi-teinte, sise entre l’onirique et le réel, les sensations anesthésiées, l’esprit dans le brouillard et les pensées dans l’intermonde psychédélique de nos inconscients. Mais j’étais persuadée d’être dans l’éveil, au cœur de la réalité, et je t’écrivais ici même ce rêve étonnant ! Les fleurs avaient l’odeur de fleurs, les tomates le goût des tomates, et les voitures faisaient le bruit des voitures, c’était simplement la vie, la vraie. Je te passe les détails – ils étaient flous de toute façon, comme toujours dans ces situations – néanmoins les impressions étaient claires : un bonheur simple, diffus, enveloppant et rassurant, un phantasme de bienveillance absolue, une folle douceur du temps. C’est seulement à mon réveil ce matin que je compris que tout ceci n’était qu’un rêve… Car je suis réveillée là… Non ?…

L’avant-première de la semaine : Give Me The Simple Life

Un standard de la décroissance !

Avant-dernière pré-publication du nouvel album de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime aujourd’hui ! Voici le standard de Harry Ruby, arrangé par Matthias : Give Me The Simple Life. Tout un programme, jugez donc : manger des tomates et de la purée de pomme de terre plutôt que du faisan, habiter une bicoque plutôt qu’un palais, et y accéder par les nationales en évitant les péages d’autoroute… Ça peut sembler ringard et miteux, selon les dires de l’auteur, mais c’est ça la vie simple ! Ça se danse sûrement aussi simplement que ça : avec les jambes a priori, les pieds au sol assurément. Facile ? Vazy, févoir !

Retrouvez d’autres titres de l’album en cliquant sur ces liens : un premier titre éponyme tiré du film de Jacques Tati : Playtime, le télescopage Azy Brd, un collage Hinnorz – Chelsea Bridge, une version de What Is This Thing Called Love, et une autre de Blame It On My Youth.

Give Me The Simple Life

I don’t believe in frettin’ or grievin’
Why mess around with strife?
I never was cut out to step and strut out
Give me the simple life

Some find it pleasant dining on pheasant
Those things roll off my knife
Just serve me tomatoes and mashed potatoes
Give me the simple life

A cottage small is all I’m after
Not one that’s spacious and wide
A home that’s full of joy and laughter
And the ones you love inside


Some like the high road, I’ll take the low road
Free from the grief and strife
Sounds corny and seedy, but, yes, indeedy
Give me the simple life

I never was cut out to step and strut out
Give me the simple life
Just serve me tomatoes and mashed potatoes
Give me the simple life

A cottage small is all I’m after
Not one that’s spacious and wide
A home that’s full of joy and laughter
The ones you love inside

Like the high road, you take the low road
Free from the grief and strife
Sounds corny and seedy, but, yes, indeedy
Give me the simple life

Harry Ruby

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Wake Up And Dream
Anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

19 mai 2023

Cher journal, écrire est une nécessité, c’est connu. Ressentir ce besoin est bien étrange, et particulièrement saisissant. Être habitée par cet élan est une faveur délicieuse à la saveur impérieuse. Savoir des amies envoutées par cette fièvre créatrice est tout simplement fantastique, et les voir s’élancer dans la folie de leur for intérieur pour affronter le chaos impensable de leurs entrailles neuronales est un extrême privilège. Les perceptions des autres importent peu et mal, seule l’intégrité compte dans cette affaire. Que les regards soient bienveillants, que les écoutes soit attentives, et que les cœurs soit ouverts aux passions, je crois bien que cela suffira.

L’invité de la semaine : KINO-SOUNDS – A Single Melody From The 6Th Symphony

Futur antérieur

Accueillons à nouveau le groupe Kino-Sounds pour un troisième titre inédit du disque qui sortira le 30 juin prochain. Il s’agit aujourd’hui de A Single Melody From The 6Th Symphony. Comme son nom l’indique, cette composition de Rémi Dumoulin est basée sur un thème de la 6ème Symphonie, Opus 111, de Sergei Prokofiev, créée en 1947. Nous retrouvons les magnifiques Didier Havet au sousaphone, Cedrick Bec à la batterie, Matthieu Metzger au saxophone baryton, Rémi Dumoulin à la clarinette & Sylvain Bardiau au bugle, ainsi qu’un invité merveilleux : Paul Brousseau au Fender Rhodes. Encore une mélodie qui se danse langoureusement entre amoureuses, en amoureux, rien que pour vous, parce qu’on vous aime ♡

☆ Viens fêter la sortie du disque Playtime avec Journal Intime & Jérémie Piazza mardi 23 mai à La Filature de Bazancourt, et mercredi 24 mai au Jazzus Club du Shed à Reims. Champagne ! ☆

La voix d’une prisonnière russe

Honte à la lyre hypocrite dont les cordes flatteuses remplissaient d’arpèges les salons des Versailles ! Honte aux incantations de la nymphe perfide qui du chaos des siècles évoquait les ténèbres ! Honte aux libres poètes qui devant l’étranger font sonner les anneaux de leur chaînes librement mises! L’esclavage est ignoble d’autant plus qu’il est libre. Honte à vous, comédiens, qui des lèvres sacrilèges prononciez le grand nom de Molière qui jadis de son rire mordant rongeait l’affreux colosse érigé pour la France par le feu Roi-Soleil. Le fantôme de ce Roi, si pâle à la veille, a rougi de joie à l’accent de vos chants dans la ville de Paris, cette ville régicide dont chaque pierre dit : à bas la tyrannie ! Malheur aux vieilles villes dont les pierres moisies, les lanternes rouillées et les places étroites sont de grands orateurs et ne savent pas se taire…

(…)

Grands poètes, grands artistes ! Quel sera votre beau masque couvrant vos faces célèbres pendant ces grandes fêtes ? Quel sera le costume, de quel siècle, de quel style, qui fera votre gloire dans ces « folles journées » ? Quant à nous, si obscures, inconnus maintenant que les grands de ce monde ne daignent pas nous voir, nous irons tous sans masque dans ces jours effrayants, car les masques de fer ne peuvent pas être changés en velours hypocrites.

(…)

Vivez en paix, confrères, ornés de vos grands noms ! Et toi, Muse française, pardonne à la chanteuse, esclave privée de nom ! Je t’ai moins profané dans ma prose indigente que tes libres amis dans leurs beaux vers dorés !

La prisonnière

Lessia Oukraïnka (1895)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Banduriste cosaque
Taras Chevtchenko, 1843
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

12 mai 2023

Cher journal, collée à la terrasse d’un café, j’observe les curieux. Je m’amuse d’un zoomorphisme, je leur invente des vies, des destinations, des berceaux, je questionne leurs habits, j’improvise leurs habitudes. Ces divagations, tout en me détendant, me renvoient à mon propre personnage et à sa banalité. A mon altérité si quelconque, mon histoire fade et mes désirs désenchantés. Alors je fais un va-et-vient entre toutes ces existences supposées et la mienne, effaçant progressivement les frontières communes de la réalité et du fantasme, pour finalement me créer une nouvelle fable, bribe chimérique, qui viendra nourrir le réel de sa fraîcheur fantaisiste. En gros, je ne cesse de passer du coq à l’âme.

L’éphéméride de la semaine : L’Autre Bulle

Poule qui danse agace les champs…

L’éphéméride du jour c’est L’autre Bulle, une pièce écrite par Frédéric. Ce titre est issu du premier disque éponyme de Journal Intime. Enregistré & mixé en 2008 par Guillaume Dulac ♡, masterisé par Julien Pérraudeau ♡. Le visuel de ce disque est une création de Jérôme Galvin ♡, autour d’une photo de Lucile Lamiral ♡. Merci à vous toustes, c’était une première grande aventure à la base de cette longue odyssée qu’est la vie du groupe, et vous étiez là dès le début, c’est magnifique ! Alors nous, cette musique nous fait penser à des volailles dansantes et sautillantes, des petites poules bien vénères qui cherchent à boire un ver frelaté. Et toi, ça te fait danser comment ?

☆ Si tu passes ce weekend dans le coin, ou même si tu viens de loin, on se retrouve samedi 13 mai à 11h à Coutances, festival Jazz Sous Les Pommiers, pour une séance familiale du spectacle Le Livre De La Jungle. Viens ! ☆

Qu’y a-t-il d’autre à manger ? Eh bien, il n’y a plus de hamburgers. Les vaches prennent trop de place. On élève encore, ici et là, quelques poulets et quelques lapins qui se multiplient vite et qui sont de petite taille. Il y a aussi, bien sûr, aux étages inférieurs, des rats, mais il vous faut les attraper. Imaginez-vous la terre sous la forme d’un navire du XVIIIème siècle, rempli de passagers clandestins, mais sans aucune destination. Et puis, inutile de le préciser, il n’y a plus de poissons. Impossible d’en trouver un seul dans cette eau sale qui clapote en bordure des océans et au travers des ruines de ce qui fut New-York. Si vous disposez de beaucoup d’argent, vous pouvez y faire de la pêche sous-marine pendant vos vacances. Emprunter le sas. Plonger dans le romantisme d’un âge révolu. Mais c’est un mauvais vent qui ne fait de bien à personne. Il n’y a plus de crimes dans les rues. C’est un progrès, voyez-le comme ça.

Margaret Atwood, La petite poule rouge vide son cœur (2018)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

JOURNAL INTIME
Jérôme Galvin, d’après Lucile Lamiral, 2008
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

05 mai 2023

Cher journal, je fuis en vacances au bord de la montagne. On se retrouve la semaine prochaine pour que je te raconte mes désaventures, mes grasses siestes et courtes matinées, les rencontres chaleureuses et plus sous affinités, les agapes arrosées au jus de l’amitié. On verra si je peux renouer avec ma jeunesse évanouie, loin des nuits blanches, du vacarme des faubourgs, et revenir dans la fureur avec l’énergie de mes printemps sacrifiés. Et si j’ai bronzé aussi.

L’avant-première de la semaine : Blame It On My Youth

Ô jeunesse et demi…

Nous continuons cette semaine le pré-publication de l’album de Journal Intime & Jérémie Piazza : Playtime ! (qui est désormais disponible un peu partout, en physique et en numérique – n’hésitez pas à faire passez le mot, merci 😉 avec un arrangement par Frédéric du standard Blame It On My Youth composée par Oscar Levant et Edward Heyman. Vous pouvez également retrouver d’autres titres de l’album en cliquant sur ces liens : un premier titre éponyme, le télescopage Azy Brd, un collage Hinnorz – Chelsea Bridge et une version de What Is This Thing Called Love. Si vous voulez écouter tout ça en concert, il faudra venir au Shed à Reims, chez nos amies de Jazzus, le 24 mai prochain, on en profitera pour fêter la sortie de ce disque. Et pour danser comme des jeunes bien sûr !

Blame It On My Youth

If I expected love when first we kissed,
Blame it on my youth.
If only for you I did exist,
Blame it on my youth.

I believed in everything,
Like a child of three;
You meant more than anything,
All the world to me!

If you were on my mind all night and day,
Blame it on my youth.
If I forgot to eat and sleep and pray,
Blame it on my youth.

If I cried a little bit
When first I learned the truth,
Don’t blame it on my heart,
Blame it on my youth.

Edward Heyman

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Don’t Blame The Amazing Youth
Anonyme inédit, XXIème siècle
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

27 avril 2023

Cher journal, le soleil cet après-midi me caressait lascivement les pommettes de ses rayons de velours. Quel plaisir cette douceur. L’étreinte solaire me fait toujours plus d’effet chaque jour, le miel de son baiser se bonifie aux crépuscules. Son absence hivernale renforce le délice de nos retrouvailles, et mon cœur s’embrase à la perspective des nos futures embrassades. Les jours absents sont harmonieusement tristesse et promesse, interstices de solitude. Je vis mécaniquement ces journées sans soleil, étrangement habitée de renoncements et d’espoirs. Quand enfin les nuages s’estompent, que tu éventres l’azur de tes flux ardents, c’est tout mon corps qui vibre de tes saillies, et, face à toi, nue et offerte, je m’abandonne à ta nature incandescente dans une extase stellaire. Amie, tu es mon soleil.

L’inédit de la semaine : 4ème mouvement

Danse finale

Nous voici aujourd’hui au 4ème et dernier mouvement de notre suite improvisée à l’Atelier des Bourdons. Un immense merci aux merveilleuses Marie-Christine Mazzola & Gaël Ascal pour nous avoir offert ce moment de création et de liberté, en toute amitié. Cette suite vous est intégralement dédiée les amies ! Merci également au public présent ce soir là, c’est vous, votre accueil bienveillant et votre écoute attentive, qui avez provoqué toute cette musique. Retrouvez le premier mouvement ici, le deuxième mouvement, le troisième mouvement de ce côté-ci, et l’intégrale ici-là. Petit détail : on n’a toujours pas de titre à vous proposer pour cette suite, on vous laisse encore une chance de nous aider, alors lâchez-vous une dernière fois à cette adresse : tienslevoicitontitrepourtasuitetunouslaissetranquilemaintenant@gromail.mail. Ne réfléchis pas trop non plus, après tout : si tu danses sur une musique sans titre, est-ce que ça change tes pas sur la piste ? Vous avez trois heures…

La lumière du soleil lui flattait les pieds de ses longs rubans. Les arbres s’agitaient, gesticulaient. Nous accueillons, semblait dire le monde ; nous acceptons, nous créons. Beauté, semblait dire le monde. Et comme pour le prouver (scientifiquement) de tout ce qu’il regardait, maisons, grilles, les antilopes qui tendaient le cou au-dessus des palissades, la beauté jaillissait immédiatement. Regarder une feuille frémir sous le souffle de l’air était une joie exquise. Haut dans le ciel, des hirondelles fondaient, viraient, se lançaient de tous côtés, tournaient en rond et encore en rond avec pourtant une maîtrise toujours parfaite comme si elles étaient retenues au bout d’élastiques ; et les mouches qui montaient et retombaient ; et le soleil qui désignait tantôt une feuille tantôt une autre, par moquerie, l’éblouissant d’or pâle par simple bonne humeur ; et parfois un carillon (c’était peut-être une voiture qui cornait) venait tinter divinement sur les brins d’herbe — tout cela, calme et raisonnable pour ainsi dire, formé finalement de choses ordinaires, était désormais la vérité ; la beauté était désormais la vérité. La beauté était partout.

Virginia Woolf
, Mrs Dalloway (1925)

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

Abstract Painting
Vanessa Bell, 1914
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.

21 avril 2023

Cher journal, je vole… Je VOLE !!! Furieusement sauvage, je virevolte, je suis aérienne, saltos, pirouettes, doubles-cabrioles, mes ailes me poussent au firmament de l’extase. J’esquisse, loin des spectres effrayés, des cercles de passions et d’amour. Un écho du futur me transperce le cœur et m’emplit de vigueur. L’espoir en moi est si grand que l’action ne me fait pas peur. Je ne suis pas seule, je suis multitude, je suis foule divine, Essaim & Nuée sublimes, quantité incommensurable, je suis une pure distillation de l’infinie empathie collective qui nous habite. Je viens d’un age prochain qui comprend enfin les forces tendres du présent révolu, la bienveillance commune, cachée par la foret de l’arbitraire et de l’insensible. Joie : demain sera juste, aujourd’hui sera réparé. Je suis un rêve.

L’invité de la semaine : WILDMIMI – On This Huge Square

Mimi sauvage pour toujours

Wildmimi est un invité spécial aujourd’hui puisque c’est tout le trio – Frédéric, Matthias & Sylvain – qui joue avec lui, après avoir déjà œuvré sur le magnifique album Rêves et Phantasmes d’une Chaussure Ordinaire sorti en 2011, toujours disponible dans les meilleures crèmeries. Wildmimi c’est l’extraordinaire Rémi Sciuto ♡ : chant, saxophones, flutes, clarinettes, claviers, composition, arrangements, textes & production, et bien plus encore ! Sur le titre du jour, la prodigieuse épopée fantastique On This Huge Square, il est entouré de Fred Pallem à la basse, Vincent Taeger à la batterie & à la réalisation, et Antonin Rayon aux claviers. C’est Etienne Meunier qui a enregistré, Bertrand Fresel qui a mixé, et Chab qui a masterisé ce nouveau disque merveilleux intitulé La Révolte des Couverts, que vous pouvez trouver ici. C’est parti pour le 7ème ciel en compagnie de l’ami Rémi. Si tu sais pas voler, bah t’as qu’à danser, c’est pareil ou presque, c’est aussi libre et pas si compliqué, détends-toi, Wildmimi est là…

Un long chemin vers la liberté

Avec l’émergence du capitalisme et des idéologies associées au néolibéralisme, il est devenu particulièrement important de mesurer les dangers de l’individualisme. Les luttes progressistes – qu’elles se concentrent sur le racisme , la répression policière, la pauvreté ou d’autres problématiques – sont vouées à l’échec sir elles ne dénoncent pas la mise en avant insidieuse de l’individualisme capitaliste. Même si Nelson Mandela a toujours dit que son œuvre était le fruit d’un travail collectif qu’il fallait mettre au crédit des hommes et des femmes qui luttaient à ses cotés, les médias ont tout fait pour le sacraliser et le présenter comme un héros. On a cherché, par un processus analogue, à dissocier Martin Luther King du grand nombre de femmes et d’hommes qui constituaient le cœur du mouvement pour les droits civiques. Il est essentiel de s’opposer à cette représentation de l’histoire qui se focalise sur l’action de quelques figures isolées : c’est la condition pour qu’on puisse prendre conscience aujourd’hui de notre propre force au sein d’une communauté de lutte toujours plus large.

Angela Davis
, Une lutte sans trêve, 2016

Gros bisous,
Frédéric, Matthias & Sylvain.

LA RÉVOLTE DES COUVERTS
Wildmimi, 2019
ENORME merci aux Tipeuses/eurs de cette semaine :
Marionette & ses moutons, Anouck & Nicolas, Odile & Christian, Gilles & Dominique, Claude & Cédric, Didier, Kali, Céline & José, Geneviève & Laurent, Lydie & Jean-Georges, Anne & François, Catherine & Daniel, Anne-Laure, Maarite & Charles, Jeanloulou, Anja, Estelle & Antoine, Nathalie & Fabien, Sufei, Isabelle & Olivier.